Si l'on pouvait le traiter de faignasse ou l'accuser de parfois traîner la patte (ou plutôt le pied !), Hervé était néanmoins habile et rusé. Sur toute la côte vendéenne, il n'existait pas d’être plus démerdard que lui. Il faut dire qu'il tenait de son père et du père de son père avant lui, le célèbre Buccinum Undatum qui donna son nom à toute une lignée de bulots. Hervé quant à lui, demeurait encore un inconnu malgré tout son savoir-faire et il n'était encore qu'un bulot parmi les bulots, jusqu'à ce jour funeste qui resta dans toutes les annales, de mémoire de bulot !
C'était un dimanche matin. Encore jeune adolescent, Hervé s’accoquina avec un certain Killog, un bulot d'ascendance bretonne qui l’entraina à faire les quatre- cents coups. Après avoir englouti quelques pichets de bière, les deux loustics entreprirent de se rendre au passage du Gois, réputé pour son réseau de bulotes délurées. Adoptant une démarche de caïd, Killog décréta :
- Y a moyen d'obtenir des passes gratuites mon petit gars !
- T'es sûr, mais je ne sais pas quoi leur dire moi, à ces bulotes.
- T'inquiète, je t'arrangerai le coup.
- Tu es sûr que c'est une bonne idée ?
- Tu veux devenir un bulot adulte oui ou non ?
Hervé se laissa convaincre et accompagna Killog jusqu'au passage du Gois, une chaussée inondable reliant l'Ile de Noirmoutier au continent. Sur place, ils eurent le bonheur de trouver une dépouille de crabe qu'ils mangèrent allégrement. Les bulots sont en effet friands de cadavres !
-Je t'avais dit que c'était une bonne idée de venir, n'est-ce pas Hervé ?
-C'est clair, mais où sont les bulotes ? * (* sur l’air de P. Juvet)
-Elles vont arriver t’inquiète !
Sans que les deux compères y prêtent grande attention, l'esprit embrumé par l'effet de l'alcool et tout à leur festin, la mer se retira et des dizaines d'êtres humains s'aventurèrent alors dans le passage. L'un d'eux, équipé d'un seau, s'écria :
-Chouette, des boulots, tu as vu ça papa ?
-Des BULOTS Gaspard, des BULOTS ! Mais bravo, tu as fait du bon BOULOT !
Hervé et Killog se retrouvèrent illico dans le seau, et furent très vite accompagnés par des coques et des bigorneaux. De leur espèce, ils semblaient être les seuls en ce lieu. Killog était comme paralysé mais Hervé prit les choses en main :
-Il faut nous en aller d'ici, j'ai un mauvais pressentiment !
-Je ne peux pas, je ne sens plus mon pied !
-Allez Killog, il faut te bouger !
Ce matin-là, le petit Gaspard accompagnait son papa à la pêche aux coques. Le hasard le fit croiser la route de nos deux bulots. Alors que Gaspard posait son seau sur le sable et s’occupait à ramasser d'autres coques, son père ayant trouvé un filon, Hervé poussa Killog hors du seau après avoir enjambé une poignée de bigorneaux.
Ils glissèrent sur le sable, creusèrent un trou et se cachèrent sous une étoile de mer. Ils attendirent là longtemps, jusqu'à la montée des eaux.
Depuis ce jour, Hervé et Killog sont devenus les meilleurs amis du monde, mais ils évitent désormais de boire plus que de raison et ne s'aventurent plus dans le passage du Gois. Devenus fins mélomanes, ils passent des heures entières à l'intérieur d'un coquillage, imaginant écouter une version de "La mer" dirigée par Hans von Bülow
C'était un dimanche matin. Encore jeune adolescent, Hervé s’accoquina avec un certain Killog, un bulot d'ascendance bretonne qui l’entraina à faire les quatre- cents coups. Après avoir englouti quelques pichets de bière, les deux loustics entreprirent de se rendre au passage du Gois, réputé pour son réseau de bulotes délurées. Adoptant une démarche de caïd, Killog décréta :
- Y a moyen d'obtenir des passes gratuites mon petit gars !
- T'es sûr, mais je ne sais pas quoi leur dire moi, à ces bulotes.
- T'inquiète, je t'arrangerai le coup.
- Tu es sûr que c'est une bonne idée ?
- Tu veux devenir un bulot adulte oui ou non ?
Hervé se laissa convaincre et accompagna Killog jusqu'au passage du Gois, une chaussée inondable reliant l'Ile de Noirmoutier au continent. Sur place, ils eurent le bonheur de trouver une dépouille de crabe qu'ils mangèrent allégrement. Les bulots sont en effet friands de cadavres !
-Je t'avais dit que c'était une bonne idée de venir, n'est-ce pas Hervé ?
-C'est clair, mais où sont les bulotes ? * (* sur l’air de P. Juvet)
-Elles vont arriver t’inquiète !
Sans que les deux compères y prêtent grande attention, l'esprit embrumé par l'effet de l'alcool et tout à leur festin, la mer se retira et des dizaines d'êtres humains s'aventurèrent alors dans le passage. L'un d'eux, équipé d'un seau, s'écria :
-Chouette, des boulots, tu as vu ça papa ?
-Des BULOTS Gaspard, des BULOTS ! Mais bravo, tu as fait du bon BOULOT !
Hervé et Killog se retrouvèrent illico dans le seau, et furent très vite accompagnés par des coques et des bigorneaux. De leur espèce, ils semblaient être les seuls en ce lieu. Killog était comme paralysé mais Hervé prit les choses en main :
-Il faut nous en aller d'ici, j'ai un mauvais pressentiment !
-Je ne peux pas, je ne sens plus mon pied !
-Allez Killog, il faut te bouger !
Ce matin-là, le petit Gaspard accompagnait son papa à la pêche aux coques. Le hasard le fit croiser la route de nos deux bulots. Alors que Gaspard posait son seau sur le sable et s’occupait à ramasser d'autres coques, son père ayant trouvé un filon, Hervé poussa Killog hors du seau après avoir enjambé une poignée de bigorneaux.
Ils glissèrent sur le sable, creusèrent un trou et se cachèrent sous une étoile de mer. Ils attendirent là longtemps, jusqu'à la montée des eaux.
Depuis ce jour, Hervé et Killog sont devenus les meilleurs amis du monde, mais ils évitent désormais de boire plus que de raison et ne s'aventurent plus dans le passage du Gois. Devenus fins mélomanes, ils passent des heures entières à l'intérieur d'un coquillage, imaginant écouter une version de "La mer" dirigée par Hans von Bülow
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Salima SalamJeu 29 Fév - 22:18