Toucher le fond, par BéLou
Toucher le fond, regarder le ciel, mais d'en bas. Être seul, comme si le reste était endormi : le bruit, les gens, la lumière. Cette impression de flotter paisiblement comme dans un rêve.
Ce calme et cette tranquillité que ne peut apporter cette société. Les pensées qui se bousculent, et ma tête qui me brûle. Mes poumons, sous-oxygénés qui font face à la pression. Mon esprit qui s'endort et mon corps qui se bat, je me dandine, je me tortille.
Dansant la musique de la survie. Impossible de me débarrasser de mes poids : au secours, je me noie !
La découpe des paragraphes : le premier comporte trois phrases, mais devrait inclure la quatrième qui développe encore l'idée de paix et d'harmonie.
Construction grammaticale très répétitive : des phrases nominales formées toutes de substantifs ou verbes à l'infinitif et des phrases subordonnées ("que" x1, "qui" x5). La seule phrase principale est celle de la chute. Alors là, je dois reconnaître que ma critique se heurte à un fait : ce choix syntaxique tout au long du texte fait très bien ressortir le cri final, son émotion et sa spontanéité.
Répétitions : usage abusif des déterminants démonstratifs ce et cette. "Ce calme et cette tranquillité" est justifié puisqu'ils sont déterminés dans la suite de la phrase. Mais "cette impression" et "cette société" n'ont pas de raison d'être mis en relief.
Répétition de "comme" dans la deuxième et la troisième phrase, la comparaison aurait dû être remplacée par une métaphore dans un des deux cas.
Erreur de virgule : "mes poumons, sous-oxygénés qui font face à la pression" devrait être "mes poumons sous-oxygénés, qui font face à la pression."
Au niveau des idées et images, il y a un problème de cohérence.
Phrase 2 : le narrateur éveillé, le reste endormi.
Phrase 3 : le narrateur endormi qui rêve.
Phrase 4 : le narrateur éprouve le calme.
Phrase 5 : les pensées du narrateur ne sont pas calmes (ok, si c'est la transition du premier état au second, ça se comprend).
Phrase 7 : esprit qui s'endort alors que les pensées se bousculent deux phrases auparavant ?
Mon esprit qui s'endort et mon corps qui se bat, je me dandine, je me tortille. C'est le rythme de l'alexandrin blanc, suivi d'un parallélisme.
Les images sont positives, même cet instant de sur-vie n'est pas dramatique, il est plaisant.
La première lecture – celle de la découverte de l'histoire, celle qui n'analyse pas – m'a plu, la chute fait sourire (j'imagine bien que quelqu'un va tirer le pauvre narrateur de cette mauvaise passe pour qu'il raconte son histoire), mais à mon avis, la pensée qui précède ainsi que l'écriture devraient être appréhendées avec plus de rigueur, d'intransigeance, en pesant les mots, et l'ensemble ne résiste pas à la deuxième lecture.
Malgré les insuffisances, un drabble léger avec un regard décalé qui lui confère une touche fraîche et poétique.
Marie Derley aime ce message
Salima SalamDim 8 Jan - 13:25