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Les haubans faisaient semblant

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24022024
Les haubans faisaient semblant

Je m’en souviens très bien. C’est même, de toute ma vie, le seul souvenir que j’aie. Je suppose que la douleur y est pour quelque chose.

Ce jour-là, j’ai pris dans la figure un paysage en deux dimensions, dénué de sa troisième dimension, la profondeur, et dénué de toutes les forces intérieures qu’on devine et qu’on sent au sein des éléments : leur vie. J’ai pris dans la figure un paysage mort.

Ce grand pont suspendu, le Pont de Normandie, je savais qu’il était loin, très loin, et pourtant non, je le voyais devant mes yeux, sans sentir la moindre distance. Ni proche, ni lointain, le pont faisait le mort comme tous les autres éléments de ce paysage. Le pont n’était ni plus loin, ni plus proche que les bâtiments de Honfleur qui étaient à ma gauche, ou que la Seine qui était à ma droite : tout se présentait à moi méchamment à plat, vertical, devant mes yeux, sans distance.

Je me suis attardé sur les haubans du pont, et j’ai eu mal de ne pas sentir les forces qui auraient dû les traverser. Des milliers de tonnes de tension dans ces câbles ? Illusion. J’ai perçu l’absence de ces forces comme la mort d’un cœur, d’une âme, qui ne faisaient plus leur job de pourvoyeurs de vie. J’ai essayé de penser à « plus loin », même si ça n’existait pas, et précisément, je n’ai pas réussi à penser à la mer. Je ne pouvais la saisir ni en imagination, ni en réalité. Et pourtant elle était là, je le savais, derrière Honfleur, derrière le Pont de Normandie, après la Seine. Mais j’étais dans une douloureuse incapacité à l’appréhender : elle me glissait entre les neurones, comme tout ce qui était censé exister et se révélait tristement illusion, fruit d’un esprit malade à jamais.


Depuis le paysage vertical au pont suspendu mort et à la mer impossible à attraper, j’ai vu se dresser devant moi quelques milliers d’arbres, autant de jours à vivre d’une manière ou d’une autre, comme j’aurais négocié chaque matin un arbre qui brusquement se serait levé devant moi. J’y ai grimpé et en suis redescendu, ou je l’ai contourné, selon mes forces ou mon envie, mon humeur.

Une fois le jour vécu, je suis passé au suivant, jusqu’à aujourd’hui. Et si d’aventure je me retourne pour tenter de me rappeler, je ne vois qu’une forêt fossilisée, les haubans sans vie d’un pont suspendu et, au-delà, une mer qui m’échappe encore. 


Dernière édition par Thierry Lazert le Dim 25 Fév - 14:28, édité 9 fois

Salima Salam, DédéModé, Ninn' A et Jihelka aiment ce message

Commentaires

Ninn' A
T'es un furieux Thierry ! Bravo, beau travail.

Thierry Lazert aime ce message

Salima Salam
Grave !

Thierry Lazert aime ce message

Thierry Lazert
@Salima Salam
?
Thierry Lazert
@Salima Salam
Grave ! : réaction au post de Nina ?
Salima Salam
@Thierry Lazert

C'est grave impressionnant ce que vous avez tiré de la contrainte. Moi j'aurais séché. Le résultat, c'est du Lazert tout craché, un truc très bien écrit avec un contenu qui revisite les lois physiques et de la raison. Naturellement, je n'y comprends rien. Je serais incapable de dire si vous utilisez les bons mots ou non, attendu que je ne saisis pas ce monde désarticulé. Mais j'apprécie le résultat.

Thierry Lazert aime ce message

Ninn' A
et le défi relevé en 5 heures, faut être un acharné de l'écriture :-) l'interprétation de la forêt fossilisée m'impressionne.

Thierry Lazert aime ce message

Thierry Lazert
Merci pour vos compliments, mais je n’ai fait qu’exploiter des souvenirs pour le pont et la mer. Pour la forêt, je ne sais pas trop.
Thierry Lazert
La fonction édit bat de l’aile : j’ai dû m’y reprendre à huit fois pour insérer les sauts de lignes que je voulais. Amenez-moi un administrateur !
Jihelka
Thierry, c'est l'heure de prendre tes comprimés... Tu ne te souviens pas ? Le beau bâtiment avec le grand parc... le monsieur en blouse blanche... non ?

Thierry Lazert aime ce message

Salima Salam
Sauts de ligne :
 
Ah oui, ça c'est un problème. Je fais comme ça : saut de ligne, puis chaque ligne sautée remplie par une ou deux espaces. Sans ça, il arrive qu'au moment de valider, le système supprime quelques lignes vides. Avec l'insertion d'espaces, le système voit une ligne pas vide, mais le lecteur en voit une vide, et ça marche. 
 
Comme personne ne s'était plaint jusque là, je n'avais pas encore cherché à régler autrement le problème. Mais je suppose qu'un peu de JavaScript nous remettrait ça en règle...
 
 
rire sardonique :
Hon hon hon hon hon !!!!!

Thierry Lazert aime ce message

Thierry Lazert
@Salima Salam
Vous me paierez ce rire sardonique ! JavaScript ? Où ?
Ninn' A
je viens de regarder la page wikipédia de "rire sardonique", pfiou, on en apprend de bonnes en passant sur le bast' !

Thierry, si tu ne trouves pas JavaScript, écoute JavaNaise

Thierry Lazert aime ce message

Thierry Lazert
@Jihelka
Parc ? Bâtiment ? Blouse blanche ? Noooon, je ne vois pas duuuu tout. Médic-ahmm, ahmm !

Jihelka aime ce message

Salima Salam
En fait, je ne sais pas ce que c'est le rire sardonique. Je l'ai copié de Patrick Dubreuil. Je devrais vérifier ?
Ninn' A
tu as bien le droit de dire rire sardonique, pas de souci. je ne savais pas non plus donc j'ai guetté, disons que c'est instructif, la lecture de l'article est rapide : https://fr.wikipedia.org/wiki/Rire_sardonique

Salima Salam et Thierry Lazert aiment ce message

Thierry Lazert
Eurk !
Ninn' A
ben ouais
Salima Salam
Yeurk !
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