Une chose joyeuse pour Salima qui trouve que j’écris des choses tristes.
Enfle la rumeur de la ville,
Ce soir, l’homme au tendon d’argile
Vient affronter l’apesanteur.
On se penche aux balcons, voyeur,
On assoit mamie sur sa chaise,
Pour les enfants, glace à la fraise.
Citoyens, il faut se presser,
Le spectacle va commencer.
Enfle la rumeur de la ville,
L’homme apparaît, blafard, tranquille.
Minuit au cadran de sa vie,
Il tient une photo jaunie
D’un temps où son cœur était clair
Sans douleur pour ronger la chair.
Citoyen, règle tes jumelles,
Il n’y aura pas de rappel.
Il tend des mains de naufragé
Que le malheur a submergé.
Pas de fil pour le retenir
Ni filet pour le secourir.
Avant de tomber sans un cri
Devant les fenêtres fleuries,
Il offre un sourire à la rue,
A cette mort qu’il fait cocue.
Monte la clameur de la ville
Pour la chute d'un corps gracile.
Il s’écrase au sol, pas de bruit,
Sauf celui d’un cœur qui périt.
Un gamin demande à son père
Pourquoi pleurer ce solitaire ?
Oui, mais l’homme est-il assez grand
Pour se mesurer à l’enfant ?
Pas de rappel ? C’est de la mauvaise volonté, quel mépris du public.
Marquise aime ce message
Thierry LazertMer 15 Nov - 13:49