Cahin-caha va la vie,
Couci-couça va mon cœur.
Tu t'es barrée à Pavie,
Entonner l'amour en chœur.
Couci-couça va mon cœur.
Tu es partie loin, ma douce,
Entonner l'amour en chœur.
Tu me manques tant, ma rousse !
Tu es partie loin, ma douce,
Avec ce gaillard vaillant.
Tu me manques tant, ma rousse,
Sans toi je suis défaillant.
Avec ce gaillard vaillant,
Là-bas, tu te sens ritale.
Sans toi je suis défaillant,
Ma tristesse est capitale.
Là-bas, tu te sens ritale,
Ravie dans ta Ferrari.
Ma tristesse est capitale,
Je pars, dans ma Méhari.
Ravie dans ta Ferrari,
Tu m'enterres, ma gazelle.
Je pars, dans ma Méhari,
Sur les routes de Moselle.
Tu m'enterres, ma gazelle !
Cette nuit j'ai le cafard.
Sur les routes de Moselle,
Enfin, je conduis sans fard.
Cette nuit j'ai le cafard,
Clap de fin du road-movie.
Enfin, je conduis sans fard,
Cahin-caha va la vie...
Pièce avec répétition sur le modèle :
A¹
B¹
A²
B²
B¹ devient C¹
D
B² devient C²
D
Et peut-être vous me direz le nom de cette forme poétique, Jeanne ? En tout cas, les vers repris le sont harmonieusement et s'intègrent très bien dans l'ensemble. Septain avec alternance de rimes masculines et féminines.
J'en pince pour le vocabulaire un peu familier intégrant onomatopées et mots étrangers (barrée, ritale, Ferrari, Méhari, clap, road-movie). Ça donne quelque chose de souple à ce sujet si souvent traité, combinaison heureuse de rigueur technique et d'élocution cavalière.
Deux vers me posent problème :
"Ma tristesse est capitale" : je trouve l'adjectif peu parlant.
"Enfin, je conduis sans fard" : je m'interroge sur le sens. Je suppose évidemment qu'il s'agit d'un jeu de sonorités entre fard et phare. Je suppose également que l'histoire ne connaît pas de happy-end, conduire de nuit les phares éteints, cahin-caha avec les cahots de la route.
Je me demande, Jeanne, si vous n'avez pas mis la priorité à la richesse de la rime, quand un peu moins de richesse de rime vous aurait offert une plus grande palette de possibilités.
Mon problème avec "fard", qui rime merveilleusement à l'oreille et à l'œil avec "cafard", c'est que je ne comprends pas son rôle dans le déroulement de l'action. "Enfin, je conduis sans fard", semble indiquer que le locuteur a longtemps dirigé sa vie guidé par des illusions, et voit enfin la vérité nue : sa solitude et la traîtrise de l'aimée. Mais pour moi rien dans ce qui précède n'annonce cet état d'âme, il l'appelle "ma douce", "ma rousse" qui sont des mots tendres et n'évoquent pas pour moi la déchirure de la trahison. Bien sûr, vous pouvez les garder pour montrer l'attachement qui existe encore et qui justifie la douleur extrême, mais peut-être pourriez-vous à un autre endroit alors suggérer le sentiment de trahison ? Peut-être pourriez-vous remplacer ce "capitale" par quelque chose de bien plus fort annonçant le drame ?
Et elle l'enterre... L'histoire est très bien construite et la chute amenée. On parle plutôt de pointe en poésie, mais vous, ici, vous avez une chute je trouve, parce que même si vous la préparez, le lecteur ne peut pas interpréter le sens caché à première lecture. Il doit relire la pièce à la lumière de la fin pour comprendre le déroulement du drame et les indices annonciateurs.
Et la chute donc... "Cahin-caha va la vie...", reprise du tout premier vers de la pièce, la virgule est devenue points de suspension. Selon comment vous voyez la Vie et la Mort, vous avez fait :
Une pièce intéressante, qui accroche par ses vers comme tressés et sa syntaxe simple, puis révèle ses secrets à la lecture attentive.
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Salima SalamLun 26 Juil - 3:20