Ah ! trotte lentement l'attristante trotteuse...
Et qu'ils piaffent les pieds des impatientes tables,
Les lèvres maudissant dans des moues de prieuses...
Sonore sonne enfin la cloche formidable.
On va, afflue, parcourt,
Crie, conclut, cloue, recloue :
« A la cour ! A la cour !
Par où ? Par où ? Par où ?
Par ici ou par là !
Par ici et par là !
Partout, partout, partout
Non Monsieur ! Oui Madame !
S'il vous plaît ! Il nous plaît !
Ouvrez-nous ! Ouvrez tout !
Parcourons le palais !
On est fou ! Hou ! Hou ! Hou ! »
Sur le mur du vacarme.
Nul longtemps ne s'alarme
Ailleurs repose l'âme
Cette partie d'heure
Comme elle est bienheureuse !
Comme elle est tortu-euse !
On est aimable
On est affable
On est joignable
On se malfrappe
On s'adore
On se cherche
On s'attrape
On se cognadouce
On se déteste gentiment
On s'insulte courtoisement
On se consulte goulûment
On se trucide continûment
Mais...
A la fin
Comme au début
Et au milieu de rien
Un peu par abus
On s'embrassabaffe
Autant que de joues
Autant que de mains
Pour aujourd'hui
Et pour demain
Chacun à chacune
Chacune à chacun
Tous pour tous
Personne pour personne
Ô ! l'impunie beauté
Des crimes innocents
Voilà l'amour du prochain
C'est la dernière récré : « Eh ! »
On se reverra : « Ah ! »
Amis ou ennemis :
« Hi ! Hi ! »
En souris ou en rats :
« Hi ! Hi ! Ha ! Ha ! »
En gentils ou en malfrats :
« Hi ! Hi ! Ha ! Ha ! »
A la prochaine rentrée :
« Hé ! Hé ! »
A la prochaine démêlée :
« Hé ! Hé ! »
Sonhurle encore une fois la clocharde,
S'étrangle longuement dans ses stridentes hardes.
« Hourra ! Hourra ! », brament les gars
Les braves braillards,
Tandis que filent en classe les filles
Les filantes silencieuses,
Qui n'en songent pas moins à des idées
Peut-être à des idylles
Ou simplement à des îles
Ou encore à des ailes
A d'étranges périls
A des hippopotames
En légèreté d'âme
Ou à des crocodiles
Qui claudiquent subtils
A des croque-madames
Dont l’œuf comme œil se pâme
A des bonjour Monsieur
A de très vertes flammes
Que teignent bleues des peurs
A des monstres en sueur
A des têtes lueurs
Des êtres dont on aime
Le charme dans l'horreur
Pour l'heure qui vient blême
Elles font le silence
Elles font l'élégance
Le voyage en stagnance
Elles sont séditieuses
Elles sont des pleureuses
Presque femmes heureuses
Elles s'inventent-voient des baobabs-platanes
En majesté, larges en bas, larges en haut
En lente procession dans les couloirs qui courent
Vers de longs cocotiers qui s'enrêvent d'étoiles
Les filles d'oasis qui s'envolent-se voilent
Ça se passe au primaire ?
En tout cas, je trouve les strophes 2 et 5 très (trop) enfantines, les strophes 4 et 6 niveau collège, et la 7e plutôt vers le lycée. Et le vers "On s'insulte courtoisement" tiré du monde adulte. Ce qui crée de la confusion chez moi.
J'apprécie vos néologismes et l'étrangeté de vod associations d'idées. C'est un peu comme dans un rêve, ou des choses impossibles se côtoient et passent sans perturber le rêveur.
En fait, la strophe 6 est très étonnante, elle réunit des images dd tous les âges de l'enfance à l'âge adulte.
Et votre dernier vers est peut-être le plus surprenant de tous.
Garcia Alexis aime ce message
Salima SalamMer 14 Juin - 1:10