Un petit rafraîchissement ?
Le taureau de fer
Peu à peu, la beauté des cieux se tait. Les nuées lentes se plaisent dans des tenues de soirée, strictement sombres, en savant déchiqueté. En la scène large et barbare, le feu est bas et rare aux torches dispersées. Dans la soie de l’air, les danses préparatoires sont furtives, elles font des nœuds soudains et secrets. Des êtres et des âmes vont ensemble, les frontières de la mort et de la vie abolies. La musique du silence, en l’orchestre du monde polyphonique, prépare les cymbales et les tambours. On entend déjà, dans le lointain des millénaires, des cadences plus brutales. Les dieux ont aimé verser de leur sang, et les poètes, en sorciers fous, l’ont bu, dans la joie tribale, âcre et sacrée. Une lueur encore exhorte les rois au fracas clair de la guerre, et à la gloire de mourir et de ne mourir pas. Les plans de bataille inventent des machines belles, les palais étranges et les reines lointaines. A pas de géant nerveux, le taureau de fer, le Minotaure moderne, arpente maintenant l’horizon, en quête d’étoiles à dévorer. Il est le fils monstrueux qui refuse la lumière, et la pâleur de la chair. Il côtoie le soir longuement, que vienne plus continûment la nuit, dans la dissolution subtile des couleurs, dans l’infini des dégradés, dans l’agonie des cieux, et les colloques profonds, où dire les feux froids d’autres terres, les yeux éteints et inversés d’autres beautés.
Au début, je trouve des maladresses de construction : une répétition de structure et la répétition de l'idée de "dans" :
Les nuées se plaisent dans des tenues de soirée. En la scène, le feu est bas et rare.
Dans la soie de l’air, les danses préparatoires sont furtives, elles font des nœuds soudains et secrets.
On entend déjà, dans le lointain des millénaires, des cadences plus brutales
Je me demande, quand je lis la deuxième version de Neiges provinciales et cette pièce-ci, si vous ne prenez pas un plaisir si particulier à former des images que parfois vous oubliez de les inscrire dans la narration, et qu'elles forment des îlots au milieu du texte. Par exemple, dans les Lettres d'un soldat russe, à aucun moment je n'ai ressenti ça.
Salima SalamSam 1 Avr - 17:37