Quand on s’est r’trouvés à perpett’ on leur a fait des doigts, des bras, Christian y maîtrisait trop aux pédales, jure, nos p’tits keufs y pouvaient rien, même leurs sirènes à donf, y f’saient pitié, rude pour eux.
Arrivés au bal de Saint-Saint, ya Thierry qui dit le canal ! la caisse au canal, on est peinards, on rentre avec la BM qu’ya à l’entrée. J’ai dit ouais, la BM j’ai vu, ´tain la caisse des familles ! Et le canal ça décoiffe pur, dur pour eux ! On est allés en loucedé un chouille plus loin, le long du canal, et Christian, avant de s’arrêter, il braque complet à droite, les roues dans l’herbe, à ça du bord.
On descend et là on entend les sirènes, craignos de chez craignos, ‘tain, fallait s’magner, la caisse au canal, c’était pas gagné, au moment de commencer à pousser on voit que c’est une méga-Volvo, aaaah, duuur pour nous, à trois on pouvait pas, no way baby ! On laisse tomber l’veau, on retourne au bal à iep histoire de bien se fondre.
Les keufs arrivent par l’autre côté, l’entrée, quoi, et d’un coup, une fois qu’on était bien dans la foule ya Christian qui nous fait l’aspro. Tout bas, il nous dit putain l’volant, les mecs ! J’ai laissé toutes mes empreintes sur l’volant ! J’ai jamais vu Christian baliser comme ça, j’essaye de l’rassurer, les volants maintenant c’est du simili-skaï, la surface toute ridée, va mettre tes empreintes là-d’ssus, on en r’parle ! Et l’levier d’vitesses, qu’y nous dit, l’levier d’vitesses c’est pas du skaï ! J’ui dit que mais si c’est du skaï et d’toutes façons vu la forme d’un pommeau de levier d’vitesses faudra s’lever tôt pour y trouver ses empreintes de gitanes.
Ça l’calme un peu sauf que là, maintenant, on voit de loin deux keufs qui nous r’gardent, eh ouais comme des cons on s’est pas dispersés assez vite et maintenant que les deux poulets approchent, on s’regarde tous les trois et on s’dit tous les trois la même chose : Non ! … Non ! Ç’ui d’droite… J’y crois pas ! Je – le – crois – pas ! Christian Queurot !
Lui et son binôme ils étaient à quinze mètres et dans la foule on pouvait rien faire, on allait s’faire pincer, oblige-man. Et c’est là qu’ya Mano, la sœur Queurot, on l’avait appelée Mano quand on était ados parce qu’elle serrait la main au lieu de faire la bise, Mano, donc, qui déboule avec une copine à elle et qui s’plante devant l’binôme de son frangibus, et elle lui fait comme ça : toi tu m’plais !
La suite on la connaît pas parce qu’évidemment on a profité du contre-temps pour s’faire la tchav’ le plus vite possible. Et on a plus jamais « loué » une caisse.