Donnez-moi un bout de printemps, De son velours, de sa lumière. Permettez-moi l’oubli d’hier Armé d’un sourire éclatant.
J’implore ma douleur : Va-t’en Fouler le lit d’une rivière. Donnez-moi un bout de printemps, De son velours, de sa lumière.
Ma raison erre en clapotant Tout au fond d’un verre de bière. Réveil ! Juste avant la civière, Pour ne plus vivre que l’instant. Donnez-moi un bout de printemps !
Intéressant contraste entre la force positive conjurée par l'idée du printemps et les pensées moroses de quelqu'un au bout du rouleau. Les rimes sont bien choisies, arrêtant les vers sur des mots qui pèsent dans la pièce. Quand je lis, je ne peux m'empêcher d'associer "hier" à "hiver" et "bière boisson" à "bière cercueil", ce qui dans les deux cas intensifie l'expression. Éventuellement, l'information aurait pu être répartie différemment pour renforcer le propos : *strophe 1 est majoritairement positive, mais v3 apporte un bémol. *Strophe 2 est dépressive dans la première moitié, et pleine d'espérance sur la seconde. *Strophe 3 idem.
Ensuite, le locuteur s'adresse à quelqu'un : "donnez-moi...", peut être une supplication à son dieu, ou bien des gémissements à l'adresse des brancardiers, ou bien l'humanité en général ? Il "implore [sa] douleur" qu'il tutoie. Et il évoque sa raison. Tous ces éléments en soi ne sont pas criticables, mais leur accumulation me fait penser que l'Auteur s'est peut-être trop laissé porter par l'inspiration, sans se recentrer sur son propos original, ce qui a provoqué cette légère déstructuration.
De façon générale, je trouve cette pièce composée de beaux vers agencés intelligemment au niveau de la syntaxe, auxquels il ne manque qu'un peu de rigueur ou bien une relecture à tête reposée.
Encore un petit rondel sympathique conjuguant espoir et désespoir sans jamais virer au noir total : les mots s'accrochent à la lumière. Bien sûr je vais souligner cet "hier", rime masculine qui ne rime pas avec "lumière-rivière-bière-civière", rimes féminines, dommage. Par contre l'alternance à l'intérieur et entre les strophes est excellente, ainsi que le rythme. Encore un petit effort pour harmoniser les finales masculines et ce sera bon. L'ensemble est plaisant.
Dernière édition par Cristale le Ven 14 Avr - 20:43, édité 1 fois
Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille. Sauf qu'ici on attend un peu plus que l'apaisement, et l'espérance triomphera de la souffrance : avec l'occurrence du titre en sursaut vital, le jour se lève sur une nouvelle ère que symbolise « un bout de printemps », cœur du refrain et de la pièce. On appréciera particulièrement le contre-rejet porteur d'une occurrence de rime peu commune et introduisant une image d'une grande expressivité, ainsi que la raison chancelante en signifiant du comprimé létal. Si l'on ajoute à cela une versification, néoclassique, sans faille s'inscrivant rigoureusement dans la forme, sans que la contrainte soit visible, du fait de l'intégration sans encombre du refrain, on obtient un rondel réussi, et d'une qualité poétique certaine.
Les rimes sont bien choisies, arrêtant les vers sur des mots qui pèsent dans la pièce. Quand je lis, je ne peux m'empêcher d'associer "hier" à "hiver" et "bière boisson" à "bière cercueil", ce qui dans les deux cas intensifie l'expression.
Éventuellement, l'information aurait pu être répartie différemment pour renforcer le propos :
*strophe 1 est majoritairement positive, mais v3 apporte un bémol.
*Strophe 2 est dépressive dans la première moitié, et pleine d'espérance sur la seconde.
*Strophe 3 idem.
Ensuite, le locuteur s'adresse à quelqu'un : "donnez-moi...", peut être une supplication à son dieu, ou bien des gémissements à l'adresse des brancardiers, ou bien l'humanité en général ? Il "implore [sa] douleur" qu'il tutoie. Et il évoque sa raison.
Tous ces éléments en soi ne sont pas criticables, mais leur accumulation me fait penser que l'Auteur s'est peut-être trop laissé porter par l'inspiration, sans se recentrer sur son propos original, ce qui a provoqué cette légère déstructuration.
De façon générale, je trouve cette pièce composée de beaux vers agencés intelligemment au niveau de la syntaxe, auxquels il ne manque qu'un peu de rigueur ou bien une relecture à tête reposée.
Salima SalamMar 28 Mar - 1:02