On la voit qui s'traîne
Tous les jours, au bord de l'eau.
C'est la vieill' Germaine
Qui va pleurer son Jojo.
Jojo la déveine,
Son dernier, son préféré,
Qui dans l'eau d'la Vienne,
Un soir d'avril, s'est noyé.
Courbée sous sa croix
Un foulard sur ses ch'veux blancs,
Ell' marche à p'tits pas
Et vient s'asseoir sur un banc.
La Germain' Martin,
Ell' reste là sans bouger,
Avec son p'tit chien
Couché dans l'herbe, à ses pieds.
La Germaine,
La laissez pas tout' seul' par là,
Avec son chagrin qui l'entraîne
Auprès d'la Vienne.
La Germaine,
Un jour ou l'autre, ell' finira
Elle aussi, par noyer sa peine
Dans l'eau d'la Vienne.
On la voit qui s'traîne,
L'oeil éteint, sans dire un mot,
Et la vieill' Germaine
N'écout' plus l'chant des oiseaux.
Depuis l'jour maudit,
Ell' fait mêm' plus son jardin.
Prostrée dans sa nuit,
Elle a plus envie de rien.
Ell' revoit tout l'temps
Son dernier, son p'tit frisé,
Qu'avait pas trente ans
Quand l'courant l'a emporté.
Jojo la biture,
Le poivrot qu'on méprisait,
Dieu sait quell' blessure,
Pauvre bougre, il trimballait.
La Germaine,
La laissez pas tout' seul' par là,
C'est un désespoir qui s'promène
Le long d'la Vienne.
La Germaine,
La laissez pas fair' comm' son gars,
Comm' son Jojo, noyer sa peine
Au fond d'la Vienne.
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Thierry LazertJeu 18 Jan - 18:35