Elle connait le quartier, Mek. Cet angle de rue et sa grosse colonne qui soutient l’architecture surmontant le trottoir, elle les connait bien. Pourtant, à cet instant, du neuf se produit. La colonne de pierre prend des airs d’inconnue et Mek a, d’un coup, d’un seul, envie de la prendre dans ses bras, d’y coller son corps de solitaire. Oh, le pourtour de la colonne ne se laissera pas faire : il excède de loin la capacité de Mek à l’embrasser toute. Mek le sait bien mais elle va essayer malgré tout.
Alors, comme d’autres enserrent un gros arbre pour se remplir de l’énergie de la nature, Mek embrasse la colonne, cet ouvrage fait de pierres taillées, taillées de longue date à en juger par les traces d’usure qu’elles exhibent. Comment n’a-t-elle pas vu cela plus tôt ? Elle s’enivre de tout le savoir des mains qui ont sculpté les pierres de la colonne, oublieuse du regard intrigué des passants.
Mek reste ainsi, collée à la colonne durant de longues minutes et c’est un enchantement qui efface les misères de sa vie. Mek qui enlace la colonne trop large pour ses bras, c’est une femme qui prie un Dieu trop grand pour exister : sa prière n’en est que plus folle, comme une extase au beau milieu de la douleur. Mek dit merci.
j'aime bien les deux premiers paragraphes, surtout le second, tu me parles de cailloux et de pierres taillées et je suis contente.
le troisième est un peu trop "philosophique" pour moi.
Thierry Lazert aime ce message
Ninn' AMar 9 Avr - 17:07