Les femmes dans l'Histoire littéraire
Les poids sociaux sont décidément bien lourds, et les con-ventions sont assurément bien ..., et les préjugés et les moules et les rôles et les échelons et les ségrégations et j'en passe...
Les femmes ont-elles été effacées de l'Histoire littéraire ? Certaines, assurément, celles privilégiées qui ont réussi à écrire ; les autres semblent s'être effacées devant la société, "s'être effacées", comme si cela découlait d'un choix, mais en réalité pour s'intégrer ou se désintégrer dans une société intolérante. Et je crois bien qu'une caractéristique de cette société est de montrer beaucoup d'indifférence pour l'individu et ses malheurs, mais beaucoup d'intérêt agressif pour les tentatives d'individualisation et ses bonheurs.
Quelle société au fait ? Il s'agit de la couche dominante de la société française du XVIe siècle environ jusqu'à... il semble que la tendance se rapproche de l'équilibre entre les genres, sans l'atteindre encore, et sans qu'il soit établit si c'est une fluctuation éphémère ou une nouvelle donne à long terme.
Ici quelques citations parlantes :
« Sur les 13 192 occurrences de noms de femmes et d’hommes réels recensés dans l’ensemble des manuels, il y a 6,1% de femmes contre 93,9% de noms masculins.
Les femmes auteures (3,7%) et artistes (6,7%) sont très peu citées par rapport à leurs homologues masculins (96,3% et 93,3%). Le plus frappant est le très faible nombre d’occurrences de femmes philosophes (0,7%). Parmi les personnalités historiques et spécialisées (science, sport, critique littéraire, sciences humaines etc.), les femmes ne sont que 15,5%.
La présence des femmes dans les différents types de document est également révélatrice de cette hiérarchisation. Sur les 254 biographies de personnalités recensées à la fin des manuels scolaires, seules 11 sont des biographies de personnalités féminines. »
Les manuels scolaires se conjuguent au masculin, Centre Hubertine Auclerc
« Par ailleurs, quand les femmes sont citées, c’est leur lien avec les « grands hommes », dont elles ont été les mères, maîtresses ou épouses, qui est mis en exergue : Louise Colet est présentée comme la confidente de Flaubert, sans mentionner qu’elle était avant tout une poétesse. Même sort pour George Sand, réduite au rôle d’amante de Musset. Quant à Elsa Triolet, elle est uniquement « la muse » de Louis Aragon. »
Le canon et la réputation, de Christine Détrez
« Comment se fait-il qu’en littérature, comme dans tant d’autres domaines, la femme soit créature, et l’homme créateur ? »
Le canon et la réputation, de Christine Détrez
« Les femmes elles-mêmes intériorisent cette éviction : Laure de Surville écrivait, mais estimait que les femmes n’avaient pas à montrer leurs œuvres. »
Le canon et la réputation, de Christine Détrez
« Le discours médical a longtemps donné une base scientifique à l’exclusion des femmes de tout ce qui ne relève pas du foyer et de la famille : le traité de médecine Système moral et physique de la femme du docteur Roussel, publié en1775, tout comme le livre de Julien Joseph Virey, De la femme sous ses rapports physiologique, moral et littéraire, paru en 1825, s’inspirent de la « théorie des humeurs » pour expliquer que la femme est du côté de l’humidité, tandis que le génie, la vigueur et le raisonnement intellectuels sont, eux, du côté de la chaleur, de la sécheresse… et du mâle. »
Le canon et la réputation, de Christine Détrez
« L’idéologie est telle que si, malgré toutes les réticences, on ne peut refuser le statut de génie à certaines, alors, cela veut dire… qu’elles sont des hommes : Edmond de Goncourt, en 1893, note dans son journal que « si on avait fait l’autopsie des femmes ayant un talent original, comme Mme Sand, Mme Viardot, etc., on trouverait chez elles des parties génitales se rapprochant de l’homme, des clitoris un peu parents de nos verges ». Nul besoin d’ailleurs de réaliser ces autopsies, l’idéologie suffit pour savoir ce qu’on y aurait trouvé… »
Le canon et la réputation, de Christine Détrez
« Si l’on ne dit pas une femme Autrice, c’est qu’une femme qui fait un livre est une femme extraordinaire ; mais il est dans l’ordre qu’une femme aime les spectacles, la poésie, etc. comme il est dans l’ordre qu’elle soit Spectatrice. »
M. Hilscher, cité dans Louis-Sébastien Mercier, Néologie, ou vocabulaire des mots nouveaux, à renouveler, ou pris dans des acceptions nouvelles, tome 1, Moussard, Maradan, Paris, 1801, page 26
Références :
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