Rosine et moi nous hâtions le pas pour rentrer avant le couvre-feu. Nous passions en vitesse devant la Kommandantur où un jeune kapo pas très chic, mal fagoté, nous avait repérées depuis quelques semaines.
Dans le chien/loup, il est sorti en courant vers nous et nous a poursuivi.
"Mamazelle ! Mamazelle ! Donnez votre main c'est pour vous ! Schnell ! Je ne dois pas me faire remarquer, z'est interdit."
Il était derrière Rosine, essoufflé ; machinalement, elle a tendu son bras, sans voir vers quoi.
"Tenez jolie Mamazelle, c'est pour vous.
"Qu'est-ce que c'est bon Dieu ! dit Rosine dans un cri, effarée...
Le kapo lui avait mis dans la main, le plus discrètement possible, une chose longue, chaude, lisse et rigide.
...........
"Michelle je crois que cet Allemand est un satyre, ils nous avait repérées. Fuyons !
-Mamazelle, jolie mamazelle, dîner, dîner ! criait le kapo dans la pénombre avant de rejoindre la Kommandantur à reculons.
On a couru.
Lorsqu'on est arrivées au pied de notre immeuble, Rosine a regardé ce qu'elle tenait toujours sans en avoir tout à fait conscience.
Alors on a éclaté de rire, on était pliées. L'Allemand nous avait donné une saucisse chaude pour notre repas. Il savait qu'on crevait de faim et il projetait de faire ça le plus souvent possible.
"Oh Michelle ! J'ai eu la peur de ma vie. J'ai cru que c'était sa...qu'il me foutait dans la main.
