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L'Adresse où parler Littérature et para-litté-raturer prose et poésie.

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3 jours en avril

(3 jours timides, j'ai plus la pêche pour écrire, les gars)


La mer

Il neige depuis plusieurs nuits. Sur la gauche, la Forêt Noire grisonnante et ébouriffée. Sur la droite, les Vosges enveloppées d’un grand châle blanc. Au milieu, moi. J’ai froid, le vent souffle à me décrocher les tempes. Je foule des gravillons, tête baissée pour admirer des cailloux lumineux sous un soleil pourtant timide. Ils sont beaux. Je me baisse, en ramasse une poignée puis la jette en l’air. Les plus blancs, translucides dans la lumière, ressemblent à la nacre. Ils retombent...

Petit abecédaire du psychotique non illustré

PETIT ABECEDAIRE
DU
PSYCHOTIQUE
 
NON ILLUSTRÉ
 
 


Aa


 

La colonne

Elle connait le quartier, Mek. Cet angle de rue et sa grosse colonne qui soutient l’architecture surmontant le trottoir, elle les connait bien. Pourtant, à cet instant, du neuf se produit. La colonne de pierre prend des airs d’inconnue et Mek a, d’un coup, d’un seul, envie de la prendre dans ses bras, d’y coller son corps de solitaire. Oh, le pourtour de la colonne ne se laissera pas faire : il excède de loin la capacité de Mek à l’embrasser toute. Mek le sait bien mais elle va essayer malgré...

Fins possibles

Maintenant, ils avaient du temps. Les pruniers étaient toujours là. On passera à table, on mangera, je débarrasserai et je ferai la vaisselle. On s’habitue. Le cœur n’est pas fait pour mourir. Il ne leur restait plus qu’à espérer que revienne le même jour, chaque matin, encore et toujours. La ville est enfin calme. À chaque oreille pendait un penny percé. Sur le tarmac, j’ai pensé à Gilda et j’ai décidé de ne plus revenir à Jérusalem. L’Enfer, décidément, c’est pas mon truc. Alors il...

Bouchon de champagne

J’ai mis sous verre un magnifique bouchon de champagne, celui que j’ai fait péter lorsque je me suis définitivement rendu compte que l’on me prenait pour une idiote, pour ne pas dire une conne. À trop aimer les gens, je me suis mise à les détester. Mais avant que mon sourire ne devienne rictus, j’ai construit ma cabane au fin fond d’un bois. Grand mal m’en a pris, la nature étant également pourrie, je suis entourée de loups hybrides. Et je pense à Elon et ses tests fusées pour aller détruire d’autres planètes.

T'es où ?

J’ai collé des affiches sur tous les arbres du quartier. Je n’ai pas de chat, il n’a pas pu s’échapper mais ma boîte à thé, oui. La dernière fois que je l’ai vue, elle prenait le soleil sur le rebord extérieur de la fenêtre, tel un félin parfumé au jasmin. Puis le vent s’est levé. J’ai tout fermé, oubliant la fugueuse. J’espère que personne ne la rapportera. De toute façon, sur l’affiche j’ai noté en gros et en rouge, un numéro de téléphone bidon. Je n’aime pas le thé.

Couronnes et ballons ronds

En pleine Coupe du monde, le sieur Viktor s’achète un ballon. Son nouveau passe-temps favori lui fait lâcher les ciseaux avec lesquels il s’appliquait à découper la carte du monde dans le but avoué de voguer vers d'autres cieux, tel un Phileas Fogg des temps modernes. Exit Phileas, Viktor lâche un peu de lest. Alors qu'il flotte au-dessus des nuages, il se rappelle son rendez-vous manqué chez le dentiste et se sent soudain tout léger à l’opposé de son portefeuille encore un peu garni. Malheureusement pour lui, son praticien a pressenti cette évasion et le poursuit déjà à bord...

La mobylette

La mobylette


Ma pauvre fille, un pied de table est plus perspicace que toi… me dit-il, sa main d’ogre prête à s’abattre sur une énième part de gâteau. Alors mon regard quitta l’oriel brun de nicotine et ma pomme l’appartement. J’empoignai mon casque, grimpai sur la mobylette. J’esquissai un sourire en pensant qu’elle était de bonne constitution pour avoir supporté l’autre...

1 jour en février

Tout est plein d'eau, saturé, dégueulant, et il pleut encore.
— La Misère !
Pour lui, pas pour moi qui suis là pour le plaisir simple et gratuit de mettre un pied devant l'autre et de recommencer. Facile, je ne fais que passer, léger sous le ciel de plomb qui nous tombe dessus, libre de tout pour une bonne heure : touriste singing in the rain and the groß Berdoule.
Pour lui c'est une autre affaire : il travaille, le pauvre ! et quel travail ! lourd de chez lourd au trepalium ! D'accord, c'est largement mécanisé : la "cuillère à glace" made in Vlaanderen inventée par...

jour(s) de mars

Je me glisse à fleur de sol entre les racines d’un vieux feuillu, tout contre son tronc écorché par les ans, les hommes et les vents. Sa peau meurtrie déchire à son tour la mienne et dans un souffle de vie me donne un peu de douceur. De ses veines s’échappe un cri de la terre, une ode à son sous-bois. Les feuilles tressaillent, font fuir un renard et taire les oiseaux. Un rai de lumière se faufile entre les branches, illumine une tige d’un vert flamboyant. Pure merveille, une jonquille sur le point d’éclore.


(petite forme ce mois-ci, peut-être que deux...

Virginia

Vendredi, en revenant de mon cours particulier, je me suis assis en pensant aux quatre stations que j’avais à faire et j’ai regardé involontairement les genoux de la dame assise en face de moi. Puis mes yeux sont montés vers son visage. La peur n’a fait qu’un tour dans mon sang subjugué. Virginia Woolf. Elle était aussi belle que ça. Elle prenait le métro. Assise en face de moi. J’ai vite réalisé que je la fixais comme ça ne se fait pas alors j’ai tourné la tête vers la vitre. Ce fut pire encore. J’y voyais...

Face-à-face

Ils s’observent en tournant lentement en rond et sans que jamais l’un ne quitte l’autre des yeux. Lorsque l’un, d’un mouvement de la tête, se montre plus menaçant, l’autre répond d’un mouvement de la tête. Il semble que cette danse ultime ne puisse prendre fin, chorégraphie d’essence plate et ennuyeuse, ne fût-ce l’enjeu que l’on devine derrière les regards et les ondulations des corps. C’est une question, c’est palpable, de vie ou de mort : « l’un...

Littérature jeunesse

Il y a dans la cour un vieux cheval empaillé, du moins ce qu’il en reste, à savoir le strict nécessaire pour monter dessus : quatre jambes et un corps. Les enfants ont fini d’enlever la tête l’année dernière, quant à la queue, plus personne ici ne s’en souvient. Le pelage et le cuir du dos ne ressemblent plus à rien. Les enfants s’assoient à même le tissu fait de ficelles fines et néanmoins grossières. Afin de permettre au cheval de rester stable quand on le monte, l’empailleur a lesté très...

Mal entendu

—       Tu mets un seul T à « maître » ?
—       Quoi je t’ai insultée à mettre ? Quoi je t’ai insultée ?
—       Non, je voulais savoir comment tu écris « maître »
—       Ah, oui tu mets un seul T…
—       Quoi ? Maintenant c’est moi qui t’a insulté ? Moi je t’ai insulté ?
—       Non, je dis « maître » ça s’écrit avec un seul T.
—       Ah.

Le cardiologue, le patient et la destinée

Monsieur et Madame Flavier attendent. La salle d’attente est presque pleine alors ils espèrent que les autres attendent pour un autre médecin. Une porte s’ouvre, l’appel est clair et net :
 
« Monsieur Flavier ? ».
 
Le couple se lève et se dirige lentement vers la porte que tient ouverte le cardiologue. Celui-ci s’adresse à...

La Ravinière, suite : les Mauvais Garçons

Quand on s’est r’trouvés à perpett’ on leur a fait des doigts, des bras, Christian y maîtrisait trop aux pédales, jure, nos p’tits keufs y pouvaient rien, même leurs sirènes à donf, y f’saient pitié, rude pour eux.
 
Arrivés au bal de Saint-Saint, ya Thierry qui dit le canal ! la caisse au canal, on est peinards, on rentre avec la BM qu’ya à l’entrée. J’ai dit ouais, la BM j’ai vu, ´tain...

La Ravinière

J’ai pris ma planche et je suis allé voir Thierry, s’il voulait en faire avec moi. Il a dit ouais et il a pris sa planche et on a commencé à faire des tours sur-place, ça a un nom, en anglais je crois, j’ai oublié, c’est quand on lève l’avant de la planche et qu’on tourne sur soi-même sur les roues arrière. Arrières, non ? Je sais plus. Comme si j’avais su un jour. Enfin, on a commencé à faire des tours, ou plutôt on a essayé de faire un tour, avec rien qu’un tour on était contents.
  

3 jours en février, Onnaing

(Texte sorti d'un commentaire pour le mettre en rubrique)

Me voilà les pieds nus ancrés dans une terre meuble à mi-parcours d’un alignement d’arbres, menhirs vus du ciel, frontière entre habitations et forêt au sol. D’un côté une fenêtre ouverte diffuse les quatre saisons de Vivaldi, de l’autre s’élèvent les aboiements d’un chien furieux en autant d’échos lugubres prisonniers du sous-bois. Je ferme les yeux et m’isole, là, exactement au-dessus de l’Enfer, ressens les vibrations d’une eau traînante, perçois son chuchotis,...

Les haubans faisaient semblant

Je m’en souviens très bien. C’est même, de toute ma vie, le seul souvenir que j’aie. Je suppose que la douleur y est pour quelque chose.

Ce jour-là, j’ai pris dans la figure un paysage en deux dimensions, dénué de sa troisième dimension, la profondeur, et dénué de toutes les forces intérieures qu’on devine et qu’on sent au sein des éléments : leur vie. J’ai pris dans la figure un paysage mort.

Le mérou, les pastèques et la fourmi

Une maman conte une histoire à sa jeune enfant.


« Quand je serai grande je creuserai des tunnels dans les pastèques ! claironnait Mimi la fourmi dans la fraîcheur sucrée des nuits méditerranéennes. Et des salles de spectacles où je me produirai vêtue d’une feuille d’oxalis dorée à l’or fin, continuait-elle. Quand les palmiers feront des figues ! entonnaient alors les lauriers roses. Et là, Pabo le mérou s’approchait du rivage pour emporter Mandibulette, comme il se plaisait à la nommer. Tous deux partaient dans les profondeurs de la...

Le making of rien

Le making of rien (les potacheries du père Lazert)

Introduction 

À l’aube d’un siècle tout neuf qui commence depuis bientôt 25 ans, et dans un souci d’élargissement de la chose cognistique, nous nous proposons de nous pencher sur le processus créatif dans l’élaboration du rien, ou plutôt des 

Le cube

Je rêvais, il fallait ça, de voyages : en train, en avion, en bateau, en autocar, en voiture. À dos de chameau. À pied.
 
J’étais dans un TGV et j’engloutissais les paysages, jamais rassasié. Les campagnes faisaient place aux campagnes, les vaches aux taureaux, les moutons aux chevaux, un fleuve à un lac, une rivière à un canal, bordé de platanes, comme était cerné de cyprès un champ de colza ou de tournesols. À l’approche...

3 jours en janvier

Premier texte de l'année, après avoir demandé à un collègue s'il avait un os à m'envoyer à ronger. À quoi il m'a répondu, : j''ai tracé trois jours de janvier, j'attends les vôtres...

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J1



8h20, le jour tarde à pointer son nez mais sa froidure mord le mien. Je déambule en funambule sur un chemin séparant la gravière du canal. Je ne vois ni l’un ni l’autre. J’écarte les bras, prête à prendre mon envol. Une racine et l’on me retrouvera dans le Rhin, becquée par les goélands. Je tressaille. Un épais brouillard filtre...

La brèle

(Début des années 2000)

Jacky, quarante ans de boite, interpelle le petit nouveau :



« J’ai un petit problème Cédric, il paraît que tu t’y connais en informatique ! »


« Je me débrouille, t'as quoi comme souci ? »


« Le chef m’a demandé d’envoyer un mail, je viens de le faire mais la date ne s'est pas affichée. »


« La date ? »


« Ben oui, c’est un mail que j'ai envoyé à l'avocat. Il faut que je puisse justifier de la date d’envoi. »


« C’est...

Aïe !

Tout à l’heure, en m’installant à mon bureau alors que j’étais encore en pyjama, je me suis assis sur mon testicule droit. Pas longtemps, je dois vous dire, parce que ça fait plus mal qu’on ne l’imagine généralement. Si j’aborde un sujet aussi trivial qu’inattendu, c’est parce qu’en m’y arrêtant, je suis vite arrivé à cette question que je n’ai jamais vue ni entendue exprimer, et qui pourtant, vaut, si j’ose dire, son pesant de cacahuètes : pourquoi les...

Amateur

J’avais décidé de devenir écrivain alors j’ai cherché dans les pages jaunes à école d’écrivain. Apparemment ça ne s’appellait pas comme ça parce que je n’ai rien trouvé. Ça ne commençait pas bien.
 
Je me suis résolu à écrire une lettre à plusieurs éditeurs pour leur demander s’ils pouvaient m’aiguiller dans mes recherches. J’ai reçu quelques réponses me disant, en gros, que mon texte « n’était...

Rien

Et rien ne changea. Le néant continua. L’obscurité absolue demeura. Le silence resta.
 
Ainsi s’achève l’histoire de l’inexistence.

Normal

Ce jour-là, je me suis réveillé avec, sur l’oreiller, l’impression que ce serait une journée normale. Assez tôt dans la matinée, j’ai eu l’idée que peut-être Amnesty International, à qui je ne pouvais plus envoyer d’argent, avait besoin de bénévoles. Je les ai appelés et, effectivement, ils acceptaient volontiers de l’aide pour le tri du courrier ou d’autres tâches administratives. J’ai enfilé vite fait mes Converse montantes jaunes et j’ai préparé un petit sac. J’ai...

Le vélo

 Je marchais bien tranquille sur une petite route de campagne avec, à ma gauche, des bosquets de je ne sais quels arbres, épars, et à ma droite, des champs verts à perte de vue. Maïs, blé, autre chose ? Je l’ignore.
 La petite route, c’est important, allait droit devant. Le soleil, un grand soleil bleu, faisait de ce paysage frais une image presque banale et pourtant inoubliable. Je ne peux pas vous vanter la belle ferme imposante...

Oui-Oui

Le cerveau à l’envers ? Non, pas de cerveau. Une maladie mentale ? Non, pas de maladie, ni mentale, ni rien. Un sale coup du sort ? Niet, ni sort, ni coup. Tu sais très bien. Plus rien n’existe, rien d’autre que toi. C’est con, hein ? Eh ouaip, t’as joué avec les allumettes et tout a cramé. Reste toi. Seul au monde. Devant ta conscience. Cette même conscience qui, par un tour de passe-passe heureux ou malheureux, fait exister le monde pour toi, soit sans douleur (je ne me rends pas compte que j’hallucine...

Ne me parlez pas de "Pierre et le loup"

J'avais huit ou dix ans, et me faisais une joie d'écouter
ce classique des contes musicaux alors inconnu de moi.
Tout avait bien commencé : la musique était belle,
l'histoire plaisante. Le loup avait bouffé le canard,
nul doute qu'il allait bouffer le chat et l'oiseau, le mioche

Chambre 12

Je suis entré dans l’instant silencieux avant de le savoir. J’étais assis sur le lit, je me suis levé. Passa le temps. Le mur, à gauche, côté tête de lit, m’a attiré. Je m’en suis approché et je lui ai fait face. Des secondes. Et puis l’ordre est tombé : m’asseoir par terre. Je me suis assis par terre, en tailleur, face au mur, à quelques centimètres de lui. Des gouttes d’heure. Le silence a fait place à un autre silence, plus intense, plus aigu, plus idiot. Avoir peur d’avoir...

Quand retombe le vent

Un sol rocailleux, sablonneux, poussiéreux, ocre clair et sans fin, face aux douloureux rayons de soleil zénithaux de cette partie Sud du Nouveau Mexique. Écrasées contre la terre pierreuse, les semelles gris sale faites d’un cuir en trois épaisseurs et, à l’arrière, les talons fuyants vers l’avant, typiques des santiags. Des pieds et des montants de bottes en peau de serpent à fines écailles en un camaïeu d’ivoire et de noir. Dans les bottes, un pantalon en toile épaisse de Nîmes, avec, aux genoux,...

Apocalypse

[size=16]Attention, ça pique un peu...[/size]





Apocalypse
 
Cujus animam gementem
contristatam et dolentem
pertransivit*
 

L'enigme Corneille (drabble)

C'est LA question. La question qui me tarabuste. 
La sempiternelle question qui m'obsède. L'énigme
sans réponse et dont je désespère d'avoir un jour
la clé : se peut-il que Corneille, notre grand, notre 
illustre Corneille, ait eu recours aux services d'un
nègre pour écrire les pièces de Molière ? Ou plus 
exactement : certaines pièces de Molière. Les 
autres ayant, on le sait, été écrites par Madeleine 
Béjart. Sa fille Armande. Son cousin Oscar. L'ami
Pierrot. La Tonfaine et Poileau. L'oncle Prosper.
Les Trois Mousquetaires. Et la tante Honorine, 

Le gars qui meurt

C’est l’histoire d’un gars, il meurt.

Je Suis la Femme

Pour les meufs de tous horizons, de toutes couleurs, de toutes confessions.







Je suis la Femme
 
Semence originelle transportée par les vents, ma mémoire a plus de siècles que l’océan. Je suis la fille et la mère de la fille d’avant, venue des étoiles en un tourbillon d’argent pour enfanter les Nornes et les Moires. En Eve qui mordit la pomme tentatrice, j’ai offert aux hommes l’apex et l’abysse avant de faire saigner le...

Réflexion sur le dit

[size=13]De tout ce qui est écrit ou dit, il m’arrive de me dire, un peu amusé, que ça a subi et passé avec succès l’épreuve du filtre. Lorsque j’écris ou parle, je passe au tamis tout ce qui me vient à l’esprit, et ce qui se retrouve sur le papier ou sur l’écran ou sur les ondes sonores, c’est ce que que le tamis a laissé passer. Ainsi chacun et chacune possède sa grille de tabous à laquelle viennent...

Le couloir

Le couloir n’est pas méchant même si je sens les vestiges d’une peur récente remplir l’espace. Je commence à connaître par cœur ce couloir, son lino vert marbré – un vert pas frais – et les murs et le plafond peints en crème pâle. La hauteur du plafond est étonnante (la bâtisse doit dater des années 1930), je ne m’y habitue pas. D’ailleurs, j’ai beau le connaître par cœur, ce réseau
 
pourquoi...

Le tampon

[size=16]Il hésita. 200 ? 400 ? Il en avait assez de devoir toujours décider, lui, du nombre d’invités du jour. Il laissa ses jambes sous le bureau se détendre un instant, le temps de penser à autre chose. Paris était une belle ville. Puis il revint à ce document qu’il lui fallait remplir. Au hasard, il inscrivit 400. Il signa et tamponna. Il remarqua un léger défaut sur le tampon. Il regarda de près. Il manquait un tout petit morceau à l’un des quatre coudes de la croix...

Sous un pont

Sac à vin et Sac à puces
Sont sous un pont.
Sac à vin, dans la nuit glacée,
Meurt sous ses cartons.
Qui reste seul au monde sous le pont,
Hurlant à la mort
Encore et encore ?



Clin d'œil au texte deThierry, 
ce petit texte du temps de Short

Les monologues du vacherin

Et allez, elle se ressert. Non mais quelle grosse vache ! Et ce n’est pas son grand verre d’eau minérale pour faire couler qui changera quoi que ce soit au terrible constat : empâtement garanti de la sangle abdominale. Encore que, Bérangère est-elle vraiment dotée d’une telle sangle ? La réponse est comme qui dirait déjà dans la question…
Manon pour sa part, une fumeuse aux dents noires, m’a à peine touché. Il faut dire qu’elle a englouti, à elle seule, la moitié du plat de gratin dauphinois à la crème entière, lequel m’a précédé sur la table. Ses...

John et Johnette (à la demande d'un membre du Bastringue !)

John et Johnette sont sur un bateau. John et Johnette sont sur un bateau comme on n’en fait que chez eux, chez elle, chez lui – ces bateaux vaporeux à l’oxygène du ciel pour tout fioul (le mât est le zénith, sans voile et inutile). La terre fait coque.
 
John et Johnette sont amoureux, pris puis lâchés, parfois, par le désir, mais aussitôt repris. Leur délire est doux tant qu’il se prolonge, leur délire est doux...

Le vendeur de blagues - Notes surréalistes à l’attention des manqueurs de rêve

C’est l’histoire amusante d’un drôle de bonhomme à qui il arrive des choses rigolotes. Un matin, hé, hé, hé, il glissa dans sa baignoire et se retrouva les fesses par terre, les quatre fers en l’air ! Il se releva et regarda dans sa baignoire pour essayer de comprendre pourquoi il avait glissé. Hein ?! Quoi ?! Au fond de la baignoire gisait une peau de banane ! Il se dit que ce n’était vraiment pas de chance de commencer la journée en glissant sur une peau de banane, ah vraiment, quel manque de...

Hypernormalité

Je souffre depuis toujours d’hypernormalité. Contrairement à une idée répandue, l’hypernormalité est un phénomène rare qui ne touche qu’un Français sur deux. La plupart du temps, l’hypernormal ignore son mal et il est même fréquent qu’il se trouve différent des autres, ce qui, précisément, en fait quelqu’un de très normal. Moi-même, je n’ai découvert mon hypernormalité que récemment, lors d’un repas chez mon beau-frère. En parlant de tout et de rien avec lui, j’ai eu, à un moment donné, le sentiment  fugace...

Résumé express

J’ai fumé mon café, me suis rasé les dents, enfilé mon béret à double tour, métro, boulot, boulot, boulot, retour maison. Canapé, Mozart, pense à demain : boire une clope, etc.
Coucouche panier papattes en rond. Zzz.
Fumé café, rasé les dents, etc.

Les Tongs

Les Tongs


On est tous posés sur nos pieds ; entre eux et le sol souvent il y a une semelle qui s'intègre dans un ensemble plus vaste ayant pour petit nom mocassin, sneaker, basket, chausson, charentaise, chaussure de ville, ballerine, sabot, etc. Les chaussures, c'est important, ça vous pose son homme, ça vous donne des ampoules, du style ou des senteurs fromagères. Et quand on en a une bonne paire, on voudrait qu'elle dure. 
Moi par exemple, j'adore les tongs pour la maison, non pas celles pour...

Sur la route de Ouargla

—    Ah, saloperie de putain de vent, et ce sable, ce sable ! Putain, ce sable dans la gueule, ça fait mal ! J’y vois que dalle ! La bagnole ! Je vois pas la bagnole ! Ah, là ! La portière ! Putain de vent, j’arrive pas à ouvrir la portière ! Rémi !
 
[size=16]Elle parvient finalement à ouvrir la portière et monte dans la Land Rover.[/size]
 
—    

Le coin

Ici il faut se battre pour obtenir un coin. Selon comment est calée la tête, certains coins sont plus accessibles que d’autres. Celui que j’ai le mieux me demande juste à tourner la tête à gauche et la baisser un peu : il entre dans mon champ de vision sans trop d’efforts. Mais il ne présente pas beaucoup d’intérêt. Ça va vous faire sourire, mais mon coin est tellement triste que des fois je le fixe longtemps, très longtemps, en me disant que peut-être en fermant les yeux d’un seul coup après avoir regardé très longtemps...

Quand le diable s’en mêle

Victor est grand et large d’épaules, sa quarantaine musclée porte un visage imposant, une mâchoire large, un front haut et des yeux clairs qui cherchent l’horizon. Victor en a fait fuir plus d’un sans lever un petit doigt. Lui qui ne ferait pas de mal à une mouche.
 
Ce matin-là, il est à une terrasse du centre ville en train de boire un café, quand lui vient une idée étrangère, une idée emprunte du mal qu’il n’a jamais fait, ni à une mouche, ni à...
 
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