En mémoire de mon ami Patrick Dubreuil

Cher Patrick,

Tu es parti. Il reste derrière toi un grand vide dans mon cœur. Tu as été pour moi un critique sévère, un guide patient, un ami insupportable et adorable, une permanente ébullition, un grand écrivain et un musicien de talent.
C'est toi qui m'as conseillé de fonder le Bastringue littéraire, toi qui a proposé le nom, toi qui m'as encouragée, toi qui l'as quitté sur un de tes coups de tête de bois.
Les gens ne deviennent pas parfait après leur grand départ, je ne vais pas te présenter comme un ange, ça t'irait si mal. Mais je tire le voile de la pudeur sur le million de choses que j'avais à te reprocher, et sur les deux milions de choses qui m'attachaient à toi.
Tu es parti, tu as maintenant la réponse à ces grandes questions qui nous ont si fréquemment divisés, tu sais ce que je te souhaite et tu sais combien je te l'ai souhaité.

Adieu, cher ami.

Nécrologie, de Marie Pra.

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À Patrick D.

Que reste-t-il, Ami, de nos conversations ?
Tu m'as certainement mis du plomb dans la tête, 
Et dans le cœur, et je criais : "Ta gueule, arrête !"
Après trois jours de rage, ou plus, nous nous calmions.

Que reste-t-il, Ami, de ton rire moqueur ?
Tu m'as certainement raillée jusqu'à l'excès,
Moi je crachais des mots blessants, durs et vexés,
Avant de te comprendre et dépasser ma peur.

Que reste-t-il, Ami, de soixante-dix ans ?
Ton nom sur des écrits, ta voix sur du vinyle,
Ton souvenir, qui me submerge et annihile
Mon rêve de croiser tes regards bienveillants.

Le sable est si rapide, comptant le temps qui passe...
Tu as rejoint les Morts, destin de tout vivant...
Le mur est si solide, qui me tient à ma place...

Si j'avais pu pousser, juste pousser d'un cran,
Quelques coordonnées du temps et de l'espace, 
En terrasse on aurait papoté bien longtemps...

Laissons temps et espace nous réunir pourtant,
Si ce n'est ici-bas...

Avec mon profond respect et mes sincères condoléances.