J’avais décidé de devenir écrivain alors j’ai cherché dans les pages jaunes à école d’écrivain. Apparemment ça ne s’appellait pas comme ça parce que je n’ai rien trouvé. Ça ne commençait pas bien.
Je me suis résolu à écrire une lettre à plusieurs éditeurs pour leur demander s’ils pouvaient m’aiguiller dans mes recherches. J’ai reçu quelques réponses me disant, en gros, que mon texte « n’était certes pas dénué d’humour », mais qu’en l’état il était beaucoup trop court pour être publiable. Je n’ai pas compris de quel texte ils parlaient mais peu importait, les choses continuaient à ne pas aller bien.
Après quelques semaines de doutes je me suis rendu à l’évidence : je faisais du sur-place, je ne savais toujours pas comment devenir écrivain. Il n’était pas question d’en parler autour de moi car je voulais créer un « effet surprise ». Pour la plupart des gens que je connaissais j’étais menuisier dans une menuiserie (oui, ça parait bête à dire mais je préfère préciser) et ils ne s’attendaient pas à ce que je « sorte » un roman avec du succès. Mais dans ce métier on sait forcément mieux ajouter des millimètres à des millimètres qu’écrire. Il fallait donc que j’apprenne à écrire sans fautes et avec un style (c’est important, le style). Vous l’avez compris, c’est là que s’est posée la question de l’école.
J’ai bien fini par comprendre que ça n’existait pas. On est d’abord écriveur amateur puis, quand on est publié, on devient écrivain. C’est là que j’ai compris l’importance de l’amateurisme. Il faut aimer, comme écrit Émile Ajar à la fin d’Une vie devant soi. Oui, il faut aimer écrire pour supporter d’être un écriveur amateur sans jamais être sûr qu’on deviendra écrivain. Moi, j’ai de la chance : avec mon métier de menuisier, quand ma journée de travail est finie, je peux penser à autre chose et je ne m’en prive pas.
J’écris tous les jours et quand je me demande comment « ça » s’écrit, je pense à ma mère et je me demande comment elle l’écrirait. Et alors je sais. Ça me permet de faire assez peu de fautes. Pour le style, je n’en suis pas là, je me contente d’écrire. Des fois j’aimerais juste parler des hommes et des femmes écrivains dont j’ai lu les livres avec du bonheur, parce que c’est eux et elles qui m’ont fait aimer écrire et sans eux et elles, sûrement je m’ennuierais après ma journée à la menuiserie. Enfin, je n’en suis pas si sûr parce que j’aime aussi jouer aux dés. Comme je vis seul, il faut que j’invente un autre joueur pour jouer aux dés. On fait des parties de 421, c’est le seul jeu de dés que je connais. Mais quand même, je préfère écrire. On ne se refait pas.
très jolie la référence à la maman
Thierry Lazert aime ce message
Ninn' ASam 27 Jan - 8:34