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Rencard au Café du Brancard

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24092024
Rencard au Café du Brancard

Tu le connais, le Café du Brancard ? Non, naturellement. C'est au coin de la Rue Rouflaquettes et de l'Impasse Chamade… Bin, là. En l'an… Disons : « Il sera une fois, dans très très longtemps ! » L'année précise n'est pas cruciale. Sache juste que ce sera un jour vague, dans cet endroit précis. Mais ça aura eu lieu, comprends-moi bien. Donc je te la raconte au passé, mon histoire, même si elle se déroule dans le futur, et toi, tu joueras le jeu, et tu te tiendras debout, à côté de moi, dans le futur, à observer un truc qui aura déjà eu lieu, point de vue narratif, mais pas encore dans la perspective réaliste. Ou bien asseyons-nous, pas besoin de rester debout.
Donc c'était l'histoire d'un type, tout ce qu'il faut de conforme : des études à la Multiversité de Pangée, un logement en Résidence Agréée, un job dans le Centre de Pourvoi et de Subsistance : taf de bureau-paperasse sans intérêt mais raisonnablement payé, et pas de véhicule, hélas. Pour des raisons technico-fiscales trop longues à expliquer. Pas de véhicule, ce qui l'empêchait de fréquenter les Clubs de Détente et Culture périurbains, très éloignés de sa piaule. C'était un rude handicap pour son ascension sociale, et il ambitionnait d'y parvenir un jour : avoir sa propre glideuse (prononcer glaïdeuse, formé sur la racine « to glide », glisser, de l'anglais ancien, langue morte parlée à l'ère du Vieux Monde. Et pour ta gouverne, le français, lui, n'était pas mort. Pas du tout. Remercie l'Académie française qui avait prohibé la mort du français. Donc on fait notre story en VO en français.)
En attendant la glideuse, Pierrick était piéton. Il connaissait bien son quartier, où il avait ses habitudes de jeune homme vivant comme un vieux et comme tout le monde. Mais n'étant vieux que dans sa tête et pas dans son corps, il avait un cœur qui se mit à battre, un jour, inopinément, dans l’Impasse Chamade. Et donc il avait vu, le cœur, par le truchement des yeux naturellement, un minois charmant, qui vaquait en tant que serveuse au Café du Brancard. Petite bouche bien rouge, grands yeux bruns, nez busqué un peu trop, des boucles en pagaille et une silhouette des plus plaisantes, avec ce qu'il fallait là juste où on l'aimait. Une poupée à croquer, quoi.
Pour que tu comprennes tout ce que ce minois avait de particulier, je te dresse fissa l'histoire abrégée de l'humanité, de nos jours jusqu'aux leurs. Après la folle période de croissance et de consommation dans laquelle nous nous trouvons, et qui avait duré deux siècles, l'économie avait plongé dans une crise de récession et de misère globale vingt fois aussi longue. Enfin, on avait entamé l'ère du Ratio et Corpus Artificiels (RCA). Ce qui veut dire qu'on produisait l'intelligence et le corps en usine. Des ingénieurs programmateurs génétiques écrivaient les codes ADN, on faisait des prototypes puis on lançait la production, de masse ou familiale, selon la taille de l'usine, truc normal quoi, comme ça se fait déjà de nos jours pour les produits manufacturés. 
À ce moment, le Bureau du Juste Milieu avait pris le contrôle et imposé un régime de stagnation globale, incluant économie, naissances, progrès technique, connaissances, création artistique, etc. Ce régime était terriblement stable, tant et tant qu'il semblait pouvoir durer jusqu'à la fin des temps. Le pourcentage de population humains / humanoïdes était fixe. Et pour garantir la stagnation, tout dépassement de n'importe quel quota était sanctionné d'un enfermement en stagnatrie, centre de nivellement des désirs, pulsions, rêves et autres éléments moteurs de changement. Ça fonctionnait à merveille. 
Naturellement, les humanoïdes produits laissaient un arrière-goût de chimie agroalimentaire, comme des yaourts aromatisés aux champignons cultivés sur l'huile de ricin, c'était pas vraiment dégueulasse, et d'ailleurs la grande masse en bouffait –façon de parler, je veux dire qu'ils cohabitaient– mais…
Mais partout, on trouve des gens dont la sensibilité semble accrue, exaltée, comme exaspérée, et ceux-là boycottaient les humanoïdes en série. Ils recherchaient l'humain, l'authentique, ils savaient encore rire de bon cœur et se mariaient entre eux, formant des sociétés parallèles et incorrigibles qui séjournaient fréquemment en stagnatrie.
Donc revenons à Pierrick. Entre les humanoïdes au grain de peau calibré, au timbre de voix accordé, au regard calculé, et les humains soumis de leur plein gré à stagnation et médiocrité, il avait dû ressentir lui aussi ce besoin d'authenticité ; il avait repéré sa petite serveuse, pleine de charmes imprévisibles et il avait eu envie de croquer dedans.
Maintenant, il se trouvait dans l’Impasse Chamade. Un chauffard en glideuse faillit entrer en collision avec un pigeon, fit un écart brusque et arracha son rétroviseur contre un panneau de signalisation. Pierrick poussa la porte du café avec hésitation, tout à la fois attiré par le minois et indécis, n'ayant aucune expérience en matière de… Tu dirais comment ? Drague ? Comme tu y vas ! Oui, l'idée est là, par contre la formulation est crue. Galanterie ? Hmm… Ce terme est passé de mode, mais convient, car le cœur, le cœur ! Immuable cœur qui, depuis sa création jusqu'à la fin des temps, cherchera toujours la même chose en usant des mêmes procédés. Ou bien… cherchant toujours cette chose particulière, même en toute ignorance des procédés. Pierrick était plus galant que dragueur. Tu vas voir ça tout de suite.
Il s'assit, la poupée rappliqua, il se troubla, la poupée patienta, il demanda un décaféiné, puis avec un soupir de soulagement, se félicita de son premier contact. La poupée apporta le kawa, et Pierrick lui dit :
— Merci, Mademoiselle. Je boirai ce café sans sucre. Il me suffit que vous l'ayez dulcifié par votre présence.
La poupée jeta un regard qui aurait fait tourner le lait dans la tasse, si ça n'avait été un café noir, et leva les sourcils si haut que Pierrick se sentit ratatiner avec une furieuse envie de disparaître sous sa table. Ce qu'il fit, prétextant un lacet à nouer. Bin oui, il était assez vieux jeu, déjà pour nos standards présents, alors imagine dans le futur, et portait souliers en cuir, chemise à carreaux boutonnée jusqu'au col et rentrée dans le pantalon en toile, gilet par-dessus. Quand il émergea, la poupée était retournée derrière le comptoir. Il but, paya et partit en silence.
Cette scène le travailla. Il se sentait pour la première fois de sa vie terriblement malheureux et incroyablement heureux en même temps, c'était à n'y rien comprendre. Le pauvre, élevé par une nourrice RCA, son éducation émotionnelle avait été négligée. Toi, tu sais naturellement qu'il venait de croiser l'Amour avec un grand A, mais toi, tu n'as pas été élevé par une nourrice synthétique, tu ne manges pas non plus des aliments synthétiques, genre protéines en poudre, édulcorants, particules de bœuf écrasé dans une boîte en métal, légumes lyophilisés… Si ? Pas possible ! C'est dingue ça. Bon, fais ce que tu veux, revenons à nos moutons.
Après deux jours, n'y tenant plus, il se pointa à nouveau au café du Brancard. En homme d'habitude, il s'assit à la même table que précédemment et, pour se donner une contenance, plongea dans le journal qui datait, qui datait précisément de sa visite deux jours auparavant, mais peu lui importait.
Devant le café, un chauffard en glideuse faillit entrer en collision avec un pigeon, fit un écart brusque et arracha son rétroviseur contre un panneau de signalisation. Pierrick leva la tête, tout ébaubi. Impression de déjà-vu… La poupée rappliqua, il se troubla, la poupée patienta, il demanda un kawa, elle lui apporta. Il bégaya :
— Ma… mademoiselle, v… vous éclipsez le soleil et j'en suis é… bloui.
Les sourcils de la poupée grimpèrent dédaigneusement et elle lui tourna le dos sans façon, le plongeant dans des affres obscures.
Il résolut de ne plus retourner au café, puis tiraillé par Amour l'Impitoyable, s’y pointa malgré lui, plongea dans le journal et la scène du pigeon et de la glideuse se répéta. Ça ne pouvait plus être une coïncidence. Il voulut tirer la chose au clair. 
— Mademoiselle, j'ai oublié mon mouchoir brodé aux initiales P.M. avant-hier. L'auriez-vous ramassé ?
— Je vous vois ici pour la première fois aujourd'hui. Elle le toisa et ajouta d'un ton peu flatteur : je ne vous aurais sûrement pas oublié. Vous avez dû le perdre ailleurs.
Il resta si perplexe que son malaise sentimental en fut soulagé pendant un moment. En quittant le café, il emporta le journal qui l'intriguait passablement, puis, quelques jours plus tard, le rapporta avec lui en retournant au café. Il s'assit, ouvrit son journal, dans la rue un chauffard en glideuse faillit entrer en collision avec un pigeon, fit un écart brusque et arracha son rétroviseur contre un panneau de signalisation. Pierrick lutta pour admettre qu'il faisait des voyages dans le temps, (parce que même dans leur futur, ce genre de choses restait du domaine de la science fiction) et qu'à chaque lecture du journal, il revivait le jour J. Mais ses voies cognitives ayant été finalement et heureusement oblitérées par Amour l'Intransigeant, il se laissa tout entier aller aux infinies possibilités de la situation. Il pouvait faire n'importe quoi, puis l'effacer. Plus besoin d'hésiter, de craindre, d'avoir honte, regrets ou remords. C'était la liberté totale !
Lorsque sa dulcinée vint prendre la commande, il osa se lancer dans un bout de discussion :
— C'est quoi votre petit nom ?
— C'est réservé aux intimes.
— Devenons intimes !
— En voilà du rentre-dedans !
Pierrick nota que les sourcils ne s'étaient pas levés. Il en fut tout encouragé.
— En attendant l'intimité, je vous appellerai Brunehilde.
— Vous tirez d'où ce nom ringard ?
— D'un roman, naturellement, un très très vieux roman d'amour. Très beau.
— Vous avez l'air d'aimer les vieilles choses poussiéreuses, vous, dit-elle en reluquant à nouveau son look vieux jeu.
— Pas seulement les vieilles poussiéreuses, Brunehilde, pas seulement les vieilles… Et il lui fit un clin d'œil. Après cet acte de bravoure, il replongea dans le journal comme un désespéré, craignant d'être allé trop loin, de s'être comporté en goujat, d'avoir mérité la délation et la stagnatrie. Sa lecture du journal ne lui fit pas faire de saut dans le temps, puisqu'il était déjà au jour J, et il lut une colonne après l'autre, pour calmer son trouble. Brunehilde, se voyant soudainement délaissée, s'en retourna au comptoir, amusée.
Il mit le lendemain à profit pour faire les magasins. Il se trouva un pantalon un peu trop large, et au lieu de le maintenir avec une belle ceinture en cuir et la grosse boucle métallique virile qui va avec, il opta pour des bretelles. Des bretelles ! Pour peaufiner l'ensemble, il prit un béret en feutre. Il était... incongru. Mais comme il était aussi raisonnablement bien fait de sa personne, ça lui donnait un genre. Et puis, de sa nouvelle situation de liberté illimitée, il tirait assurance, aisance et un peu d'esprit malicieux, atouts majeurs en matière galante. Il marchait un peu plus droit qu'avant, ses épaules semblaient plus larges, en même temps ses mouvements gagnèrent en souplesse.
Brunehilde en tout cas continua à le zieuter, à chaque fois comme si c'était la première, mais avec un intérêt croissant.
— Deux cafés s'il vous plaît, Brunehilde.
— Vous attendez quelqu'un ?
— Vous.
— L'attente sera longue. Je vous amène un journal ?
— Merci, j'ai apporté le mien.
Jour après jour, le rétro de la glideuse volait en éclats devant le Café du Brancard, et jour après jour, Pierrick essayait sa chance auprès de sa belle. Il attendait quelque chose, sans savoir trop quoi. Sûrement un signe qu'il était pour elle davantage qu'un client parmi les autres. Mais comment provoquer le déclic ? Que devait-il faire pour la faire se pâmer au premier échange ? Et s'il n'y avait rien à faire, et si c'était juste une question d'atomes crochus, et que leurs atomes fussent incompatibles et ne pussent se crocheter ? Arrivé à ce point de ses réflexions, il sentait ses pensées tomber dans un gouffre. Insondable et amer, le gouffre. Il perdait l'appétit et l'envie de vivre pendant quelques heures. Puis un papillon venait, voletant drôlement à la manière des papillons, se posait au creux de son estomac, et il se retrouvait sans savoir comment au milieu d'une nature enchantée, pleine de rêves et de parfums, il attendait 18 h 00 et courrait au Café du Brancard. 
— Bien le bonjour, Brunehilde ! J'ai attrapé un papillon, et je l'ai amené butiner la plus jolie des fleurs ! Il ouvrit une boîte d'où s'échappa un petit papillon blanc qui s'était perdu le matin-même dans son appart et qu'il avait attrapé délicatement.
— …
Brunehilde resta coite, c'était assurément une chose qu'elle n'avait jamais vu encore, parmi toutes les excentricités des drôles d'oiseaux qui fréquentaient son café. Le papillon voletait, et Brunehilde, après l'avoir suivi du regard, fixa son attention sur Pierrick.
— …
Décidément, les mots lui manquaient. Pierrick interpréta ça comme « le signe » qu'il attendait. Il se lança :
— Voilà très longtemps que je voulais vous demander ça, Brunehilde, et ne dites pas non tout de suite : je vous invite au restaurant, ce soir, viendrez-vous ?
— Comme vous y allez ! Vous entrez tout jouasse dans mon café, faites un lâcher de papillon et m'invitez, comme ça ! Je dis pas que c'est pas charmant, mais on se connaît pas ! Je ne vais pas dans les restaurants avec des inconnus !
— Combien de temps resterai-je un inconnu pour vous ? Que dois-je faire pour que vous me connaissiez enfin ? Il demandait ça, se passant la main dans les cheveux avec un air égaré, pensant aux deux derniers mois de visites régulières au café, à son peu de succès jusque-là, à son ignorance des choses du cœur et des mystères des femmes.
— Faites donc ce que font les gens normaux. Venez au café de temps en temps, qu'on fasse un bout de causette ensemble, que je m'habitue à vous, et vous à moi. Et avec le temps, une fois qu'on se connaîtra un peu, qui sait, peut-être j'aurai très envie qu'on se fasse une bouffe, ou peut-être que c'est vous qui n'en aurez plus envie. Allez savoir.
— En cet instant, Brunehilde, j'ai terriblement envie qu'on soit tous les deux des humanoïdes.
— C'est quoi cette histoire de Brunehilde ? Je m'appelle Mariette. Et vous ?
Elle ne se rappelait pas, elle, toutes leurs « premières rencontres » passées, Pierrick les lui effaçait à chaque lecture de journal, et ce « Brunehilde » n'avait aucun sens pour elle. Les présentations faites, elle reprit :
— Et les humanoïdes, en quoi ils vous font rêver, hmm ?
— Ils sont très réglos, les humanoïdes, ils se rencontrent selon un schéma clair : ils trouvent le partenaire ADN qui leur correspond, ils se rencontrent une dizaine de fois, ils vont faire un tour en glideuse et l'affaire est conclue, ils emménagent ensemble. Mais moi je sais pas, n'est-ce pas, si mon ADN vous conviendra. Et pi j'ai pas la glideuse, pour des raisons technico-fiscales trop longues à expliquer.
— Alors ?
— Alors, sans glideuse, je peux pas vous proposer de faire un tour dans les Clubs de Détente et Culture périurbains.
Tu vois, il suivait les rails du système, la tête dans le guidon, à ce stade il ne risquait pas le séjour en stagnatrie parce que son imagination et ses rêves étaient atrophiés. Il ne savait pas rêver. Remarque, déjà de nos jours, on trouve des gens, comme ça, qui suivent le schéma comportemental des humanoïdes : café, resto, boîte, appart. On achète le frigo, le sèche-linge, l'écran plat, un crédit pour la voiture, une semaine de vacances à la côte d'Azur et le reste de l'année au service d'un patron. Mais non, je dis pas ça pour toi, te sens pas tout de suite visé, t'es un chouia parano. Donc Mariette lui répond :
— Tsss… Détendez-vous, on est au café. C'est déjà pas mal, d'être au café. Vous prenez quoi ?
— Un café décaféiné, s'il vous plaît. Vous vous asseyez à ma table ?
— Je peux pas m'assoir à votre table, à cause du patron, mais venez au comptoir et je nous sers deux expressos bien serrés, ça vous dérouillera les neurones. Oubliez les décas, les humanoïdes, les ADN, les glideuses, les centres de démence et d'acculture, le fisc. D'ailleurs, le fisc, il nous emmerde tous, pas que vous. Pardonnez la franchise, mais vous avez trop de merde dans la tête. Presque autant qu'un humanoïde. À part le coup du papillon. Ça, c'était... Sais pas, j'ai pas les mots pour le dire. 
Après une telle discussion Pierrick comprit qu'il s'était fourvoyé. Il avait cherché en vain une phrase magique. À la place, il devrait construire une relation sur le long terme. Donc, il n'avait plus le droit de recommencer chaque fois la première rencontre. Il devait passer aux rencontres suivantes. Plus le droit d'effacer ses bourdes, il devait affronter tout : le temps, Mariette, lui-même, la vie, tout, quoi, et c'était déstabilisant. Il se sentit des envies de bégayer, de rougir et pâlir, de plonger dans son journal malgré et à cause de l'enjeu. Mais Mariette continuait de papoter, parlant des clients un peu loufoques qui traînaient par ici, de la stagnatrie où ses frères étaient enfermés pour avoir tagué des Bisounours roses sur des glideuses de flics, d'une cabane dans les bois où elle avait des ruches, et Pierrick finit par oublier ses petits soucis.
C'est déjà la fin de mon histoire. Le reste, tu t'en doutes, t'as assez d'imagination pour ça, non ? Bon, je te la fais en mode accéléré. 
En ce qui concerne les voyages dans le temps, si tu veux le fin mot de l'histoire –et Pierrick, lui, ne l'a jamais su– c'était Amour le Taquin qui avait fait des siennes. Il avait pris la liberté de contacter Temps l'Impassible pour lui demander de se laisser émouvoir. Une faveur entre collègues, quoi. Et si tu fais partie de ceux qui sous-estiment le pouvoir de l'Amour, te voilà bien remis à ta place.
Donc Pierrick et Mariette connurent bonheur, mariage, bonheur, stagnatrie… Hmm ? Une question ? Arrête de m'interrompre. Oui, stagnatrie ! Et c'est un happy-end, je te ferai remarquer, ça veut dire qu'ils sont restés assez humains et assez dignes pour mériter la persécution. Tu voulais quoi ? Qu'ils aillent boire un thé sans théine dans les centres d'acculture ? Stagnatrie ! Stagnatrie, j'ai dit ! Tous les trois ans, bingo, nouveau séjour en stagnatrie ! Et dans leur temps libre, ils regardaient leurs six enfants gambader dans les prairies pleines de fleurs, au milieu des abeilles et des papillons.

DédéModé et Thierry Lazert aiment ce message

Commentaires

Loïs Rivière
Merci Dédé. Ça fait du bien un « j'aime ». C'était écrit pour un concours, avec pour consigne de faire de la science-fiction sur le thème : je pars au café pour lire le journal d'avant-hier. 
Mais c'était pas assez bon pour atteindre la demi-finale. Je me dis que le niveau des autres était très élevé, du coup le mien n'était pas trop bas. Mais il me reste la frustration qui suit l'échec réitéré aux concours.
DédéModé
Ce monde-là me rappelle quelque chose, mais je sais pas quoi...

Loïs Rivière aime ce message

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