Comme un coquelicot rayonnant sur sa tige
Éclabousse de rouge en juin le champ de blé,
Un caprice alouvi macule un coeur troublé
Parfois soudainement, l'éclairant d'un prodige.
Il fait naître un désir, une faim de vertige
Et, défricheur soigneux d'un terrain déserté,
Il ruine, en enflammant le corps infréquenté,
De tout regret fané les désolants vestiges.
Alors sur ce brulis, la chimère et la main
Cultivent quelques fleurs sèches le lendemain,
Éphémères bonheurs dont la beauté s'étale :
La pivoine au visage, incarnadine, éclot,
L'iris blanc sur sa hampe écarte un long pétale
Ou le pavot répand son nectar dans un flot.
Le coquelicot symbolise l'adolescence, la pivoine, l'iris la femme mûre, et le pavot la tisane de l'oubli ou d'un soir, loin de la Carte du Tendre.
Car vestige et ruine veillent. Donc, le regret.
Dans ces vers courent pourtant les couleurs violentes de la vie du sang et d'un drap blanc donc un linceul implicite. Qui est mort dans cette douce campagne ? Un homme ? Un soldat ?
C'est sans doute la tentative métonymique d'un regret amoureux, fané, qui revit un instant, et meurt une seconde fois.
(Ebauche d'analyse ; j'espère que vous me pardonnerez mes approximations ; j'ai un peu perdu la main en stylistique poétique.)
Monsieur BranquignolDim 19 Nov - 21:54