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SONNET : Douleurs

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16012023
SONNET : Douleurs

Douleurs

Je laisse l'eau salée dévaler de mes yeux
Sur la farine d'orge et la levure fraîche,
Pétris le pain du jour dans un plat qui s'ébrèche,
Et vois par la croisée le ciel en camaïeux.

L'eau du baquet froidit. Force du poignet seul,
Le savon s'amincit, mes mains deviennent rêches.
À présent linge et joues dans le vent tiède sèchent,
Tandis qu'en ces draps blancs, je crois voir un linceul.

Tu viens du cimetière et je baise ta face,
Que le malheur récent de profonds traits crevasse,
Comme la terre aride arrosée de nos pleurs.

L'appétit fait défaut pour le plat qui rissole,
Mais pas loin dans la rue, un pauvre se désole,
Porte-lui, mon ami, soulage ses douleurs.

Thierry Lazert, Blackmamba Delabas, Mila, Elvira, Bella de Vnirfou et Viktor Geté aiment ce message

Commentaires

avatar
Ben j'ai lu plusieurs fois mais j'ai pas compris : plusieurs sujets : la lavandière qui pleureet qui lave, le maître de la boulange incité à pétrir le pain; puis y'a un mec qui revient du cimetière, ; c'est celle qui pleure qui baise la face du mec qui une gueule de zombie ?

 Bref ils n'ont pas d'appétit, ah mais attends c'est pas un pain que fait le cuisinier, c'est des rissoles de légumes..alors t'as du poivron, du persil, de la ciboulette, des petits cubes de tomates, avec des morceaux de salakis...,   mmh !
ben tiens va les porter au pauvre qui a faim.
 On sent la tristesse mais aussi l'odeur de la cuisine, ça rissole et de générosité...Scène d'une ruelle dans médine dans une petite ville du haut Atlas ?
SONNET : Douleurs  QfIIAAAAAElFTkSuQmCC


SONNET : Douleurs  QfIIAAAAAElFTkSuQmCC

Salima Salam aime ce message

avatar
J’aime ce sonnet dont les quatrains semblent défiler comme les heures d’une journée.
Pour moi, le premier fait référence à l’aube où cette femme, comme le boulanger, travaille son pain. Le second nous pousse plus loin dans la journée, où notre personnage nettoie du linge au lavoir (son travail?).
Arrive ensuite le retour du mari, qui selon moi marque la fin du jour et l’heure du dîner que l’on prépare dans le dernier quatrain.


J’aime les références aux larmes dans les 3 premiers quatrains (“l’eau salée” Q1, “les jouent sèchent”Q2, “nos pleurs” Q3). Elles expriment le lourd chagrin qui ne quitte pas le personnage un seul instant de la journée.


Le dernier quatrain, insiste sur le vide, le manque d’envie (le manque de vie?) avec l’appétit qui fait défaut malgré un repas alléchant.
Le “soulage ses douleurs” est très joli car il montre l’empathie, la générosité du personnage pourtant mangé par sa peine immense.
« Soulage ses douleurs » marque aussi (pour moi) une profonde détresse, car le personnage (contrairement « au pauvre qui se désole ») n’a rien pour apaiser momentanément sa propre douleur.


Bref, c’est un poème très triste qui nous fait déambuler dans le cœur d’une personne endeuillée.


Ps : je ne parle pas des champs lexicaux de la mort, du froid, de la blessure... car j’ai pas le temps !

Salima Salam aime ce message

Salima Salam
Merci Petit Chat pour ce commentaire, c'est le plus long et le plus détaillé que tu m'ais consacré. Je vois que je dois continuer la poésie pour avoir ton attention. 
À lire ton comm', je me dis que j'ai tout raté parce que je trouve nulles les pièces dont on doit faire l'exégèse avant de les comprendre. Heureusement, après le tien vient celui d'Elvira qui me remonte le moral. ;-) D'un autre côté, son commentaire est la preuve que son commentaire est bon et pas que mon sonnet est clair, alors au final je reste perplexe.
Et donc comme elle explique si bien : dans mon poème, c'est une femme qui parle. Dans les quatrains elle décrit son travail, à l'aube elle pétrit le pain, puis elle lave le linge, puis son mari rentre lorsque le repas est prêt, mais les deux endeuillés n'ont pas faim, alors ils donnent leur repas en aumône.


Merci Elvira pour votre lecture, c'est tout à fait ça. Je préciserais juste : pas son travail rémunéré, juste son travail domestique, le pain pour la famille et le linge de la famille. Moi, je la faisais travailler un peu plus que vous dans mon esprit, et elle servait le repas du midi, mais finalement ça ne s'est pas traduit en mots alors matinée ou journée, c'est kif kif. 
J'aime beaucoup votre remarque sur "soulager", et parfois soulager chez les autres aide à soulager chez soi.

Elvira aime ce message

Thierry Lazert
Vous avez l’habitude d’écrire des critiques, Salima, plus souvent, il me semble, que vos propres textes.

Celui-ci est une véritable perle, une perle en forme de larme qui me fait penser à celle de La Jeune Fille à la Perle. Même beauté intérieure.

« À présent linge et joues dans le vent tiède sèchent » est mon vers préféré, où la nature vient en aide à cette humble femme. Le fond me touche et la forme est particulièrement bien articulée, je trouve.

Je ne connais pas l’art de critiquer, je m’en tiens à cela. Si j’étais éditeur… :))
DédéModé
Putain ! je le crois pas !... Il a pas compris !... Même ça, il le comprend pas !!
Hé ! Poto ! t'as un kilo de brin dins ches écoutiles oukouô!?... et autint dins ch'cervelle?
DédéModé
Ici aussi la rime B est à revoir (mais il y a nettement moins de travail que là)...
DédéModé
Ah ! Ramadan est passé par là : on partage, à présent ! Bien bien.

Sinon, vous pouvez aussi, et à peu de frais, améliorer, avec le vers 3, l'ensemble de la strophe : 
du lien, queue du diable ! du LI-ANT ! C'est qu'il en faut, Madame, pour faire le pain !
Salima Salam
Et vous n'avez pas trouvé meilleure période pour me parler de ma rime B ?!?! Non mais j'hallucine, vous m'avez snobé mon sonnet pendant, pfffou... 3 ou 4 mois, et maintenant vous me tirez de mon jeûne pour causer rime B avec moi !!!¡¡¡
Du liant pour le pain, dites-moi comment vous faites votre pain, vous, et quelle tête il a à la fin. Moi le liant vient de la farine. 
Bon, ne bougez pas, je pars à dos d'âne et reviens dans une semaine avec du B et du liant si j'en trouve au grand souq.
Salima Salam
C'est votre jour de chance, j'ai fouetté mon âne tout du long, on est rentrés plus tôt que prévu. 


V3 En pétrissant le pain dans un plat qui s'ebrèche,
(Chacha a cru que c'était un impératif, c'est pourquoi il a pas compris)


V6 Le savon s'amincit et ma main devient rêche.
V7 À présent linge et joues, le vent tiède les sèche,


V13 Mais plus loin dans la rue
DédéModé
On pétrit la pâte, Madame, pas le pain !
Du liant aussi pour les vers 6 et 7 ?...

Le sonnet vous commande de plonger dans la langue, Madame, alors exécution !

Salima Salam aime ce message

Salima Salam
@DédéModé
Je vois par la croisée l'aurore en camaïeux.
Sur la farine d'orge et la levure fraîche,
Que je pétris en pain dans un plat qui s'ebrèche,
Je laisse l'eau salée dévaler de mes yeux.

J'entends l'adhan* médian quand de mon poignet seul 
Je frotte au savon dur, d'une main froide et rêche,
Le linge qui bientôt dans le vent tiède sèche
– Comme mes joues – et ce drap blanc semble un linceul. 

Maintenant vous allez me mettre des obels sur salée et croisée, hin ?

Notez mon dodécasyllabe, j'espère qu'il vous plait, c'est mon tout premier. 

* adhan : appel à la prière, ici lorsque le soleil est au zénith, prononcer adhane.

Pehache a écrit:
D'abord, mes compliments, la chose est belle.

Quelques remarques de chipoteur :

- À présent linge et joues : moins bon, à mon avis, d'un point de vue euphonique.

- Au vu du style très « classique » de votre poème, le « pas loin » final m'a un peu heurté. Un « non loin » n'aurait-il pas été plus conforme au style de l'ensemble ?



@pehache
Pehache, merci pour la remarque sur l'euphonie, depuis un moment je rêve d'approfondir mes connaissances là-dessus, je sais pas si j'y arriverai un jour mais je trouve cette science fascinante.


Dernière édition par Salima Salam le Sam 27 Mai - 1:11, édité 1 fois
DédéModé
C'est un trimètre, Patronne, et des plus réguliers ! Il me plaît, oui, je m'interroge seulement sur l'utilité des tirets, comme sur celle de bouleverser le premier quatrain quand il suffisait d'en remanier un hémistiche pour lui donner du liant....

Je ne vous embêterai pas avec ces deux e non élidés puisque c'est une versification néoclassique  
(on pourrait les supprimer mais ça serait autrement plus compliqué qu'apporter les améliorations suggérées).

Salima Salam aime ce message

DédéModé
... Pas si compliqué que ça, finalement !
Allez ! jouons ensemble, voulez-vous ?...

Je laisse l'eau salée ............. mes yeux,
...... sur la farine et la levure fraîche
... .......... le pain dans un plat qui s'ébrèche
Et vois par la croisée .. ciel en camaïeux.


Sœur Anna, vous vous occupez du vers 1 ?
@Vivian , on vous laisse le 2 ?
Le plus compliqué pour le plus qualifié : Pierre-Henry ?
Et vous prenez le 4,  @Mila ?

Mais si quelqu'un d'autre a une proposition qu'il ne se gêne pas, surtout !
Charles ? Alexis ? Jeanne ? CanZoniere et tutti quanti ?
DédéModé
Je le tiens, votre tout premier sonnet (presque !) classique, Patronne ! 
Vous pourrez bientôt l'encadrer dans la chambre de vos petites pour qu'elles s'endorment en le lisant et relisant, comme on compte les moutons.
En attendant, vous avez jusqu'à la fin de l'Aïd pour le trouver vous-même (s'il faut vous le mettre ici à la manière du premier quatrain, vous le dites).

Salima Salam aime ce message

Salima Salam
Ça alors, avec le redimensionnage des avatars, vous êtes devenu joufflu ! L'étriqué etait plus seyant, je dois dire. 

Bien laissez-moi un peu de temps, que j'enclassicise tout ça. Je le veux 100% classique. Pas de néo. Je repasse. 

Thierry, merci pour votre commentaire. Il me fait très plaisir. Je suis désolée pour le vers qui vous plaît, je dois y toucher un peu. Vous savez, c'est la faute à Muse, elle comprend pas ces petites affinités qu'on peut avoir, comme ça, avec une formulation pas normative.
DédéModé
Ah ! mais alors il vous faudra supprimer une rime, Madame ! et ça, c'est une autre paire... si je puis dire !
Salima Salam
Merci de ne pas me parler de votre paire. Au fait, le petit est un mâle, je suis sûre maintenant. Et laissez-moi le temps de réfléchir à la question du classique. Rdv après l'Aïd. Tchao.


Dernière édition par Salima Salam le Jeu 6 Avr - 11:56, édité 2 fois
DédéModé
Je vous en prie, Madame, je ne parlais que de rime, allons, allons.

Salima Salam aime ce message

Garcia Alexis
Il m'a semblé être invité à boulanger.


Je laisse l'eau salée s'en aller de mes yeux,
Pleure sur la farine et la levure fraîche,
Ce qui sera le pain, dans un plat qui s'ébrèche,
Et vois par la croisée mon ciel en camaïeux.

Salima Salam et jfavrej aiment ce message

Salima Salam
Merci beaucoup, c'est très bien pétri. Juste le -ée du premier vers dérange mes aspirations classiques (oui, juste aspirations, pas encore aboutissement, mais j'y travaille). 
Le "mon ciel" me dérange aussi, mais seulement parce que les possessifs me dérangent parfois, et surtout en cuisine, on entend parfois des recettes de type "versez votre farine dans votre récipient, battez vos œufs en neige", etc, et je préfère un article pas possessif. Mais comme je disais, juste une inclinaison personnelle, rien de rationnel là-dedans. 
Mais le "salée s'en aller" est bien tourné !
Sur v3, il semble que la locutrice pleure le pain et pas un être humain, du moins c'est ambigu,
Garcia Alexis
Vous disiez Salima : "Pehache, merci pour la remarque sur l'euphonie, depuis un moment je rêve d'approfondir mes connaissances là-dessus, je sais pas si j'y arriverai un jour mais je trouve cette science fascinante."


La cacophonie est un procédé au même titre que l'euphonie. Selon le propos, on recherche l'harmonie phonique ou au contraire discordance, voire stridence. Dans votre vers : "À présent linge et joues dans le vent tiède sèchent," le son "j" revient vite d'où une impression d'empâtement renforcée grammaticalement et stylistiquement par l'attelage de "linge" et "joues" et l'absence de déterminants. Est-ce en contradiction avec le sens ? Il est clair que non. En ce qui concerne les valeurs intrinsèques des phonèmes, je vous recommande une plongée en apnée dans un tableau de phonétique française. Idéalement, un tableau qui reprend les termes évocateurs de "fricatives", gutturales", "sifflantes"...

Salima Salam aime ce message

Salima Salam
Merci beaucoup pour ces informations.
Salima Salam
@Garcia Alexis
Voilà, je repasse, j'ai été interrompue ce matin. J'ai découvert l'euphonie sur Oniris, il y a là un membre appelé Ferrandeix qui est très pointu sur la question. Tellement d'ailleurs, que je suis certaine de ne jamais vouloir écrire complètement euphoniquement, ça me paraît trop contraignant. Mais j'y ai trouvé des pistes de réponses sur des choses qui m' intriguaient depuis que j'étais petite. Par exemple, pourquoi "Martine et François" sonne mieux que "François et Martine". Cacophonie. 

De toutes façons, je dois reprendre ce sonnet, pour le rendre classique, alors je vais tâcher de regler cette cacophonie.
Garcia Alexis
S'ils sont ensemble, on dit "Martine et François", euphonie liée selon moi à l'élision à la fin de Martine, on lit et on lie alors les deux prénoms comme un seul syntagme, avec un seul accent tonique ; s'il sont séparés, "François et Martine", cacophonie, car deux accent toniques. Est-ce que ça marche avec "Martin et Françoise" ? Mon oreille dit "oui". La formulation cacophonique a l'avantage de poser les individualités, réservons-là à un usage réaliste, l'euphonique est doucereuse évidemment, ne disons pas trop qu'elle est idéaliste.

Salima Salam aime ce message

Salima Salam
Ouh la la, je l'avais laissé en plan, ce sonnet. Maintenant il est tout déguenillé. Je ne sais même plus ce qui cloche.

@DédéModé ? Help !
DédéModé
J'avais dû prendre des notes, heureusement ! Mais quand même, ça va être compliqué d'y revenir...

Salima Salam aime ce message

Salima Salam
Oui. Surtout que je suis nulle à réécrire des sonnets. Vous pourriez me dire qu'il est parfait rn l'état, que je ne dois surtout rien y toucher, ça règlerait le problème, hmm ?

Viktor Geté aime ce message

Garcia Alexis
Bonjour,

Réécrire n'est pas nécessairement gommer. C'est revenir un peu en arrière et choisir un autre chemin. Il n'est pas utile de supprimer le premier texte. Je recommande les carnets de Francis Ponge. On y apprend l'humilité intellectuelle qui devrait habiter tout créateur, mais aussi le courage, la ténacité, le simple bonheur de l'entraînement.

Bonjour,
Jihelka
- Que faites-vous, m'amie, dans ce plat qui s'ébrèche ?
- Notre pain, pauvre con, puisqu'on est dans la dèche !

Viktor Geté aime ce message

avatar
A relire plusieurs fois pour en saisir le(s?) sens ou le(s?) son. 

Pour l'anecdote: dans le temps j'ai connu une fille qui s'appelait Remedios (Remèdes), et dont la mère se prénommait Dolorès (Douleurs).

Salima Salam et Jihelka aiment ce message

Jihelka
Dolores avait des bleus à l'âme et priait Saint Thol.

Salima Salam et Viktor Geté aiment ce message

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