Nos bureaux sont aménagés en open space et dynamic office. Je déteste. Dans cet espace ouvert aux quatre vents climatisés, l’employé, n’étant nulle part à sa place, peut s’assoir où il veut. En pratique, les lève-tôt sont mieux logés, juste après les orangs-outangs (employés prédateurs de bonnes places intimidant les employés bonasses, moins gradés ou moins doués en struggle for a good spot).
Le côté positif, c’est les rencontres. Ainsi, j’ai copiné avec Damien du Service des Dépenses Récurrentes. On se retrouve dans des zones franches dédaignées par les orangs-outangs, derrière les poubelles sélectives, le siège en position basse pour passer sous l’horizon des cloisonnettes. C’est en cherchant son service, après que Damien ait disparu, que j’ai découvert que le SDR n’existait pas.
Je l’aperçois parfois à la sortie du bureau. Je fais semblant de rien pour ne pas l’embarrasser. Il sillonne le vaste terreplein, son regard vissé au sol à la recherche d’un badge égaré. S’il en trouve un, il s’appellera Nicolas ou Denis, peu importe, tant qu’il peut entrer dans la Tour et y jouer les doublures d’un employé de la Firme.