Salut tout le monde, voilà ma première tranche de saucisson… Le sujet de la perruque m’intéresse et j’essaie de faire un petit truc. Merci d’avance pour vos lectures et vos critiques !
LA PERRUQUE
I
Perruquer : « Fraude de l’ouvrier, qui détournant quelque matière appartenant à son employeur, la travaille à son profit » Larousse 1979
Quand j’ai vu le Riton arriver, ce matin, j’ai tout de suite su que notre journée allait être compliquée. Ses deux sourcils broussailleux se rejoignaient au-dessus du nez, il n’avait pas gominé les bouts de sa moustache et pour finir il avait gardé le même froc que la veille. Soit il avait pris une belle caisse hier et il ne savait pas où il avait dormi, soit sa Christiane l’avait tellement emmerdé, qu’il avait fini par dormir dans sa R5. En tout cas, il y avait un truc qui l’avait contrarié le Riton.
A l’atelier, on attendait la visite de M. Pitanga. Nous nous étions préparés, tous.
Tous sauf Riton.
Riton, il n’y a guère que moi qui arrive à le canaliser. Il m’aime bien, je ne sais pas pourquoi. Je suis son chef, pourtant, mais j’ai tellement de chefs au-dessus de moi, que ça ne doit pas compter pour lui. Il m’appelle « Gamin ». C’est vrai qu’il a 12 ans de plus que moi et qu’il en a usé des chefs.
Il est rentré à 15 ans comme apprenti SNCF, il en sortira dans 2.
A 16, il avait déjà compris qu’il resterait freiniste toute sa vie, alors il s’était syndiqué, s’était laissé pousser des cheveux sales et un ventre de notaire respectable, pour être respecter. Et puis, il avait cessé de parler, il s’était mis gueuler. Et comme ça ne suffisait pas pour lui faire avaler la mutilation que lui impose l’ordre ouvrier, il avait commencé à perruquer.
A Saint-Quentin, il y a trois catégories de bonshommes : Les canards, c’est le petit nom que donne Riton, à ceux qui se mettent à genoux pour lécher les pompes du chef d’atelier quand il a réussi à leur obtenir une augmentation d’1.6 % en fin d’année. Les faucheurs, ceux qui ne se contentent pas des 1.6% et qui se dédommagent en fonction d’une règle propre à chacun et enfin les perruqueurs. La parole d’un perruqueur vaut 20 fois la parole d’un faucheur qui vaut, elle, 20 fois la parole d’un canard. On a fini par ne plus écouter caqueter les canards.
Ce matin, donc, Laurence la comptable et Sylvette la secrétaire, avait mis leurs jupes les plus serrées, leurs talons les plus hauts, des nappes en papier sur la porte des vestiaires qu’on avait posé sur des tréteaux. Les canards s’étaient donnés un coup de peigne étudié, les faucheurs cherchaient la planque des « munitions » et Riton était arrivé « à l’envers ».
J’avais décidé, la veille, de ne pas rappeler à Riton, que nous avions une visite prestigieuse. Je préférais le prendre par surprise, une feinte de passe en quelque sorte. J’imaginais qu’il aurait moins de temps pour pourrir la visite et le buffet. C’était sans compter sur ses ressources.
J'aime beaucoup, je voudrais bien la suite. Je préfère faire un comm' général tout à la fin. Tu sais déjà combien de tranches tu présentes ?
Salima SalamMar 4 Jan - 17:59