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Un chien nommé Désir

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17022023
Un chien nommé Désir

A la suite du décès de mon épouse, terrassée par un cancer, je me suis vautré dans la lecture. Comme évasion, c'était aussi efficace qu'une main ouvrant la cage d'un oiseau. Sauf que, moi, je battais de l'aile métaphoriquement. Le grenier était bourré de vieux livres ayant appartenu à mon grand-père. Je m'étais refusé à les vendre à des bouquinistes. Je n'avais besoin ni d'argent ni de place. Il y avait, là-haut, les premières éditions des romans de Jules Verne. Les pages en étaient jaunies, et certaines s'émiettaient au toucher. J'avais acheté des versions plus récentes, histoire de « boucher les trous ». Les séances de collage m'avaient pris des journées entières. Il m'arrivait de délirer lorsque je maniais les ciseaux, imitant Edward aux mains d'argent.
Je soufflais sur les toiles d'araignées afin de libérer les mouches prisonnières des terribles rets. Je dégainais une allumette et en menaçais les piégeuses qui pendouillaient au bout de leurs fils. Elles remontaient illico, avec la dextérité de Tarzan utilisant une liane pour faire le yoyo. Je riais bêtement, comme retombé en enfance. Je parlais aux ombres, redoutant l'absence de soleil. Hermétique à la foudre, j'insultais les cieux, lorsque l'orage me privait de mes grises copines. Les roulements de timbales du tonnerre ne m'effrayaient guère, mais ce staccato de machine à écrire, doigts invisibles pianotant sur la lucarne, m'était insupportable.
J'avais le tort de raconter mes péripéties, sous les combles, à mes amis. Ils m'écoutaient, tout sourire, lors de nos sorties au resto, me faisant remarquer que ces épisodes se reproduisaient trop souvent pour être vrais. C'est tout juste s'ils ne me traitaient pas de mytho. Je me fâchais tout rouge, et la conversation déviait sur un sujet plus terre à terre. Nous étions quatre amis d'enfance, mousquetaires sans particules ni panache.
Je ne pouvais pas leur en vouloir, ils craignaient pour ma santé mentale. Raoul, le doyen du groupe, qui dirigeait un refuge pour animaux de compagnie, m'avait conseillé de prendre un chien.
« Tu verras, il te fera oublier tous tes soucis. C'est une gomme à mauvais souvenirs. Et il t'en créera de nouveaux, tellement plus doux. »
« Et pourquoi pas un chat ? »
« Parce qu'avec un chat, tu ne seras plus chez toi. »
« Et je serai où ? »
« Chez lui. »
 
Je me revoyais, m'inquiétant parce que j'arrivais au bout de la pile de vieux livres. Il y en avait d'autres, beaucoup d'autres, mais je n'avais pas vraiment envie de les lire.
Jules Verne, c'était une frustration remontant à mon enfance, quand je pestais parce que je ne savais pas lire alors que mes parents m'amenaient au cinéma pour voir 20 000 lieues sous les mers ou Voyage au centre de la Terre. Je voulais que les images soient enrobées par des mots.
Mon grand-père était déjà décédé, à l'époque. Je me contentais d'admirer les reliures « plein or ». Maman me disait que, plus tard, ils seraient miens.
« Leur présence te rendra doublement riche. Tu les revendras à des bouquinistes qui t'en donneront un bon prix. Mais tu les liras, avant, d'accord ? »
Et puis j'avais rencontré mes vieux amis, alors en culottes courtes, et zappé cet intérêt pour la lecture des romans de l'auteur nantais.
 
Raoul m'a invité à venir faire un tour au refuge.
« Tu pourras en choisir un et le balader. Si le courant passe... »
« Mais ça doit puer... »
« On nettoie les cages tous les jours. »
« Parce qu'en plus, ils sont en cage comme des oiseaux ? Ils ont des ailes qui leur poussent dans le dos, je parie »"
Il avait haussé les épaules.
« Alors... Tu viendras ? »
« Peut-être. Je ne te promets rien. »
« Tu n'auras qu’à m'appeler pour m'avertir de ta venue. »
Et il avait griffonné un numéro de téléphone sur un bout de papier. Je l'ai regardé faire en me disant que s'il avait eu l'âme d'un artiste, il aurait aligné les chiffres sur un coin de nappe.
 
*
 
Un samedi matin, ma décision fut prise.
J'avais rêvé que je marquais d'une croix jaune les arbres à compisser, sur le boulevard. Ce n'était pas destiné à un chien, non. Vous devinez à qui. Je m'étais réveillé alors qu'un bûcheron arrivait, très énervé, la hache entre les dents. L'aube m'avait libéré de ce cauchemar. Après un petit-déjeuner copieux, j'ai téléphoné au refuge et j'ai demandé à parler à Raoul. Une voix de femme m'a fort aimablement répondu qu'il s'était absenté, me proposant de rappeler dans une heure.
« Ce ne sera pas nécessaire. Dites-lui que Franck a appelé. Il comprendra. Merci, au revoir. »
Deux heures ont passé. Rien. La nana m'avait-elle oublié ? Je connais bien Raoul, il est zélé, il aurait décroché quand même le téléphone. Quelqu'un a toqué à ma porte. C'était lui. Sa franche poignée de main m'a brisé quelques phalanges. J'avais l'habitude, mes os cicatrisent vite.
« Béatrice m'a dit que tu avais contacté le refuge. Allez, viens ! Je vais te présenter des amis. Nous ne fonctionnons pas sur catalogue. »
« Comme au bordel… »
« Si tu veux. Mais même au bordel, on a sa chouchoute. Celle avec qui on veut passer le plus de temps possible. »
« Oui, mais on ne l'épouse jamais. »
Sur le chemin du refuge, nous avons papoté.
« Amène-toi ! Tu vas passer en revue les cages comme un général face à son armée. »
« Ce sont des chiens de combat ? »
« Oui, voilà. Et les chats sont des snipers. Ils se perchent sur les toits et... »
A peine descendu de voiture, j'ai entendu aboyer. J'ai simulé de me boucher les oreilles. Raoul a hurlé quelque chose, et le silence est revenu.
« Les plus anciens, ici, obéissent à la voix. Les nouveaux, c'est selon leur humeur. »
« Vous avez nettoyé les cages... »
« Oui, pourquoi ? »
« Parce que ça sent l'eau de Javel. »
« Quoi ? »
« Non, je plaisante. Alors, on la commence quand, cette revue de détails ? »
« Suis-moi ! »
Tous les chiens m'ont fait la fête. Ils étaient nourris, logés, mais cela ne suffisait pas, apparemment. Raoul a déclaré solennellement qu'ils avaient besoin de recevoir de l'amour, précisant qu'ils avaient aussi besoin d'en donner.
Il me parla d'un type qui avait choisi le moins sympathique parmi la meute. Il se tenait au fond de sa cage, tournant le dos, la truffe collée au mur, comme s'il avait été « envoyé au coin » par l'instituteur. Il ne lui manquait que le bonnet d'âne. L'homme l'avait adopté et en avait été content jusqu'à sa mort. Le refuge avait récupéré le pauvre animal qui était parti, un matin, las de vivre sans son vieux maître.
« Tout ça pour te dire qu'il ne faut jamais se fier aux apparences. »
Celui que j'ai choisi se tenait un peu en retrait de ses colocataires.
« Lui ? C'est Désir. Un griffon de trois ans. Tu veux le balader ? Attends, je te donne une laisse. Tu vois, le champ, là-bas, il est à vous. C'est l'heure de la promenade. »
« Comme en prison... »
Il y eut une explosion d'aboiements. J'ai pensé que les autres m'en voulaient de les avoir bannis de mon choix.
Je suis revenu au refuge, une heure plus tard, les bras en compote à force d'avoir tenté de retenir Désir qui avait une force de taureau.
« Alors ? »
« Alors, c'est lui qui m'a promené. Un vrai chien de traîneau... »
Raoul éclata de rire, mais son visage s'assombrit lorsque je lui ai dit que j'allais réfléchir.
« Tu reviens quand tu veux. Je te tiens au courant s'il a trouvé un maître. »
J'avais tiqué.
« On a droit à combien de balades avec un même chien ? »
« Autant qu'il faudra pour vous adopter l'un, l'autre. »
Je suis passé devant la cage des chats. Ils dormaient presque tous. Deux d'entre eux me fixaient comme si j'étais une souris. Je leur ai fait un pied-de-nez, et ils ont feulé.
« Eux, ils n'ont pas envie d'être adoptés. » pensai-je dans un sourire.
 
*
 
Cette nuit-là, j'ai rêvé que je racontais une histoire à Désir pour le calmer. Il commençait à claquer des mâchoires. Il avait été énervé par la présence de chats en rut, qui se battaient sur la terrasse. Ils venaient souvent y copuler, et mon chien n'avait qu'une envie : les empêcher de se reproduire.
J'ai improvisé, comme souvent, mais cette fois, j'ai senti que Désir était scotché par l'histoire. Il était assis sur son derrière, sa queue battant au rythme de mes mots. Je me balançais sur le vieux rocking-chair de mon grand-père et regardait le plafond où des ombres transformaient le lustre en mappemonde. Elles m'inspiraient.
J'ai très vite remarqué le silence. Je me suis dit que mon chien s'était endormi, après avoir fléchi, comme au ralenti, sur ses pattes. Un chat eût ronronné, lui grondait, les yeux mi-clos. La sensation d'avoir anesthésié un fauve en utilisant un fusil hypodermique. Je me suis réveillé après avoir vu qu'un enfant était assis en tailleur, à sa place, et me souriait.
Revenu dans le vrai monde, j'ai respiré lentement comme si je remontais d'une plongée en apnée. J'avais reconnu le gamin. C'était Raoul à l'âge où j'avais fait sa connaissance, en même temps que celle des deux autres « mousquetaires ».
J'ai été incapable de me rendormir. J'ai continué de fixer le lustre, déserté par les ombres, jusqu'à l'aube. La matinée a coulé mollement sur le quartier. Il faisait chaud et j'ai pensé à tous ces chiens qui devaient être sur les nerfs et se mordre. Raoul m'avait dit qu'ils craignaient plus l'été que l'hiver. Que trop de soleil les rendait fous. Plus que la pleine lune, en tout cas. Il les avait comparés aux taureaux des courses camarguaises devenant féroces, derrière les raseteurs, quand le mistral s'époumonait sur le sable de l'arène comme on souffle une bougie.
J'ai pensé à Désir, revivant notre balade, réagissant au quart de tour lorsque je lançais la baballe du refuge ou une branchette ramassée dans le champ. J'avais du mal à avouer que j'avais passé un bon moment. Que cet animal m'avait donné de l'importance, me redonnant le moral. Que j’étais déjà irremplaçable dans sa vie de chien. Et que, peut-être...
Le téléphone a sonné. Raoul.
Quelqu'un s'était pointé au refuge et avait adopté Désir.
« Tu n'as pas de chance. Il n'a pas accepté de suivre son nouveau maître. C'est la première fois que ça arrive. Je crois que tu lui avais tapé dans l'œil. Il y a d'autres toutous qui pourront t'intéresser. Tu reviens quand tu veux. Je t'attends. »
J'ai raccroché. L'impression d'être cocu.
Ridicule.
 
Je n'ai rien pu avaler, ce jour-là. Je repensais à mon rêve. J'y jouais le rôle du grand-père racontant une histoire à son petit-fils...
« La prochaine fois, tu seras vieux et l'enfant, en t'écoutant, deviendra un chien. Un griffon. Et ses parents, surtout ta fille, vont t'engueuler comme jamais. »
Je n'entendais cette petite voix que lorsque je passais à côté de quelque chose de grand. Comme la fois où j'avais rencontré la femme idéale et pris la fuite parce que la vie de couple était, à mes yeux, le contraire de la liberté. Il avait même été question de fiançailles. J'avais été à deux doigts de déménager, infâme désertion, car incapable de rompre. Face à l'amour, je n'étais guère courageux, comme la plupart des hommes.
 
Les nuits suivantes ont été pénibles, notamment celle où j’ai rêvé que Désir grattait à la porte, en pleine nuit. J'ignorais comment il m'avait retrouvé. La piste était parsemée de pièges, chauffards, croquettes empoisonnées, chiens tellement plus gros. Comme un imbécile, je m'étais levé. J’avais descendu les marches en les survolant. Parvenu sur le pas de la porte, je me suis surpris à l'appeler. Un type passa, visiblement éméché, et son index tapota sa tempe. J'eus honte.
Je suis retourné me coucher, la tête basse, glissant sur chacune des marches, risquant de me rompre le cou.
« Si je tenais ce type qui... »
La petite voix m'interrompit alors que le lit m'accueillait une seconde fois, cette nuit-là.
« Et tu feras quoi ? Tu le buteras ? Les chiens ne sont pas acceptés en prison. »
 
*
 
J'ai longtemps souhaité avoir fait un rêve prémonitoire, mais non, toujours pas la moindre paire de pattes griffues pianotant mécaniquement sur la porte pour m'avertir de la présence d'un chien pressé d'entrer.
Et tous ces chats qui miaulaient à la lune, sur la terrasse, du soir à l'aube.
Lui serait une solution contre cette nuisance. Tellement mieux que les croquettes empoisonnées. Je ne voulais pas la mort de ces matous bruyants, juste l'égoïste délocalisation du problème.
Chaque fois que le téléphone sonnait, je courais d'une pièce à l'autre, comme attendant le coup de fil d'une petite amie. Je voulais que cela cesse, alors j'ai décidé d'appeler Raoul pour lui demander l'impensable. Je n'ai point demandé son avis à la petite voix qui, adepte du monologue et donneuse de leçons, ne me répondait jamais.
Il était très agacé après que je lui avais demandé le nom et l'adresse du type qui avait adopté Désir.
« Tu es devenu fou ? Je suis sûr que tu as prévu de faire une bêtise. De toute façon, je n'ai pas le droit de te... »
« Même à un vieil ami ? »
« Surtout à un vieil ami... »
« Allez, ce n'est pas comme le secret médical, quand même... »
« Si, si, justement. »
Je me suis dit que j'aurais dû m'enivrer pour avoir le courage d'insister, mais là, j'ai laissé tomber. Et puis, je ne m'attendais pas à cette réaction de sa part. Je l'avais trouvé particulièrement froid. Pourquoi avait-il subitement revêtu le costume d'un gérant de refuge, avec moi ? L'avais-je, à ce point, déçu ?
J'ai passé la nuit à repenser à la promenade dans le champ. Au regard de Désir. Dix minutes après avoir tiré sur sa laisse, il avait décidé que celui qui était à l'autre bout avait tout d'un bon maître. Alors il avait été prompt à ramener la baballe, et ses léchouilles ne m'avaient point dégoûté, comme je le craignais. Au contraire, je me suis senti devenir important aux yeux de quelqu'un.
Raoul a rappelé, le lendemain matin. Il semblait moins distant, et m'a même demandé en rigolant si j'avais bu, la veille. Un comble.
« Tu as de la chance... Un autre griffon a été trouvé errant sur le bord de la route. Il a un collier, mais si personne ne vient le récupérer, tu... »
Je lui ai raccroché au nez et je me suis précipité sous la douche. Je me rappelle, ce jour-là, avoir accumulé les tasses de café, comme souvent lorsque j’étais contrarié. D'autres, c'est l'alcool ou les antidépresseurs. Quelque chose montait en moi, qui s'agrippait à ma peau, enfonçait ses griffes profondément, et ressemblant étrangement à une grosse déprime. Raoul qui me parle de chance alors que...
ALORS QUE C'ETAIT TOUT LE CONTRAIRE !
Il n'y avait pas de doute, il s'était foutu de ma gueule.
Ce type qui m'avait volé Désir... Comme un homme enlève la femme que vous aimez, une semaine avant le mariage.
Je suis entré dans une rage folle, injuriant l'espace, les murs, Dieu. Je suis monté au grenier et j'ai shooté dans les piles de livres. J'étais Godzilla et je m'apprêtais à détruire la cité d'encre et de papier. Chacun de mes mouvements était imité par des ombres semblant s'ingénier à agrandir les lézardes qui transformaient le grenier en organe bouffée par le cancer. Et j'étais la tumeur qui boxait le cerveau de la maison comme un sac de frappe.
Je m'étais défoulé de la plus stupide des façons. Des pages jaunies voletaient encore, telles des feuilles d'automne, lorsque j'ai déserté les lieux. Oui, mais nous étions au cœur de l'été, et tout mon corps pleurait. Je suais à grosses gouttes salées.
 
Les nuits glauques, aigreurs d'estomac, haleine de bouc, borborygmes, se sont enfilées comme des perles, à un train d'enfer. Mais c'est moi qui déraillais. La journée, je montais sous les combles afin de ranger ce que j'avais envoyé en l'air. Je me suis dit que, pendant que je remettrais de l'ordre dans les pages des romans de Jules Verne, je ne penserais plus à la trahison de Raoul, et à la malchance.
Ce fut l'inverse qui se produisit. A tel point que j'ai collé des chapitres de 20 000 lieues sous les mers à la suite de certains de Voyage au centre de la Terre, et inversement.
Il m'a fallu une bonne semaine pour reconstruire la cité d'encre et de papier. Je n'avais été dérangé par aucun coup de téléphone. Il faut dire que je m'étais enfermé, bronzant au chaud soleil d'été dispensé par la lucarne. Je m'étais promis de coller des rustines sur les lézardes, et j'ai essayé de reprendre une vie normale.
Souffrant de l'estomac, j'ai consulté mon médecin traitant qui m'a diagnostiqué une gastrite.
Interdiction de boire du café, du thé, de l'alcool, et pas de poivre ni d'épices exotiques. Manger léger.
 
Il me semblait bien que Raoul avait informé les deux autres « mousquetaires » de mon souci avec l'éthique car, eux non plus, n'avaient point appelé. Et ce n'était pas à moi de...
J'ai plongé, petit à petit, dans une dépression nerveuse abyssale. Une mer où nageaient mollement des poissons d'une rare laideur, la gueule ornée de dents de la taille d'une dague. Tous prêts à m'avaler tout cru.
C'était la première plongée depuis celle, plus terrible encore, ayant succédé au décès de mon épouse.
 
 
– EPILOGUE –
 
 
Je n'en pouvais plus de sucer des pastilles. Si j'avais roulé une pelle à un rat, il serait mort. Mon estomac allait mieux, mais mon moral déclinait. Je voyais des ombres partout, et certaines me suivaient en aboyant. Je m'étais enfermé dans un isolement volontaire et un mutisme gênant lorsque le facteur insistait pour entrer quand il y avait un récépissé à signer.
J'évoquais un zombie, avec des cernes aussi profonds que les tranchées de Verdun. Une fois, le stylo m'est tombé des mains, et c'est lui qui l'a ramassé.
Et il y eut le fameux jour où j'ai entendu des pattes griffues labourer la porte d'entrée, ainsi que des couinements de chiot. Puis trois coups, comme au théâtre.
J'ai failli glisser en descendant les marches deux par deux. La tête me tournait, et j'étais coursé par une meute d'ombres dont les queues louvoyaient tels les tentacules d’une pieuvre prisonnière du mur.
J'ai ouvert la porte et deux pattes velues se sont violemment posées sur ma poitrine.
Raoul le tenait en laisse.
Désir. Désir, bon chien.
« Le type qui te l'a volé... » dit mon ami en souriant de toutes ses dents.
Il toussota, simulant une quinte de toux, jouant la montre, préparant son effet.
« Hé bien ! Accouche ! »
« Il l'a ramené au refuge. Désir ne s'entend pas avec son chat. Si tu le veux encore, il est à toi. »
Il me tendit la laisse.
J'ai cru qu'il s'était mis à pleuvoir. C'étaient juste mes yeux...

Commentaires

Salima Salam
Dites donc, Monsieur Breitner, vous avez une drôle de procédure... Vous restez silencieux tout le temps de votre inscription comme membre du Bastringue, puis vous publiez une nouvelle et supprimez votre compte dans le quart d'heure qui suit...
Vous voulez consulter vos commentaires en tant qu'invité ? Je ne vais rien commenter de vous en votre absence. 
Et ne me dites pas que vous avez cru la propagande de quelques ignorants sur short, et que vous craignez que votre œuvre soit lynchée.

Donc je vous attends...
Profsamedi
Bonjour tout le monde.

Je réagis, car ce thème (récurent et facile, limite cliché) me rappelle étrangement celui d’un(e) auteur(e) d’un autre forum qui se vautre là-dedans à loisir jusqu’à écœurement. Et qui m’a fait déserter certains Topics tellement j’en suis sursaturé.

On dit que les grandes douleurs sont muettes. J’ai tendance à le croire.
Bref, je ne peux donner d’avis sur cette nouvelle, car j’ai abandonné dès les premières lignes.

Je ne connais pas ce Short dont tu parles Salima.
Mais les œuvres ne sont-elles pas commentées à hauteur de leur valeur artistique ?

Amitiés, Philippe.
avatar
Ca m'a gavée au bout d'un paragraphe tant l'écriture et plate et convenue, so boring... D'aucuns vous diront que mon commentaire n'est absolument pas constructif pour l'auteur... Je leur rétorquerai : C'est pas faux !
Salima Salam
@Profsamedi
Hi Prof ! 
Sur le fond de la nouvelle, je ne peux pas me prononcer parce que je ne l'ai pas lue. Je la lirai et commenterai si son auteur revient.
Les commentaires qu'on fait ici, valeur artistique ? Oui, sans doute, alors là se pose la question de ce qu'est la valeur artistique et jusqu'où elle s'étend. Je n'ai pas de réponse, naturellement, mais certaines œuvre sont marquantes pour leur forme, d'autres pour leur fond, il y en a qui touchent le lecteur personnellement, d'autrent qui frappent par leur valeur universelle, etc. Chaque œuvre produit un effet qui lui est propre. 
Short... Ah short... Je t'en avais déjà parlé je crois. On y trouvait le meilleur et le pire, j'y ai trouvé des personnes très particulières, et j'y ai appris beaucoup. Mais il y avait une incitation malsaine voulue par la direction à encenser chaque écrit et à encourager l'hypocrisie intéressée. Short dans cette forme n'existe plus depuis janvier, et je ne sais pas quelle forme il prendra, mais il la prend sans la majorité de ses membres dont il a bloqué les comptes et pour qui il a supprimé les fonctions communautaires. Mis à la rue, les auteurs. De tout ça retiens un truc : il y avait du bon là-dedans, et ce bon me manque. 
Et donc le Bastringue a été créé pour offrir un espace exigeant au niveau littéraire et intègre dans les échanges. Je pense que les membres ont tous un intérêt, ici, et qu'il est d'ordre intellectuel, rien de blâmable donc.

@Anna Panizzi
Hi Anna ! 
La sincérité, c'est précieux. Est-ce qu'elle sera utile à l'auteur, je ne sais pas. Ça dépend de lui. 
Dans mon cas, si j'ai confiance en celui qui commente, tes mots suffisent parfaitement. Mais autrement, j'hésiterai entre "il m'emmerde" et "'tain, je suis trop nulle, j'ai plus qu'à me cacher". 
Sans doute il est possible pour l'auteur de travailler certains aspects, pour ça il faut qu'il prenne conscience de ce qui est problématique et aussi de ses points forts, pour pouvoir trouver son style, qu'il n'a peut-être pas encore en main d'après votre commentaire.
avatar
Il faut toujours avoir en tête le distinguo entre le commentaire du lecteur et la qualité d'un texte. Ce que j'émets comme avis n'est pas un jugement de valeur sur le texte mais l'expression de mon ennui. D'autres que moi pourraient y trouver tout autre intérêt. J'ajouterai, pour être complète, que le fait que ça soit le texte d'un invité posé là sans explication n'y présentation de l'auteur ne m'a pas incitée à davantage  d'efforts.
DédéModé
Ben on dirait qu'il avait raison, finalement, de craindre le lynchage, le pauvre !
Comme vous y allez, tous les deux ! Même envers un nul prétentieux, je me serais pas permis des sorties pareilles ! Non, je me serais donné la peine d'un démontage en règle. Mais ici c'est même pas le sujet, c'est Duchemin ! un type qui sait écrire des histoires ! Et vous lui chiez dessus ! carrément ! C'est du mépris total ! Et c'est intolérable !
Alors en tant que modérateur, je vous demande d'argumenter plus avant, Mademoiselle, Monsieur, histoire d'introduire ici le minimum de respect exigé par le lieu... Et remuez-vous les miches et les synapses, vous avez pas toute la semaine prochaine...
Profsamedi
Je croyais avoir été clair !

Je ne supporte plus le Pathos gratuit et facile.
Or on ne rencontre plus que ça ! Comme si toute joie de vivre avait disparu de la surface de la Terre. N’ont désormais de valeur et n'attirent l’attention que les larmoiements incessants, comme si le succès se mesurait au volume de larmes du lecteur.
N’y a-t-il donc pas assez de raison, hors fiction, de se morfondre pour qu’il faille en rajouter encore et encore dans ce qui d’ordinaire sert d’évasion (comme dit dans le texte du reste) ou de façon d’oublier une surcharge de revers ?
Il est facile de faire pleurer, beaucoup plus difficile de faire rire ou simplement diffuser une sensation de bien être.
Vous savez ? Cette petite chose qui fait qu’on a envie d’y revenir…

Est-ce assez argumenté ?
Ou dois-je en rajouter une ou deux couches ?
Histoire de bien couvrir le fond ?   
 
Je n’ai jamais jugé de la qualité de l’écriture (quelque peu ampoulée et précieuse, soit dit en passant), mais juste du choix du thème.
J’ai évité soigneusement tout mot grossier ou ordurier (pas le cas de tout le monde…) croyant être dans un milieu cultivé et distingué. Comme on peut se tromper quand même… c’est fou non ?

Amicalement, Philippe.

Thierry Lazert aime ce message

DédéModé
Merci pour ces précisions diligentes, Monsieur. Elles suffiront pour cette fois.
Mais à l'avenir, le cas échéant, avant de vous autoriser à donner votre avis sur un texte, vous serez bien aimable de produire l'effort de le lire entièrement ; il me semble que c'est là le moindre respect dû à l'Auteur.
Cela s'adressait aussi à vous, Mademoiselle, qu'on attend toujours...
avatar
C'est à moi que vous vous adressez, Dédé ? Que puis-je pour vous ? :-)
DédéModé
Extrait de mon message d'hier : « en tant que modérateur, je vous demande d'argumenter plus avant, Mademoiselle »
avatar
Je ne suis pas très motivée pour argumenter sur un texte anonyme que je n'ai pas aimé, mais puisque vous le demander, je vais vous juste donner, vite fait, deux exemples de lourdeurs stylistiques qui m’ont empêché de poursuivre le récit.


 : (Je m’étais refusé à les vendre) alors qu’un « Je refusais de les vendre » suffit amplement. « Les pages en étaient jaunies, et certaines s'émiettaient au toucher. » Là aussi : Les pages jaunies s’émiettaient au toucher » suffit. Comme tout le reste est à l’avenant, je n’ai pas eu envie de continuer cette lecture roborative. J’ajoute que je n’aime pas trop les histoires avec des animaux de compagnie.
Profsamedi
@DédéModé



Encore une fois, pour le cas, bien improbable où je n’aurais pas été assez explicite, je répète que je n’ai pas donné un avis sur un texte, mais sur le thème d’une nouvelle. (je me cite :)


"Je n’ai jamais jugé de la qualité de l’écriture (quelque peu ampoulée et précieuse, soit dit en passant), mais juste du choix du thème."

Il est des lectures au bout desquelles il m’est humainement pas possible d’aller.

Ici, j’ai fait l’effort d’aller jusqu’à la moitié.


Quant au respect de l’auteur, c’est que les lecteurs lui livrent ce que leur inspirent ses écrits, justement.
Libre à lui d’en tenir compte ou pas.


Si vous désirez vraiment que la "critique", je dirais "évaluation" rentre dans les détails, je crains fort que l’auteur en souffre plus que d’une vue d’ensemble.


Par exemple :

L’éternelle citation de références extérieures pour montrer comme on est cultivé :
– Edward aux mains d’argent.
– Tarzan utilisant une liane pour faire le yoyo (j’ai bien vu les différentes versions de ces films, mais jamais je n’ai vu l’acteur faire le yoyo…)
– l’auteur nantais. L’auteur suffit amplement. On sait de qui il est question. Pas besoin de montrer qu’on sait où il fut.

– Godzilla

Notez que c’est facile, car ça évite d’avoir à se creuser la tête pour faire des descriptions assez précises et lisibles pour que le lecteur imagine bien la scène.
Pour la majorité des lecteurs qui loins d’être aussi "cultivés" que l’auteur n’ont pas ces références.


Sur le style :
– L’utilisation abusive de gérondifs sans ce qui les caractérise.

– L’utilisation abusive également de métaphores. Toujours commode et facile pour éviter des descriptions difficiles. Il y en a 27 dans ce court texte ! L’auteur cherche-t-il à paraître en bonne place dans le Guinness des records ?


Je ne parle même pas des clichés, j’ai arrêté de les compter.


Et ça n’est là qu’un faible échantillon de ce qu’il y aurait à dire de ce très court texte.
Pensez-vous que l’auteur sera plus serein ce que sachant ?


Je n’en suis pas certain.


On continue ou ça suffit comme ça pour la satisfaire, la modération ?


Amitiés, Philippe.


Dernière édition par Profsamedi le Lun 20 Fév - 10:31, édité 1 fois
Salima Salam
C'est malin, ça. J'ai bien été obligée de le lire, pour savoir ce que j'en pense. Beaucoup de bien. 
A propos des dialogues, il y a une petite faiblesse peut-être. Les premiers échanges sont très bien et montrent la maladresse du personnage, sa personnalité touchante et sincère, mais les suivants pourraient être retravaillés un peu pour écarter un flottement inutile.
Je ne vois pas de pathos, juste un homme qui sombre dans la dépression, avec son lot de bas et plus bas, une description très réaliste des soubresauts psychiques qui ont lieu dans l'intimité des quatre murs et que la société n'aime pas voir en spectacle. 

Ce passage à lui seul : 
Frank Breitner a écrit:
1. Raoul m'avait dit qu'ils craignaient plus l'été que l'hiver. 2. Que trop de soleil les rendait fous. 3. Plus que la pleine lune, en tout cas. 4. Il les avait comparés aux taureaux des courses camarguaises devenant féroces, derrière les raseteurs, quand le mistral s'époumonait sur le sable de l'arène comme on souffle une bougie.

... est pour moi l'indicateur de quelqu'un qui sait écrire. La phrase 1. annonce le thème, la 2. développe le rhème avec une nominale, la 3. suit le même schéma que la 2., ce qui rend à la fois l'oralité du rythme du dialogue original et sa restitution dans la pensée du narrateur. La 4. secoue la facilité des non verbales avec une magnifique phrase imbriquant participe présent, apposition, subordonnée et comparaison. Excellente maîtrise du rythme de narration et des outils linguistiques.

Si je faisais une bêta lecture de ce texte, je signalerais quelques expressions à reconsidérer, mais qui ne sont pas forcément maladroites et qui peuvent faire partie intégrante du style de l'auteur, que je ne connais pas assez pour en juger.
DédéModé
Anna, la forme pronominale introduit la notion de privation, et ce ne sont pas toutes les pages qui s'émiettent ; votre "argumentaire" ne tient pas la route dix secondes.

Si je vous suis bien, Prof, c'est surtout le style de l'Auteur et le ton du récit que vous ne supportez pas ?
Il est vrai qu'il n'y a rien à faire contre ça. Merci de vous être donné toute cette peine : la modération est satisfaite ; d'ailleurs, elle ne vous en demandait pas tant.
avatar
Ça n'a absolument AUCUN intérêt de savoir que certaines pages sont jaunies et d'autres non, hormis alourdir. Votre intervention ne tient pas la route  bounce
DédéModé
Eh bien ! vous ne devez pas apprécier beaucoup la littérature du XIXème !
Cette fois je vous laisse filer ; la prochaine, et toutes les suivantes, vous serez bien aimable de vous fendre d'un commentaire digne de ce nom ; 
on vient en chapeau et redingote, ici, Damoizelle, non point en short orange et marron troué !
avatar
J'aime la littérature quand elle est bonne peu importe l'époque. Je ne vous promets pas la redingote mais plutôt une robe avec chapeau de plumes assortis. :-)
DédéModé
Bien !... Même quand la description d'une commode s'étale sur plusieurs pages, donc...
Il aurait été intéressant pour tout le monde et l'Auteur en particulier de prendre connaissance de ce qu'il vous déplaît tant dans sa prose... 
Tant pis pour nous, et pour lui... Prenez grand soin d'enfiler votre robe à balconnet et faux-cul, la prochaine fois, Damoizelle...
avatar
Ha ha, vous êtes caustique... Déjà, il faudrait que votre auteur anonyme, se pointe... (C'est votre cousin au fait ? Vu l'opiniâtreté que vous mettez à le défendre, cela force le respect^^) Sachez, Messire Redresseur de Torts, que la prose de votre poulain, et je ne vais pas vous le refaire façon tragédie grecque, tachez de tendre l'oreille : JE LA TROUVE LOURDE, PROSAÏQUE, LE STYLE EST PATAUD ET CHICHITEUX, ET L'HISTOIRE M'ÉVOQUE UNE SENSIBLERIE QUE NE RENIERAIENT PAS QUELQUES JEUNES FILLES EXALTÉES ET BÉNÉVOLES A LA SPA.  (Relisez donc la dernière phrase... Sans déc...) Et cerise sur le gâteau, le titre... (Je ne pense pas que Tennessee Williams ait mérité ça !). J'ajouterai pour terminer que nous ne sommes que deux à avoir commenté cette nouvelle, (avec un avis négatif) il ne tient qu'aux autres membres de venir la défendre !

Dernière édition par Anna Panizzi le Mar 21 Fév - 11:44, édité 1 fois
Profsamedi
Je crains que ce soit un dialogue de sourds !
Vous dites :
"Si je vous suis bien, Prof, c’est surtout le style de l’Auteur et le ton du récit que vous ne supportez pas ?"

J’avais pourtant été assez explicite, non ?
Si c’est tout ce que vous en avez retenu, c’est bien dommage. Pire : décevant !
Bref.

Vous vous plaignez, aussi, à certains endroits du forum, que celui-ce ne "vive" pas assez…
Qu’il s’étiole, ou quelque chose d’approchant… enfin… l’idée est là.

N’avez-vous réellement aucune idée de la cause d’une telle désaffection ?

Cherchez bien… je suis certain que vous trouverez.

À l’origine, j’étais venu ici par curiosité, entraîné par Salima Salam qui avait publié ailleurs une ou deux choses fort intéressantes sur bien des plans.

Je ne regrette pas de l’avoir connue. Je regrette de m’être égaré en la suivant.

Bien à vous.
DédéModé
Deux dernières choses, avant de vous rendre à la liberté, Monsieur, si vous le voulez bien :
1. votre opinion sur Les Misérables ;
2. « la cause d'une telle désaffection ».

C'est par là qu'il fallait commencer, Anna : vos deux exemples tordus à l'appui et c'était torché ! on n'en parlait plus ! Bien du temps et de l'espace non dilapidé !
DédéModé
Vous ne répondez point, Monsieur ! Une question vous incommoderait-elle ?
Profsamedi
Monsieur.

Ce qui m’incommode, c’est votre attitude, votre langage, vos exigences, votre manière d’être, votre grossièreté gratuite, la façon dont vous concevez la modération d’un forum d’écriture, la violence de vos propos insultants… dois-je poursuivre ? 

Qu’est-ce que cette histoire de Misérables ?
J’ai du mal à saisir ce que viendrait faire un roman de V. Hugo dans ce bastringue (le bien nommé) !

Quant à votre question :
N’avez-vous réellement aucune idée de la cause d’une telle désaffection ?
Cherchez bien… je suis certain que vous trouverez.

Faut-il donc tout vous mâcher ? Tout vous dire ?
Si vous n’êtes pas à même de voir les conséquences de votre attitude, je pense que nul ne peut plus rien pour vous.
Qui donc aurait envie de continuer à être traité comme moins que rien ?

Je n’ai aucune idée de qui vous êtes, et peu me chaut.
Je ne vous connais pas et n’ai aucune envie de vous connaître.
Je ne parle pas de l’individu, mais de ses actes.
Je parle juste de votre attitude et de ce que vous faites.

Je me demande même pourquoi je me donne la peine de vous répondre.
Peut-être parce que je crois profondément qu’il y a toujours une étincelle de bien en tout être.
Je peux aussi me tromper.

Bien à vous.
Salima Salam
Bonsoir Prof !

Permettez un mot. Vous êtes un peu agacé, c'est que vous êtes du type émotionnel qui se passionne, et vous vous cognez à un type rationnel qui se passionne. Ça fait naître des tensions, c'est normal. 
Pour éviter que la discussion ne tourne en rond, voici :
Une des exigences du Bastringue est l'argumentation des opinions. À l'occasion, nous rappelons aux membres ce critère d'importance qui assure à chacun des échanges de qualité. Voilà donc pourquoi l'idée d'un forum qui s'étiolerait si les standards baissaient.
Vous avez largement étayé votre avis sur le texte, je vous remercie, si vous avez mieux à faire, je vous en prie...
Si néanmoins vous voulez poursuivre la conversation, ce que Monsieur DédéModé cherche, c'est à approfondir les raisons de votre avis et à mettre ce texte en parallèle avec d'autres œuvres. C'est un exercice purement intellectuel, où il n'y a rien à gagner que les fruits d'une réflexion approfondie. 
Si vous pouvez passer outre la forme, je vous invite à réfléchir à la question des Misérables, si vous ne pouvez pas, vous êtes tout excusé. 

Bonne soirée.
Profsamedi
Chère Salima Salam.

Les arguties, je les ai développées.

Pour ma part, je n’apprécie pas la littérature blanche qui trop souvent sert de défouloir, voire de psychothérapie bon marché.
Ça n’engage que moi, mais je considère la littérature, comme une évasion du réel.
J’ai du mal à prendre un ouvrage qui décrit très exactement toutes les misères du monde que je peux aisément voir en regardant autour de moi.
Où est l’intérêt d’acheter parfois fort cher la description du constat de ce qui m’entoure ?

Il est d’une facilité déconcertante de "proser" à l’infini sur les misères du monde. Il n’est nul besoin d’imagination. Il n’y a qu’à constater et relater. Un peintre fait mille fois mieux en interprétant la réalité.

Quant aux grands classiques, comme les Misérables, mais il y en a d’autres, des milliers d’autres, ils furent écrits par des personnages qui maniaient la langue française comme on ne sait plus le faire aujourd’hui.
Les thèmes qui y sont abordés sont des thèmes de leur époque.
Ils ont, pour celles et ceux que ça intéresse, la valeur de faits historiques la plupart du temps.
Grand bien leur fasse.
Je n’y attache aucun intérêt.
Il y a des historiens pour ça.

Par parenthèse, ne vous offusquez pas, mais mon écriture est non genrée. J’utilise le masculin comme une forme générique de tous les genres.

Alors qu’une œuvre classifiée comme SFFFPA, Policier et autre, cette fameuse littérature noire qui est déconsidérée, voire qualifiée de "non littérature", demande un gros effort d’imagination pour rester cohérente et intéressante. De plus, elle permet de s’évader justement de ce monde qui part en décrépitude dans tous les sens à un point tel que c’en est désespérant.
Elle fait rêver. On a du mal à revenir dans la réalité une fois lu le mot "FIN".
Alors oui, après lecture d’une telle œuvre, on a vécu quelques instants ailleurs, dans un autre univers, avec des personnages qui ne sont pas ceux de la porte d’à côté.

L’idéal étant que tout y soit traité en laissant quoi qu’il arrive, une touche de positif et d’espoir, même si les péripéties sont sombres, mais passagèrement.

En ce qui concerne les grands classiques en général, quels qu’ils soient, je les évite pour ne pas être trop influencé par eux.
Je préfère développer mon propre style, ma propre écriture, quitte à réinventer le fil à couper l’eau tiède.

Je ne cherche ni la gloire, ni la reconnaissance par les autres, encore moins la fortune, même si mes moyens sont chiches.
Mais je ne me plains pas, d’autres sont bien plus malheureux que moi. 
Ceci expliquant cela.

En ce qui concerne l’étalage de sa culture, vous savez, celles et ceux qui ne savent pas aligner deux arguments sans les étayer par des citations de grands, comme s’ils se cachaient dans leur ombre, je trouve dommage qu’ils ne sachent pas développer une pensée comme venant d’eux-mêmes.

Il est sidérant de voir que la même chose, dite dans les mêmes termes, n’aura aucune valeur autour d’une 1664 au zinc du coin débité par un pilier de bistrot, alors que, dans la bouche d’un philosophe reconnu, ça devient parole divine !
Alors, non, je préfère analyser la valeur d’une assertion ou d’une déduction que la passer au filtre de celui qui l’a proférée.

Encore une fois, ça n’engage que moi, et je ne prêche pour aucune paroisse.
Je ne déconsidère pas pour autant ceux qui ne partagent pas mes positions.
Juste que je ne les partage pas.
Ça s’arrête là.
Ne faut-il pas de tout pour faire un monde dit-on ?

En toute amitié, Philippe.

Salima Salam aime ce message

DédéModé
Hélas, Monsieur, oui ! je suis lourd, que voulez-vous ! fort lourd... Ma nature est de lourdeur, c'est ainsi, et même pire : de lourde lourditude, pourrait-on dire... C'est ma tare et mon boulet, Monsieur ! une véritable affliction pondérale, je vous assure !... Enfin, fort heureusement, je ne souffre guère de solitude en la matière...
https://www.youtube.com/watch?v=8xfb08Ix49A
Mais je reviens tant tost, Monsieur, afin de poursuivre cet entretien passionnant... À bien tost, Monsieur...


Dernière édition par DédéModé le Jeu 23 Fév - 9:25, édité 4 fois
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C'est un combat de coqs bien peu passionnant. 
Que de temps, d'énergie, semés au quatre vents.
Nous eûmes préféré, qu'en beaux alexandrins,
Cette joute idiote fut offerte aux gradins.

Louise de Vilbrequin (Poétesse mort-née)
DédéModé
Vostre lyrik cézur, Damoizelle !
avatar
Elle est merdik !
Profsamedi
DédéModé a écrit:

C’est ce que je disais plus haut.
Quel besoin d’appuyer ses dires par quelque citation de plus grand que soi ?
Avez-vous, donc, si peu de considération pour vous-même qu’il vous faut marcher dans l’ombre de plus reconnu ?

C’est dommage !
Vous posts ailleurs que dans ce lamentable Topic prouvent assez votre culture et votre savoir littéraire et bien au-delà.
Je n’en ai pas le millième !
Quel besoin avez-vous de polluer vos dires par ceux d’autrui ? 

Si vous pensez que ça donne plus de poids à ce que vous avancez, pour ce qui me concerne, c’est tout l’inverse.

Encore une fois, ça n’engage que moi.

Amitiés.
DédéModé
Vous vous méprenez lourdement, Monsieur ! Ma culture est bien loin d'être aussi vaste que vous l'imaginez, et ne serait-ce que d'égaler celle de la Demoiselle ici présente, qui n'a pourtant pas la moitié de mon âge...
Non, Monsieur, je ne suis qu'un modeste artisan du verbe et du mètre qui, en bricoleur de bouts de ficelle, n'hésite pas à en appeler à la parole de ses Maîtres, lorsqu'ils exprimèrent sa pensée mieux qu'il ne saura jamais le faire.
Mais il me faut déjà vaquer. À bientôt, Monsieur...
DédéModé
(réponse à votre message d'hier soir)

Vous ne devez pas vous excuser, Monsieur ; personne n'a autorité pour juger de vos goûts, et encore moins vous les reprocher.
Votre discours est en outre parfaitement cohérent, excepté sur un point...
Vous dites chercher par la lecture à sortir de la réalité que vous ne voulez pas retrouver dans la fiction – et peut-être même ne pas voir du tout, mais cela ne regarde que vous. Et c'est donc logiquement que vous vous tournez vers la science fiction, de préférence à "happy end".
Jusqu'ici tout est clair. Là où je ne vous suis plus, c'est quand vous adjoignez à ce genre celui du roman policier. Lequel n'est-il pas non seulement ancré dans la réalité, mais encore construit autour de ce qu'elle peut contenir de plus sordide : le crime ?

Profsamedi aime ce message

Profsamedi
Bonsoir.

Vous avez parfaitement raison : j’ai trop vite amalgamé le roman policier pour le faire paraître dans la littérature noire.
Il est vrai que, bien qu’en en ayant un en cours d’écriture moi-même, ça n’est pas un genre que j’apprécie outre mesure.
D’ailleurs, dans ce roman, le point de départ n’est qu’une tentative de meurtre.
Personne n’y meurt même si plusieurs victimes subissent certains sévices passagers sur lesquels je ne m’appesantis pas.
Mais c’est dans un lointain passé qui fait l’histoire de l’intrigue, laquelle prend racine au XVIe siècle pour se terminer de nos jours.
Je considère ce "travail" comme un divertissant amusement.
Une sorte d’exercice de style pour sortir de ma zone de confort.
C’est fort distrayant. 

Dans les romans policiers en général, le meurtre me semble totalement fictif, et, donc, je ne m’y implique pas, au bénéfice du raisonnement qui amène l’enquêteur à la résolution de l’énigme.

Vous ne serez pas surpris que j’aime tout particulièrement Conan Doyle, et pas seulement pour la série des Holmes, mais pour l’ensemble de son œuvre, bien plus importante en quantité comme en qualité.

La leçon que je retire de tous ces échanges, ici, est que, désormais, je m’abstiendrai de commenter les œuvres qui m’horripilent.
D’abord parce qu’il m’est désagréable de les lire, et puis parce que mon opinion n’apporte strictement rien à l’auteur ni à qui que ce soit.

Je privilégierai dorénavant, les œuvres que j’apprécie, en essayant d’y être constructif dans la mesure où j’y verrais, selon ma vision, des éléments qui permettraient à l’auteur d’y apporter une encore meilleure qualité tant sur le fond que sur la forme si tant est qu’il en soit besoin.

Je regrette le mouvement d’humeur qui m’a amené à commenter ce texte qui ne m’était pas destiné.
L’âge certainement…

Je vous remercie pour le changement de ton que vous avez apporté à vos dernières interventions, qui fait qu’il m’est agréable de vous répondre. Même si je crois y déceler une certaine forme d’ironie, mais c’est de bonne guerre. Je sais aussi m’amuser. (Sourire).  

En toute amitié, Philippe.

DédéModé aime ce message

Salima Salam
Bonsoir Prof,

J'avais bien aimé que vous commentiez mon histoire de dragons, et on avait la même configuration qu'ici. Écriture blanche, vous n'aimez pas, vous me le dites et vous expliquez. Je trouvais très intéressant que vous me disiez ça. Je ne sais pas ce que ça m'apporte concrètement, je n'ai pas commencé à écrire noir après, mais votre commentaire m'offrait votre façon de lire et de concevoir la littérature. Autre façon de penser, c'est intéressant, ça ouvre l'esprit. Ça m'aide à voir un peu comme vous et à prendre du recul par rapport à ce que j'écris et parfois ça m'avance par rapport à ce que je lis.
Pour dissiper un dernier malentendu, je vous garantis qu'il n'y a pas d'ironie dans les derniers messages de DédéModé. Voyez, c'est justement un cas où deux façons de penser et s'exprimer sont confrontées, et doivent se mettre en phase pour communiquer correctement. 
Pour les policiers, c'est très courrant de les classer en littérature noire, ils sont peut-être même les premiers à en faire partie, je ne vois pas une erreur de votre part. Et comme vous dites, il y en z pour tous les goûts, des très réalistes et presque blancs, des très théoriques, d'autres d'aventure presque, même certains romanesques. Et Agatha Christie ? Vous aimez ? Je les ai dévorés dans le temps.
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