POÉSIE : Moderne

Il y a cru, au Roi de Gloire,
Il l'a aimée, la belle histoire...

             Ô Temps,
Tu l'as pas suspendu, ton vol.
Et le bon petit communiant,
Faut voir sa bobine, à présent.
 
              Enfant,
Tu l'as pas mis, ton antivol.
Et qui a chouravé, dis-moi,
Ton ingénuité d'autrefois ?

             De blanc
Vêtu, la croix de bois au col,
Tu croyais. Il t'en reste quoi ?
Une photo de ce temps-là.

Assis sur le banc,

Riant de toute sa dent,

Grand-Père attend.

Il attend, adossé au mur,

Que succombe à l'usure

Le banc claudiquant.

"J'l'aurai !

Qu'il dit à ses enfants.

J'ai la fesse dure !

Et puis j'ai tout mon temps,

J'ai qu'cent ans !

J'l'aurai !

Lentement mais sûrement !

Croyez-en le vieil Arthur !

Pas question que j'meure avant !"

Des voyageurs descendent,
Et cherchent leur chemin,
Vers ici, là, plus loin,
Au bout du monde,
Là où ne portent plus les ondes,
En l'espace seulement,
D'une ou deux secondes,
Comme ici-bas,
Et moi je rêve, chaque instant,
Je regarde le ciel et je scrute l'horizon,
Et comme un enfant je l'aperçois :
Le bout du monde,
Dans le ciel où règne une demi-Lune blonde,
Un croissant qui à l'arrivée du soleil s'effondre,
Chaque matin, chaque soir,
Dans la foule des transports en commun,
Je suis porté par un vent...

Ils s'éveillent,
Derrière un nuage errant,
Se glissent sous les sapins,
Et se posent sur les fleurs,
D'un jardin,
Les papillons électriques,
Magnifient le paysage,
Ils brassent l'air ambiant,
De leurs ailes,
Leurs ailerons mécaniques,
Aux motifs argentés, brillent,
Derrière les pins d'épice,
Papillons,
Magiques, reflets dorés,
Un paysage enchanté,
Petits êtres qui se glissent,
Sous la pluie,
Ces papillons électriques,
C'était nous,
Nous et nos vies éphémères.

Enfant, il jouait à la guerre,
Et rêvait d'être général.
Maintenant qu'il est général,
Grand soldat revenu de guerre,

Il rêve qu'il est cet enfant,
Ce petit tueur innocent
Livrant bataille pour de rire ;

Il rêve qu'il est cet enfant,
Ce gamin vif et insouciant,
Avec deux jambes pour courir.

L’hiver s’éternisait, la crevasse était blanche,
Je m’étais arrêté, en équilibre sur mes skis,
Puis je suis reparti.
 
Le soleil soudain apparût, m’aveuglant par son éclat,
J’ai fait glisser ma visière, afin d’y voir plus clair,
J’en prenais mon parti.
 
Soudain, j’ai fait un saut, je me suis élevé
C’était comme si je m’envolais,
Le soleil brillait de mille feux.

J’en eu le souffle coupé,
Les autres skieurs semblaient béats,
Devant ce bel exploit.
 

Bouc émissaire


Parce qu'il était différent,
Chacun lui a jeté la pierre,
Lui qui ne demandait pourtant
Qu'à vivre en paix sur cette terre.

Il n'avait femme ni enfant,
Et venait d'un lointain désert.
Arrivé là Dieu sait comment,
Il était porteur de mystère.

Ils le trouvèrent inquiétant,
Lui les yeux noirs, eux les yeux clairs.
D'aucun le dirent malfaisant,
Fils du Diable et d'une sorcière.

On s'en allait en le voyant.
On passait loin de sa tanière.
Il cultivait un pauvre champ,
Vivait sans...

Allons flâner sur la berge.
Il fait bon s'y promener ;
Être au fil de la gamberge
Bateleur ou batelier.

ll fait bon s'y mettre en quête
D'un poème ou d'un refrain.
Le soleil est de la fête,
On lui dit : "Salut, copain !"

Allons flâner sur la rive.
Le héron a de la branche,
Qui poireaute ou qui s'active
Au restau Chez Delatanche.

Allons retrouver le saule
Qui là-bas trône tranquille,
Et pleure sur notre épaule
Ses larmes de crocodile.

Allons flâner sur la berge,
Où jadis, époque épique,

J'écris pour toi, l'enfant,
Petite bouille ronde
Aux grands yeux étonnés.

Tranquille et souriant,
Tu regardes ce monde
Où tu viens d'arriver.

Quel est ton avenir
Sur la pauvre planète
Que peuplent tant de loups ?

Verras-tu s'éclaircir
L'horizon qui inquiète
Bon nombre d'entre nous ?

Verras-tu s'effondrer
Le vétuste théâtre,
Écrasant les acteurs ?

Sont-ils les oubliés
D'un rêveur qui folâtre
Dans un monde meilleur ?

Tu n'as pas de souci,
Petit ange qui baîlles
Sur...

(Un poème aux vers très libres…)
 
J'ai rêvé,
D'un monde de fous,
Avec des oiseaux, des fleurs, des garde à vous,
Avec des lianes, des couverts et des coups doux,
Puis tout à coup,
Une fleur est née,
Elle a crié,
Si fort qu'elle a explosé,
Des escargots se sont précipités,
Ils ont mangé,
Tous ces pétales éparpillés,
Les tout petits s'amusaient,

"Papounet, raconte encore
 Les noëls aux manteaux blancs.
 La neige, c'est froid comment ?

 Papounet, raconte encore,
 Quand sur terre il y avait
 Des sapins rois des forêts.

 Papounet, raconte encore
 Le bon temps où tu croyais
 Au Noël d'un âge d'or."

 Et le papi racontait.
 Et ses yeux s'illuminaient.
 Parfois même on y voyait
 Une larme qui brillait.

Souviens-toi d’un jardin de poussière et de vent.
Sous la rose de sable au parfum de jasmin
Tu cherchais au levant, l’aiguillon, le venin
D’un très vieux scorpion tant épris de sa fleur
Qu’il ne céda jamais la plus infime goutte.
 
Rappelle-toi ce ciel et sa douce clarté,
Le couchant s’en trouvait les pommettes nacrées.
Ton sourire d’enfant sur la pointe des pieds,
Bras tendus vers l’azur en offrande à la vie
Est un chant de mémoire à l’aube de mes nuits.
 
Le temps s’est écoulé, les...

J'étais l'enfant rêveur ignorant les étoiles,
           Sauf celles d'Hollywood.
Du rêve, j'en mangeais, quand s'allumait la toile
             En forêt de Sherwood,
Au coeur de la savane ou à Fort Alamo.
Je dévorais l'écran, et aucun Eskimo
Ne fut plus savoureux que la technicolor.
Je revenais gavé, comme un galion plein d'or...

J'étais l'enfant rêveur insensible aux nuages,
            Moins jolis que le mien.
Du rêve, j'en cueillais à mes livres d'images,
         Comme on cueille au jardin,
Pour mieux vagabonder dans mon propre...

Une chose joyeuse pour Salima qui trouve que j’écris des choses tristes.
 
 
Enfle la rumeur de la ville,
Ce soir, l’homme au tendon d’argile
Vient affronter l’apesanteur.
On se penche aux balcons, voyeur,

À l’aube un matin d’or le cœur sans étincelle
Sortit d’un champ de blé découverte et pieds nus
La voix désenchantée offerte aux vents ténus
L’enfant cheveux d’argent la veille encor pucelle
 
Aux abords de midi Mira sauta en selle
Avec la volonté de meurtrir ceux venus
L’assaillir sur sa couche à grands coups soutenus
Avant qu’un cri de pleurs comme un flot ne ruisselle
 
Du fond de tes yeux noirs la haine a explosé
Tu n’es plus que douleur l’émoi s’est imposé
Alors qu’enfin...

[size=16]Court, suggestif, ponctuation inutile [/size]





Impromptu tropical
 
Un  ciel si lourd de chevaux noirs
Sur une mer de tourmaline
Incandescence de platine
Brûle ma...

chose promise...








Rue des Beaux-Arts
 
En contrebas, rue des Beaux-Arts,
Elle attendait son beau centaure,
Sous les vapeurs de l’assommoir
Où le chagrin...

Il y avait un marronnier,
Un marronnier qui maronnait
Parmi ses frères, au bord de l'eau.

Il était las de végéter.
Il eût tant aimé voyager !
Quitter la rive et naviguer,
Bienheureux comme un marinier...

Il y avait un marinier,
Un marinier qui marinait
Dans son ennui, sur son bateau.

Il était las de naviguer.
Il ne songeait qu'à débarquer !
Sur la rive s'enraciner,
Tranquille comme un marronnier...

Un jour enfin, le marinier
S'installa près du marronnier.
Celui-ci n'en prit pas ombrage.

J’ai déposé en secret
Dans les larmes sèches
D’un fleuve fané,
L’ultime étamine.
 
Autrefois aux fruits juteux
Un vieil oranger
Ému s’est penché,
M’a embrassée.
 
Reviendra la pluie !
Me confia-t-il
L’écorce tremblante,
Les feuilles flétries.
 
Et ce soir je crie
Pour que perdure la vie,
Que son vœu
Soit exaucé

À l'aube de mon crépuscule
Courir après le temps qui file,
Pour un dernier contre-la-montre
Sous le regard d'une cavalière,
Une sombre cape sur le dos.

De cette faucheuse au galop,
Il faut s'enfuir à petit trot
Ombres chinoises, tristes compagnes,
Sous le regard de dame lune
Sourire en coin, un rien goguenarde,
Ne reste que l'espoir pour perdurer.

Les portes maintenant refermées
Privé d'une dernière tournée,
J'ai beau cogner, seul le silence en sourdine
Me renvoie quelques flashs du passé.
Le préposé...

J’irai jusqu’à la rivière
cueillir le vent dans les herbes sauvages …

J’irai parler aux libellules
goûter la saveur de l’eau fraîche
marcher sur les galets moussus
et contempler la couronne des arbres
surplombant la rivière

J’ai dans le cœur une rivière
qui coule sur mon corps apaisé

Il s'en va, dans ses brumes, 
Ivre comme un Verlaine
Rescapé du Procope.

Il divague et dérive,
Naufragé solitaire
Au large du bonheur.

Il parle à quel fantôme ?
Il pleure quel soleil ?
Quel paradis perdu ?

Là-bas dans la soupente,
Pas de bras amoureux,
Pas de rires d'enfant.

Il s'en va, dans sa nuit,
Et s'invente peut-être
Une île merveilleuse.

Il tangue sur l'asphalte,
S'accroche à sa bouteille,
Sa bouée de naufrage.

Entre blues et grisaille,
Cueillera-t-il encore 

Au fin fond de la bassine

Déguisés comme des guignols
Les fous du Roy façon Gogols,

Se délestent d'une bière
Tout en faisant leur prière.

Il est temps de monter au front
Sous peine de finir poltron.

Au dessert une grenade,
S'égare dans la campagne.

Un corps s'affaisse électrisé
Sous cette meute sans pitié.

Loin, les secours en attente,
Une pause déroutante !

Un pauvre gars dans le coma
Haché menu par ces gros bras...

De retours à la caserne
En route pour la taverne.

L'automne qui arrive
Masqué comme un brigand.
La course et le qui-vive
Du lièvre dans les champs.
La sportive élégante,
Fugitive beauté !
L'harmonica qui chante
À l'ombre d'un verger.

Ce ciel bleu que Verlaine
Contempla tristement.
Les sentiers où je traîne,
Rêveur grisé de vent.
Le cheval qui gambade,
Tout fringant sur le pré.
Quatre notes d'aubade
Au chevreuil étonné.

La jolie fleur sauvage
Qui meurt entre mes dents.
Et cette fleur de l'âge
Qui se fane à présent.
Les merveilleux nuages

Arrive le soir,
Un petit rafraîchissement ?


[size=24]Le taureau de fer[/size]

La tronçonneuse trop longtemps remisée,
D'un hurlement, hurle sa joie.
D'un œil froid et lubrique,
Elle se gausse de ce chêne.

Avant de le découper en quartiers,
Elle lui fera grâce d'une demande en révision.
Cette dernière refusée par sa majesté,
Malgré ses nœuds forgés par les années.

La sentence est tombée, il faudra le couper.
Le trancher de sa vie, vil chêne de talus,
En rondins inutiles, dans l'âtre il s'éteindra,
Pleurant sa misère, en un râle inaudible.

De ses dents aiguisées, l'engin de malheur
D'une entaille...

[size=13][Un p’tit coup d’auto-détestation et ça repart !][/size]

[size=13]Blasitude et lassitude[/size]
 
[size=13]Je vis dans un abri, mon crâne est bien étanche,[/size]
[size=13]Je ne laisse y entrer que les bons [/size]
[size=13]compliments.[/size]

Je dédie ce petit poème à la tortue...


C'est le vent qui frappe à ma porte
En m'assenant ses toc toc toc.
Devant ma femme à demi-morte
J'ai peur de faire dans mon froc.

Une bourrasque me déporte
Me fait perdre mon pare-chocs.
Picon bière me réconforte
- Ma chérie, ressers-moi un bock.

Figé comme une feuille morte
Un marin affale le foc.
Le bateau ivre qui s'emporte
En mille morceaux sur un roc.

Plein de petits rêves secrets dans ma caboche,
je vais en sifflotant les mains au fond des poches,
les yeux parfois fixés sur mes vieux godillots.
 
Je me balade seul sur un sentier herbeux,

Porte de Montmartre
À six heures du matin
Les biffins au quotidien
Un triste théâtre.

Sous le ciel grisâtre
Un vieux mécanicien
Disons-le vraiment raisin
Se pose acariâtre...

Au bout de sa vie
Il s'assied sur le pavé
Instinct de survie.

Loin de sa chérie
Pourchassé par les condés
Retour sous la pluie.

à ne pas prendre trop au sérieux ce n’est qu’un chant religieux


Douce Nouille, Sainte Nouille
Tout est calme, plus de brouilles
C'est Noël et là-bas dans le ciel
Une nouille d'un éclat irréel
Brille au loin sur le monde
Comme un beau rêve infini
Douce Nouille, Sainte Nouille
Elle se mange à minuit
Dans l’assiette avec une andouille
Et depuis l'univers nous bredouille
C'est la Nouille, c’est la Nouille
Que la Nouille soit éternelle

loin du pédicon
que le con vexe
parlez moi Ninon
de votre con passion
et vous Suzon
de votre con pulsion
et ne tenez point compte
de toute cette honte
qui inonde vos cons joints
complices un soir de juin
Souvenez vous 
passant clément
de ce maraud de Marot 

JLW 2022

Dans le train fantôme
Et ses wagons de malheur
Voyage au bout de l'horreur
Pour ces pauvres mômes

Comme un métronome
Se moquant des aiguilleurs
Notre motrice en fureur
En mode autonome

Le temps du combat
La locomotive en berne
y perd ses deux bras

Plus loin un replat
Des fugitifs à la traîne
Cadavres en tas

Vois là-bas tout au bout ce grand coquelicot
Aux larmes couleur sang n'attend plus de bécot.
La vierge effarouchée a enfoui ses rêves
De longue robe blanche et joue avec les glaives
Façonnés dans son cœur, closeau empli d'échardes.
 
Vois...

Raison sociale
 
Ma journée, toute ennui, distillée par Chronos,
Se lasse de le voir, compte-gouttes à la main,
Me donner de l’espoir quand je sais que c’est vain :
Aujourd’hui comme hier je vais ronger mon os.
 
Il...