J'ai pris ma planche et j'suis allé voir si Thierry voulait en faire avec moi. Il a dit : "Ouais ça marche." Il a pris sa planche et on a commencé à tourner, freiner, faire du sur-place, s'arrêter.
Rien qu'à jouer les toupies sur les roues arrières, on était contents.
On était loin des slides des flips des switchs, mais on avait l'équilibre et on savait tomber en sécurité.
J'étais plus doué que Thierry, mais un peu en douce, à ma manière quoi ; dans son dos. Je craignais trop ses moqueries de jaloux en direct devant sa face hilare. Sl'a m'faisait trembler les guibolles.
Et en skate faut avoir de bonnes pattes. Qui assurent, quoi. Des pattes qui suivent les pieds. Pas l'inverse.
En tombant en arrière on pouvait se gameller duraille. Tu m'as compris tu m'as.
J'm'étais juré de devenir le big bos du dropp, des gaps, de faire des ollies "plus-que-perfect" comme disait la prof d'Anglish; bref, j'ambitionnais de mettre les copains minables de chez minables.
Sauf que pour toussa fallait un terrain spécial skate ou au minimum un escalier. Ou une pente qu'on remonte pas paresseux après avoir été projetté en bas de la dite pente. Je crois bien que l'expression est remonter sa pente...(Eh eh, j'ai d'la cultivance moi !)
Bref, le bête parking tout plat commençait à nous gonfler et on phosphorisait pour s'en casser en beauté.
A ce moment là Chris s'est radiné.
Il faisait le museau comme dab, et pire encore, son museau frétillait style/genre mauvais temps sur le campement.
Chris n'avait pas skate. Il faisait des scènes à ses vieux tous les soirs à ce sujet quoi.
Alors on a planqué nos planches. Aujourd'hui avec les années, je me demande pourquoi je ne lui ai pas prêté la mienne. Tout simplement.
J'ai proposé une partie de ping-pong. Chris a proposé du foot. Bien sûr, c'était son truc.
J'ai pris le ballon fluo et on a couru jusqu'au stade des pros. Avec de l'herbe des buts. Du sérieux.
Arrivés là-bas. Y'avait du vilain.
Les frères Queurot des Laotiens, étaient en train de se fritter.
Gaby était petit style/genre poids demi-mouche. Sa force de jaune était compacte. Il pouvait te bondir sur le râble tel un chat enragé.
Moi j'étais goal et totalement ambidextre. Ce qui donne une longueur d'avance face aux emplâtrés du ballon rond.
On commençait à jouer quand Momo est arrivé.
Sans qu'on ait eu le temps de remonter nos futals, Gaby s'est jeté sur une moche mob qui poirautait contre un peuplier.
Il l'a soulevé sans effort au-dessus de sa petite tête de Niakoué furibard et l'a balancé vers Chris et Momo.
Dieu merci, ils ont esquivé ct'e mob bomba de justesse.
J'ai dit à Thierry que vient on se casse sont des oufs ces mectons. ( nda =Il s'agit de dil pour les non initiés = discours indirect libre qui accélère le discours sans marqueur de parole. On entre direct dans la conscience du narrateur.)
Il a dit ok j'arrive.
Le chien-loup commençait. Derrière nos épaules, sur le stade bleu givré, Gaby a hurlé : "Bruce Lee c'est mon chef !"
Du coup on a laissé le ballon.
(je préfère quand même l'original, pour ma part = plus dans l'esprit d'enfance, vous m'en excuserez, chère Duchesse)
DédéModéVen 1 Mar - 13:38