Ils s’observent en tournant lentement en rond et sans que jamais l’un ne quitte l’autre des yeux. Lorsque l’un, d’un mouvement de la tête, se montre plus menaçant, l’autre répond d’un mouvement de la tête. Il semble que cette danse ultime ne puisse prendre fin, chorégraphie d’essence plate et ennuyeuse, ne fût-ce l’enjeu que l’on devine derrière les regards et les ondulations des corps. C’est une question, c’est palpable, de vie ou de mort : « l’un de nous deux est de trop ».
Alors le jeu a beau durer, la tension ne retombe pas et elle ne retombera qu’à l’issue fatale du combat. On aimerait connaître les origines de la valse macabre, on voudrait comprendre le face-à-face qu’on sait déjà mortel mais les raisons nous échapperont.
Soudainement les gladiateurs changent le sens de leurs cercles et aussi réduisent notablement leur rayon : la tension gagne un cran. L’imminence du combat est perceptible et l’on devine que celui-ci sera fulgurant. En attendant, ils continuent de se chercher en tournant en rond. D’un seul coup, sans prévenir, l’un des deux se jette à l’assaut de l’autre.
On comprend alors que le premier à attaquer aurait dans tous les cas été le vainqueur : l’autre a à peine le temps de se retourner que déjà les dents de son adversaire lui meurtrissent les chairs. Il se débat violemment mais au lieu de se défaire de la prise, il ne fait qu’aggraver celle-ci. Les dents s’enfoncent : une force de plus de 500 kg s’exerce entre les mâchoires d’un requin. Bientôt le perdant cesse de se débattre. Il ne survivra pas longtemps, et déjà le vainqueur s’éloigne, comme indifférent. Il laisse sur place son costume d’eaux rougies qui, doucement, retrouvent leur calme.
Thierry Lazert aime ce message
JihelkaVen 8 Mar - 22:18