Sur le rocher où chaque jour est pareil,
Boutriche Amar jette une pierre au soleil,
Et puis il crache, il crache aussi fort qu'il peut.
Prends, chien galeux !
Tous les matins, il sort de son cagibi,
Sous l'oeil d'un garde qui transpire l'ennui,
Pour se livrer à ce curieux rituel.
Prends, chien cruel !
Boutriche Amar,
Si quelque part
Se trouve une île du Bon Dieu,
Alors, des fous sont bienheureux.
Boutriche Amar,
Pauvre bagnard
Tout maigrelet, tout misérable,
Ton île à toi, c'est près du Diable
Que l'on y crève, à petit feu.
Cet écrivain qui t'a souri l'autre jour,
Le coeur ému, sur le bateau du retour,
Pense au brûlot qui clamera vos tourments.
Pendant ce temps,
Boutriche Amar, tu as frappé le soleil,
Tu as craché ta haine sur le soleil,
Ce maudit chien qui te défie tout là-bas.
Tu le tueras.
D'après "Au bagne" d'Albert Londres
Thierry Lazert et Jihelka aiment ce message
LYDIE MARAISVen 5 Juil - 13:01