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Le chant d'Isaby

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11092024
Le chant d'Isaby

La brise essaime un léger chuchotis
Entre les joncs courbés sur l’ombre humide
Où les plumets trempent leurs frisottis.

Ce soir d’été, la berceuse liquide
Emplit l’espace ; un doux bruissement
Suit le froufrou de mon geste intrépide.

Mes dessous chus dans un frémissement
Sur le rebord moussu de l’onde claire,
Le ciel se fait complice du moment.

J’avance un pied… l’embrun crépusculaire
Suit le grain nu de mon ventre fiévreux ;
Le froid mouillé n’est pas pour me déplaire.

Cheveux défaits, je glisse vers le creux
Tourbillonnant de la rivière ardente ;
Ma peau rosit d’un plaisir savoureux.

Aller plus loin… la folie est tentante ;
Les reins cambrés, je m’offre aux clapotis
Du flot gourmand comme s’offre une amante ;

La brise essaime un léger chuchotis.





***La forme "terza-rima" n’a pas de mètre imposé mais s’écrit le plus souvent en décasyllabes, hendécasyllabes et /ou alexandrins. Le premier vers rime avec le troisième, le second avec le quatrième et le sixième, le cinquième avec le septième et le neuvième sauf la première et la dernière, chaque rime est reprise trois fois. Typographiquement, le texte est disposé en groupes de trois vers séparés par des blancs, le dernier vers restant isolé.


Dernière édition par Cristale le Dim 22 Sep - 7:46, édité 1 fois

Salima Salam, DédéModé et Jihelka aiment ce message

Commentaires

Jihelka
Chez les bastringos
Revient prendre place,
Du vers classicos
Crystale pas lasse...

Salima Salam et Cristale aiment ce message

Cristale
"Crystale pas lasse."  music07j
DédéModé
La première et la dernière rime ne font qu'une, de 4 occurrences !
C'est fâcheux, cette répétition ! Je me demande bien comment elle a pu vous échapper !
... Et on a rarement entendu un lourd chuchotis !... Dommage, la faiblesse de ce vers, vu sa place !
Quand l'ombre bave aux bois comme un mufle de vache

Cristale aime ce message

DédéModé
Je trouve la deuxième partie (entrée dans l'eau), par sa sensualité exacerbée, extrêmement évocatrice et magistralement exprimée, de qualité supérieure. Vous me direz que c'est normal puisqu'elle l'est : chaque vers en est une pièce d'orfaverie – excepté le dernier, hélas !

Je trouve aussi que « le vrai mètre héroïque » va comme un gant à la scène, cadencée dirait-on pour le décasyllabe, avec ses hémistiches inégaux... Ne serait-il pas aussi le vrai mètre érotique ?

MAIS j'aimerais, Madame, parmi vos vers par trop parfaits, trouver encore, ne serait-ce que de temps à autre, quelque fantaisie dans le genre des glaïeuls du Dormeur, qui nous ramènent en plein drame à l'esprit d'enfance et de légèreté de son Auteur...

Cristale aime ce message

Cristale
Merci pour vos observations, je n'en attendais pas moins d'un commentaire étayé.
Effectivement je pèche par excès avec cette occurence de 4 rimes en m'écartant quelque peu de la sacro-sainte règle avec la reprise du premier vers en vers final pour boucler la boucle. Une fantaisie de ma part comme cela m'arrive parfois.
Par contre "bercent", et "berceuse" au vers suivant, j'aurais pu, dû l'éviter. 
"Le décasyllabe, le vrai mètre érotique"... Excellent !  C'est vous le vrai maître héroïque, dirais-je ^^

" j'aimerais, Madame, parmi vos vers par trop parfaits, trouver encore, ne serait-ce que de temps à autre, quelque fantaisie dans le genre des glaïeuls du Dormeur, qui nous ramènent en plein drame à l'esprit d'enfance et de légèreté de son Auteur..."
J'essaie de comprendre le message  scratch


Dernière édition par Cristale le Lun 16 Sep - 12:59, édité 1 fois
DédéModé
Le Dormeur du val, où les glaïeuls n'ont rien à faire (puisque cette plante horticole ne pousse pas dans les bois) : fantaisie hors de propos d'un auteur facétieux, et qui pourtant s'insère. Ah ! je reconnais que la manœuvre est délicate, mais le risque fait partie de la vie, Madame ! Osez ! osez donc !

Cristale aime ce message

Cristale
Ah oui ! Je comprends maintenant ! Je n'avais pas encore assimilé la caféine de mon chocolat...
Salima Salam
Je ne comprends pas la problème du dernier vers. Est-ce seulement qu'il n'aurait pas dû être une répétition du premier ? Et avec quoi doit-il rimer, en temps normal ? Il faudra bien avoir 4 occurrences d'une rime à un endroit ou un autre. A moins de mettre un vers solitaire qui ne rime à rien ???
Cristale
La terza-rima, comme son nom l'indique, doit être constuite sur 3 rimes. Sauf le premier tercet dont les rimes 1 et 3  servent de socle de départ. 

Chaque 2ème rime de chaque tercet est reprise au 1er et 3ème vers du tercet suivant et ainsi de suite. Le dernier vers isolé doit rimer avec la rime centrale du tercet qui le précède.

ABA - BCB - CDC - DED - EFE - F
Chaque rime est reproduite 3 fois sauf la rime A encadrante qui ne l'est que 2 fois par obligation et la rime F du dernier tercet reprise pour le vers solitaire ^^

Dédé a pointé du doigt le fait que j'ai repris au vers isolé le 1er vers, donc sa rime A et que pour cela j'ai dû, au dernier tercet, utiliser en rime centrale cette rime A afin d'obtenir l'écho nécessaire à mon vers final.
Ce qui au total donne cette occurence de 4 rimes A comme ceci :

ABA - BCB - CDC - DED - EAE - A
(donc 4 occurences A)
Ce qui n'est pas du tout en usage dans la terza-rima. J'ai simplement et volontairement, comme cela m'arrive souvent, dérogé à la sacro-sainte règle établie pour donner un effet de tourbillon qui se referme sur la Naïade. Un caprice personnel en somme.

Voilà Salima, j'espère vous trouverez une réponse à vos questions. Débutante en poésie je me contente de triturer et torturer quelques malheureux vers, je ne suis pas une spécialiste en explications techniques ^^.

Salima Salam aime ce message

Salima Salam
Merci Cristale, j'ai compris maintenant. Alors ? Vous faites quoi ? Réécrire ??? Faites donc passer votre vers médaillé pour une tige de glaïeuls, et Dédé en sera enchanté.

Cristale aime ce message

Cristale
Ah mais non chère Salima ! J'ai écrit de cette façon volontairement, il n'est pas question que je change quoi que ce soit. 
Je peux, si je le désire, trafiquer les règles de quelques formes poétiques classiques que ce soit si tel est mon bon plaisir ^^
Il faudra que Mr Dédé s'adapte à mes fantaisies et supporte de voir ces glaïeuls incongrus plantés sous mes pieds vu qu'il aime l'originalité, ce dont je lui sais gré ^^.

Salima Salam aime ce message

Salima Salam
Naturellement, Cristale, je m'en doutais un peu.

Vous me diriez, par hasard, comment vous procédez en poésie ? Vous vous asseyez à un bureau ? Vous allez vous promener dans la nature ? Vous consultez des encyclopédie ? Vous raturez beaucoup ? Papier-crayon ou clavier ?
Cristale
Mon inspiration vient souvent lors d'une randonnée, d'une balade dans la nature. Les images réelles entraînent des songes éveillés que je gribouille en vers sur un petit carnet ou que j'enregistre vocalement sur mon téléphone. Ensuite j'utilise mon ordinateur pour mettre le film mental en forme, soit à mon bureau, soit sur mon lit le soir, ou la nuit. Il m'arrive souvent aussi d'avoir un thème en tête à n'importe quel moment du jour ou de la nuit, j'utilise donc mon clavier pour débuter et dérouler mon histoire. Attachée à ce que l'on nomme versification régulière, dans le respect des règles strictes, je travaille sur mes textes relativement longtemps, pour allier fond et forme, sachant que pour moi le fond est l'élément principal présent et précis depuis la première étincelle de l'idée, la forme vient concomitamment en tant que support et cadre du récit. Cela se traduit en mois, passant parfois plusieurs semaines sur un seul vers qui ne me satisfait pas, y consacrant quelques minutes ou quelques heures quand je me sens prête. Donc oui je rature beaucoup, j'utilise des marqueurs couleurs pour les points à revoir ou corriger. Je ne me presse jamais pour finaliser et décide du titre à une fois le poème terminé.
Voilà Salima, merci de votre intérêt pour ma façon d'écrire.

Salima Salam aime ce message

Salima Salam
Merci. C'est très intéressant. J'ai l'impression de vous voir. Le résultat est assurément à la hauteur du temps que vous y consacrez. Gardez-vous toutes vos versions ? Si oui, et au cas où le conseil de Dédé, concernant vos vers si parfaits qui manquent parfois d'une touche de spontanéité, vous semble pertinent, vous pourriez parfois envisager de réintégrer dans le résultat final une de vos premières ébauches, qui n'aurait pas encore été lissée sur le métier. 

La question du titre est amusante, chez moi, il s'impose en général sans réflexion particulière pendant l'écriture, d'une façon si évidente que je ne peux plus en démordre. Mais il m'est arrivé de rester en rade une fois, et de chercher désespérément, et ne rien trouver pendant deux ou trois mois. C'en était ridicule. 

Merci encore.
Cristale
envisager de réintégrer dans le résultat final une de vos premières ébauches, qui n'aurait pas encore été lissée sur le métier.


Oui je garde quasiment toutes les ébauches au fur et à mesure de l'écriture d'un poème. Mais ce serait comme dévoiler un peu de mon intimité que de les exposer à la suite de la publication du modèle (presque) abouti ou considéré comme tel.
Votre suggestion est amusante. Je veux bien y répondre et vous envoyer l'ébauche de "Isaby" mais de façon privée.

... concernant vos vers si parfaits qui manquent parfois d'une touche de spontanéité... 


Sur ce point je répondrais que les vrais poètes, (moi je suis juste apprentie) ceux dont les oeuvres et le nom ont traversé les siècles, ne livraient pas des écrits aux vers tracés de façon spontanée. Non, ils travaillaient beaucoup sur chaque mot, chaque vers, chaque rime. Si l'idée, nommée inspiration, vient de façon spontanée, c'est le travail qui donne l'éclat à un poème. Peaufiner un vers c'est comme tailler une pierre opaque, la ciseler, la polir pour rendre son éclat au diamant.
Il faut savoir si l'on se satisfait d'un brouillon ou d'un poème respectable.
Un grand couturier (à part quelques excentriques) ne laisserait pas défiler sur le podium sa collection de vêtements auxquels resteraient accrochés fils, aiguilles, coutures non finies, deux tailles au dessus ou en dessous de la top-modèle :)

Je me contente de spontanéité dans l'écriture de micro-nouvelles lors d'un sujet proposé. Là seulement je déroule un fil sans presque lâcher mon clavier. Je corrige très peu, juste les fautes de frappe ou d'inattention et livre le texte assez brut. Mais ce n'est pas le genre d'écriture qui m'intéresse.

À propos du titre :

Mais il m'est arrivé de rester en rade une fois, et de chercher désespérément, et ne rien trouver pendant deux ou trois mois 


C'est amusant et compliqué à la fois. Dans ce cas, je pioche un vers ou un hémistiche, ou les premiers mots du poème, en cas extrême une lettre de l'alphabet fera office de titre. Le lecteur intrigué, par curiosité viendra voir votre oeuvre alors qu'il serait peut-être passé à côté d'un titre lambda.

Merci à vous Salima.

Salima Salam aime ce message

Salima Salam
Votre description du travail du poète est celle des Parnassiens, mais votre résultat, non. Je réfléchirai tranquillement à tout ça. Merci beaucoup pour toutes ces réponses et explications.

Cristale aime ce message

DédéModé
C'est juste qu'il y a un élément fondamental du Parnasse (le respect total de la forme) associé à un élément fondamental du Romantisme (le Moi).
Mais même le Parnasse peut surprendre, à l'instar des « mouches » de Leconte – les a-t-il osées à la suite de Rimbaud ? (eh oui ! encore lui !) 
Alors, Madame, où est la vôtre, de mouche ? (t'es nin obligée d'y met' in' mouque à brin, hin!)
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles...
(mais ch'est bin, les mouques à brin, ch'est bin mieux!)
Il ne faut jamais perdre de vue que le génie est d'abord un sale gamin ET qu'il n'aurait peut-être pas été le premier s'il n'avait pas été le second.
Je crois que, même en Poësie, il ne faut pas hésiter à laisser parler son côté sombre, ou à traiter du sombre côté des choses ; vous l'avez fait, parfois, mais pas assez souvent, sans doute ; sans doute n'avez-vous pas assez exploré l'ombre, et pourtant, qu'est la lumière sans elle ?
L'irruption de la répugnance ! Voilà, ce que j'aimerais voir chez vous, et qui ferait entrer votre poétique dans une autre, insoupçonnée, dimensi-on ! À vostre guise, Madame...

Salima Salam aime ce message

Cristale
L'irruption de la répugnance ! Voilà, ce que j'aimerais voir chez vous


Ah ? Quand je pense que j'essaie toujours de transformer le lait en eau, le laid en beau, la mort en miel. Des mouches velues, des vers puants, des cadavres j'en ai plein mon jardin tant et plus que je rêve les avoir alignés et cachés sous des baches de plastique noir. Quelle poésie n'est-ce pas ? De la matière pour écrire... mais non, rien de tout cela n'est à mon goût ni ne me ressemble.
C'est amusant comme certaines personnes attendent de moi des poèmes plus féroces, plus crus. 
J'ai bien quelques vers sur un dizain de Lochac, sans doute trop gentils à vos yeux Dédé, mais de là à le proposer aux lecteurs, il y a quelques larges marges laissées vacantes.







Cristale

Salima Salam aime ce message



Dernière édition par Cristale le Dim 6 Oct - 21:02, édité 4 fois (Raison : Texte versifié retiré pour affinage :))
DédéModé
Les autres seront sans doute surpris, pas moi : je savais que vous en étiez capable, et voulais que vous nous le montriez. Voilà qui est fait. 
Merci Madame.
N'oubliez jamais que c'est l'ombre qui donne son relief au paysage (le soleil au zénith écrase tout) et qu'un ciel sans nuages finit par devenir exaspérant.
La palette des sentiments, toute la palette, est à votre disposition !

Cristale aime ce message

Salima Salam
Achevez cette pièce, Cristale, s'il vous plaît. C'est quelque chose, ça. Et ça vous va bien au teint. Ça vous donne comme du relief.

Ps : en relisant le fil, je vois que je répète Monsieur le Dédéluré, sur la question du relief, mais je ne vais pas reformuler parce que ce mot s'impose à la situation.

Cristale aime ce message



Dernière édition par Salima Salam le Jeu 26 Sep - 15:44, édité 1 fois
Cristale
Merci à vous Dédé et Salima.
Pensez-vous que, au vu de l'ambiance morose, pour ne pas dire mortifère, qu'imposent les guerres, les viols, les crimes, la politique mondiale etc... les lecteurs aient envie de se délecter de ce genre de poème ?
Salima Salam
Qui est le lecteur ? Méfiez-vous de lui. S'il vous impose un type d'écriture, s'il vous confine dans un registre, s'il restreint votre liberté, alors, pourquoi écrire pour lui ? 

Votre question concerne la finalité de l'Art, non ? Vous cherchez à montrer la Beauté, pour faire oublier la laideur du monde ? 
Pourtant, il vous arrive de prendre la mort pour thème, et ces pièces-là sont prenantes de douleurs. 

Se délecter, votre question est provocatrice, naturellement. Mais apprécier ? 

Et en fin de compte... Est-ce le Lecteur qui vous limite ? Vous seriez bien du type à vous mettre des carcans, des barrières trop hautes, des objectifs inatteignables, etc. Bref, laissez votre pauvre Lecteur en paix, vous supputez trop, et méfiez-vous de vos propres préjugés. 

;-)

Cristale aime ce message

DédéModé
Le lecteur peut avoir envie de dépasser l'actualité ; la fonction du journalisme est de décrire les faits dans leur crudité par un constat "clinique" garant d'objectivité mais où les sentiments sont absents. C'est l'art qui restitue leur humanité aux faits : il n'y a pas d'Humanité sans Art. 
Et l'Humanité, ce n'est pas seulement le Bon, le Bien et le Beau, mais aussi tout leur contraire, et l'Art englobe toute l'Humanité, toute la Vérité de l'Homme ; sauf à tomber dans l'asservissement et la propagande, il ne saurait en avoir une vision parcellaire.
Alors bien sûr, tel ou tel artiste est entièrement libre de se cantonner à tel ou tel aspect de l'Humanité – ou même de l'ignorer en choisissant un objet extérieur – mais l'Artiste complet n'est-il pas celui qui aura tenté d'en explorer le tout : du meilleur au pire ?

Salima Salam et Cristale aiment ce message

Cristale
Ni artiste, ni écrivain digne de ce nom, j'écris réellement ce que j'ai envie ou besoin d'écrire. Tous les sujets ne m'interessent pas forcément et lors de mes compositions je ne pense pas aux éventuels lecteurs dont aucun ne m'impose rien. Ce n'est qu'une fois la pièce achevée (où presque) que je décide de la présenter en lecture à des lecteurs tout public. Un peintre expose ses oeuvres, un musicien fait écouter sa musique, ils ne choisissent pas de créer pour tel ou tel public, c'est bien le public qui choisit les artistes/créateurs qu'il préfère voir, lire ou entendre. 

... merci pour le petit coup de plumeau ;)

Salima Salam aime ce message

Jihelka
Viens Nénesse, laissons les zintellos entre eux.
Cristale
Zintellos de rien du tout mais z'aurais bien aimé lire votre zolie proze sur votre paze perzo, zelle-ci méritait une zaffiche pour elle zeule avec Nénesse bien zentendu.
I love you
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