Paysage du Nord
La route, entre deux rangs de peupliers ou d'ormes,
Allonge, dans le jour maussade de l'hiver,
Son bas-côté boueux, ses vieux pavés difformes,
Et son trottoir étroit poudré de mâchefer.
Tous pareils, les champs bruns aux sillons uniformes
S'étendent sans relief. À l'horizon couvert,
Un four à coke ouvrant quatre gueules énormes
Jette dans l'air fumeux une lueur d'enfer.
Au lointain, un village et des corons de mine
S'appuient contre un terris, sombre et maigre colline,
Seul accident du sol qu'on puisse apercevoir.
Et rigide au-delà du tas croulant de schiste
Un grand chevalement, clocher du pays noir,
Découpe son carré d'acier sur le ciel triste.
Terris (sic)
Demain, Monsieur, pour vostre peine, vous aurez droit aux Flamants d'arrière-cour d'estaminet et leurs « trognes vi-olettes »...
P-S : Y a des moments où... non rien, j'allais dire une connerie : où je me demande si j'aurais pas préféré vivre à son époque, à l'auteur, mais non : c'était encore pire que maintenant !...
Sur la plaine fertile où trépasse l'hiver,
Au bord de la forêt que dominent les chênes,
Les complices de crime au nom de dieux obscènes
Se dressent en témoins du froid siècle de fer.
Entre leurs pieds s'ouvraient les portes de l'enfer
Par où l'on s'engouffrait dans un fracas de chaînes
Vers le fond de l'entraille en un réseau de veines
Où gisait la richesse au sein du mâchefer.
De la maigre scorie est née une montagne
Qui seule fume encor sur le carreau qui stagne
Et la vie explosant à sa douce chaleur
T'invitera bientôt au paradis sur Terre...
Mais des ogres d'acier s'élève une rumeur :
Entends ! le hurlement de l'Âme de naguère.
Dernière édition par DédéModé le Mer 22 Fév - 20:42, édité 1 fois
DédéModéMer 22 Fév - 19:50