Le Bastringue Littéraire
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POËSIE DU JOUR

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Rappel du premier message :

Ouvert à tous : premier arrivé, premier qui sert !


VERS DORÉS

Eh quoi ! tout est sensible !
PYTHAGORE

Homme, libre penseur ! te crois-tu seul pensant
Dans ce monde où la vie éclate en toute chose ?
Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
Mais de tous tes conseils l’univers est absent.

Respecte dans la bête un esprit agissant :
Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;
Un mystère d’amour dans le métal repose ;
« Tout est sensible ! » Et tout sur ton être est puissant.

Crains, dans le mur aveugle, un regard qui t’épie :
À la matière même un verbe est attaché…
Ne la fais pas servir à quelque usage impie !

Souvent dans l’être obscur habite un Dieu caché ;
Et comme un œil naissant couvert par ses paupières,
Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres !


Gérard de Nerval (1808-1855)

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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C'est très drôle, par contre les 3 derniers vers sont obscurs pour moi.

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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il y a peut-être eu en cours de route une erreur de recopiage...

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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J'y suis, Eurêka ! C'est le propre de la fatrasie, vient de fatras, amas de non-sens, très en vogue au moyen-âge, comme les sotties, amas de sottises, et les fous et folles de cours. 

Dis, Ninn'A, je nous trouve très coupables d'une grande injustice. On n'a présenté que des hommes comme auteurs, c'est une tendance de la société dans sa globalité, les chiffres sont alarmants, si je les retrouve je les mettrai ici, d'ailleurs les programmes scolaires ne présentent que les hommes, et s'il y a des femmes auteures, alors seulement en tant que maitresses ou similaire d'auteurs hommes célèbres.

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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13. 13/08 - Guilhem de GALHAC (entre 1345 et 1484).

EXTRAIT

Am dolor, ses trobar pausa ...
De vers lo cel, hon gautz floris he grana ...
Hueyt signes vey dins una mar passibla ...
Roza, sus tot valerosa ...

Dernière édition par Salima Salam le Mar 16 Aoû - 7:20, édité 1 fois

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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Salima, non, je ne me sens pas coupable de ne pas avoir présenté de femme. mais bon, j'ai fouillé un peu et propose :

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Je ne sais comment je dure


Je ne sais comment je dure ;
Car mon dolent cœur fond d’ire,
Et plaindre n’ose, ni dire
a douloureuse aventure,
 
Ma dolente vie obscure,
Rien, hors la mort, ne désire ;
Je ne sais comment je dure.
 
Et me faut par couverture
Chanter quand mon cœur soupire,
Et faire semblant de rire ;
Mais Dieu sait ce que j’endure ;
Je ne sais comment je dure.

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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II. RENAISSANCE

14. Dimanche 14/08 - François RABELAIS (1483[-94 ?]-1553)

LA DIVE BOUTEILLE

O Bouteille
Plaine toute
De misteres,
D'une aureille
Je t'escoute:
Ne differes,
Et le mot proferes,
Auquel pend mon cueur,
En la tant divine liqueur,
Baccus qui fut d'Inde vainqueur,
Tient toute vérité enclose.
Vin tant divin loin de toy est forclose
Toute mensonge, & toute tromperie.
En ioye soit l'Aire de Noach close,
Lequel de toy nous fit la temperie.
Sonne le beau mot, je t'en prie,
Qui me doit oster de misere.
Ainsi ne se perde une goutte
De toy, soit blanche ou soit vermeille.
O Bouteille
Plaine toute
De misteres,
D'une aureille
Je t'escoute:
Ne differes.

Le Cinquième et dernier Livre des faicts et dicts heroïques du bon Pantagruel, XLIV

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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Dame Jehanne, officiez, je vous prie. Vous n'avez plus que l'embarras du choix, désormais. 
D'ailleurs, je propose que Salima et moi présentions respectivement demain et après-demain deux autres textes de l'auteur que vous aurez choisi pour ce jour...

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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Si vous le permettez, je reporte à demain soir. Merci !

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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Je permets jusqu'au matin, ensuite je ne sais pas, je ne puis répondre de rien, Madame, vous m'en excuserez !...

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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Prends cette rose -

 Pierre de Ronsard

Prends cette rose aimable comme toi,
Qui sert de rose aux roses les plus belles,
Qui sert de fleur aux fleurs les plus nouvelles,
Dont la senteur me ravit tout de moi.

Prends cette rose et ensemble reçois
Dedans ton sein mon cœur qui n’a point d’ailes,
Il est constant et cent plaies cruelles
N’ont empêché qu’il ne gardât sa foi.

La rose et moi différons d’une chose :
Un Soleil voit naître et mourir la rose,
Mille Soleils ont vu naître m’amour,

Dont l’action jamais ne se repose.
Que plût à Dieu que telle amour, enclose,
Comme une fleur, ne m’eut duré qu’un jour

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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16. Mardi 16/08 Pierre de Ronsard (1524-1585)


J'ay varié ma vie en devidant la trame
Recueil : Derniers vers (1586).

J'ay varié ma vie en devidant la trame
Que Clothon me filoit entre malade et sain,
Maintenant la santé se logeoit en mon sein,
Tantost la maladie extreme fleau de l'ame.


La goutte ja vieillard me bourrela les veines,
Les muscles et les nerfs, execrable douleur,
Montrant en cent façons par cent diverses peines
Que l'homme n'est sinon le subject de malheur.


L'un meurt en son printemps, l'autre attend la vieillesse,
Le trespas est tout un, les accidens divers :
Le vray tresor de l'homme est la verte jeunesse,
Le reste de nos ans ne sont que des hivers.


Pour long temps conserver telle richesse entiere
Ne force ta nature, ains ensuy la raison,
Fuy l'amour et le vin, des vices la matiere,
Grand loyer t'en demeure en la vieille saison.


La jeunesse des Dieux aux hommes n'est donnee
Pour gouspiller sa fleur, ainsi qu'on void fanir
La rose par le chauld, ainsi mal gouvernee
La jeunesse s'enfuit sans jamais revenir.

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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17. Mercredi 17/08 - Ronsard (3/3)

SONNET POSTHUME

Je n'ay plus que les os, un Squelette je semble,
Decharné, denervé, demusclé, depoulpé,
Que le trait de la Mort sans pardon a frappé:
Je n'ose voir mes bras que de peur je ne tremble.

Apollon et son fils, deux grans maistres ensemble,
Ne me sçauroient guerir; leur mestier m'a trompé:
Adieu plaisant Soleil, mon œil est estoupé,
Mon corps s'en va descendre où tout se desassemble.

Quel amy me voyant en ce poinct despoûillé
Ne remporte au logis un œil triste et mouillé,
Me consolant au lict et me baisant la face,

En essuiant mes yeux par la mort endormis?
Adieu chers compaignons, adieux mes chers amis,
Je m'en vay le premier vous preparer la place.

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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18. 18/08 - Louise LABÉ (1524-1566)
Grande lettrée du Lyon, contemporaine de Ronsard et des étoiles de la Pléiade, son existence est entourée d'un halo mystérieux. 

Sonnet de la belle cordière

Las ! cettui jour, pourquoi l’ai-je dû voir,
Puisque ses yeux allaient ardre mon âme ?
Doncques, Amour, faut-il que par ta flamme
Soit transmué notre heur en désespoir !


Si on savait d’aventure prévoir
Ce que vient lors, plaints, poinctures et blâmes ;
Si fraîche fleur évanouir son bâme
Et que tel jour fait éclore tel soir ;


Si on savait la fatale puissance,
Que vite aurais échappé sa présence !
Sans tarder plus, que vite l’aurais fui !


Las, Las ! que dis-je ? O si pouvait renaître
Ce jour tant doux où je le vis paraître,
Oisel léger, comme j’irais à lui !

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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Louise Labé. 1524-1566

Baise m'encor, rebaise-moi et baise...

Baise m’encor, rebaise-moi et baise :
Donne m’en un de tes plus savoureux,
Donne m’en un de tes plus amoureux :
Je t’en rendrai quatre plus chauds que braise.

Las, te plains-tu ? ça que ce mal j’apaise,
En t’en donnant dix autres doucereux.
Ainsi mêlant nos baisers tant heureux
Jouissons-nous l’un de l’autre à notre aise.

Lors double vie à chacun en suivra.
Chacun en soi et son ami vivra.
Permets m’Amour penser quelque folie :

Toujours suis mal, vivant discrètement,
Et ne me puis donner contentement,
Si hors de moi ne fais quelque saillie.

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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20. Samedi 20/08 - Louise Labé (3/3)

                      SONNET 8

     Je vis, je meurs : je me brûle et me noie.
J'ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremêlés de joie.
     Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure :
Mon bien s'en va et à jamais il dure :
Tout en un coup je sèche et je verdoie.
     Ainsi Amour inconstamment me mène :
Et quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.
     Puis, quand je crois ma joie être certaine
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.

Version modernisée

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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III. LA POËSIE BAROQUE

21. Dimanche 21/08 - Mathurin Régnier (1573-1613)

SATYRE I. DISCOURS AU ROY (vers 1 à 16)

     Puissant roy des François, astre vivant de Mars,
Dont le juste labeur, surmontant les hazards,
Fait voir par sa vertu que la grandeur de France
Ne pouvoit succomber souz une autre vaillance;
Vray fils de la valeur de tes pères, qui sont
Ombragez des lauriers qui couronnent leur front,
Et qui, depuis mille ans, indomptables en guerre,
Furent transmis du ciel pour gouverner la terre:
Attendant qu’à ton rang ton courage t’eust mis,
En leur trosne eslevé dessus tes ennemis;
Jamais autre que toy n’eust, avecque prudence,
Vaincu de ton suject l’ingrate outrecuidance,
Et ne l’eust, comme toy, du danger préservé:
Car estant ce miracle à toy seul reservé,
Comme au Dieu du pays en ses desseins parjures,
Tu faits que tes bontez excedent ses injures.

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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Sonnet
Ô Dieu, si mes péchés irritent ta fureur


Ô Dieu, si mes péchés irritent ta fureur,
Contrit, morne et dolent, j'espère en ta clémence.
Si mon deuil ne suffit à purger mon offense,
Que ta grâce y supplée et serve à mon erreur.

Mes esprits éperdus frissonnent de terreur,
Et, ne voyant salut que par la pénitence,
Mon coeur, comme mes yeux, s'ouvre à la repentance,
Et me hais tellement que je m'en fais horreur.

Je pleure le présent, le passé je regrette;
Je crains à l'avenir la faute que j'ai faite;
Dans mes rébellions je lis ton jugement.

Seigneur, dont la bonté nos injures surpasse,
Comme de père à fils uses-en doucement,
Si j'avais moins failli, moindre serait ta grâce

Dernière édition par Salima Salam le Ven 26 Aoû - 23:48, édité 1 fois (Raison : Désolée pour le titre et le reste.)

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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Curieusement intitulée, cette pièce, dictes-moy, Ma Dame La Taulière !
Dame Jehanne, c'est à vous. Et demain encore, avecque un autre Poëte baroco.

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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Stances
Mathurin Régnier

Quand sur moi je jette les yeux,
À trente ans me voyant tout vieux,
Mon cœur de frayeur diminue ;
Étant vieilli dans un moment,
Je ne puis dire seulement
Que ma jeunesse est devenue.
 
Du berceau courant au cercueil,
Le jour se dérobe à mon œil,
Mes sens troublés s’évanouissent.
Les hommes sont comme des fleurs,
Qui naissent et vivent en pleurs,
Et d’heure en heure se fanissent.
 
Leur âge, à l’instant écoulé,
Comme un trait qui s’est envolé,
Ne laisse après soi nulle marque ;
Et leur nom, si fameux ici,
Si-tôt qu’ils sont morts, meurt aussi,
Du pauvre autant que du monarque.
 
Naguère vert, sain et puissant,
Comme un aubépin florissant,
Mon printemps était délectable.
Les plaisirs logeaient en mon sein ;
Et lors était tout mon dessein
Du jeu d’amour et de la table.
 
Mais, las ! mon sort est bien tourné ;
Mon âge en un rien s’est borné ;
Faible languit mon espérance ;
En une nuit, à mon malheur,
De la joie et de la douleur
J’ai bien appris la différence !

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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Théophile de VIAU (1590-1626)
 
Le soleil est devenu noir
 
Un corbeau devant moi croasse,
Une ombre offusque mes regards,
Deux belettes et deux renards
Traversent l’endroit où je passe,
Les pieds faillent à mon cheval,
Mon laquais tombe du haut mal,
J’entends craqueter le tonnerre,
Un esprit se présente à moi,
J’ois Charon qui m’appelle à soi,
Je vois le centre de la terre.

 
Ce ruisseau remonte en sa source,
Un bœuf gravit sur un clocher,
Le sang coule de ce rocher,
Un aspic s’accouple d’une ourse,
Sur le haut d’une vieille tour
Un serpent déchire un vautour,
Le feu brûle dedans la glace,
Le Soleil est devenu noir,
Je vois la Lune qui va choir,
Cet arbre est sorti de sa place.

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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25. Jeudi 25/08 - Theophile (2/3)

                       SUR SON EXIL

Quelque si doux espoir où ma raison s'appuye,
Un mal si découvert ne se sçauroit cacher:
J'emporte, mal-heureux, quelque part où je fuye,
Un traict qu'aucun secours ne me peut arracher.

Je viens dans un desert mes larmes espancher,
Où la terre languit, où le soleil s'ennuye,
Et d'un torrent de pleurs qu'on ne peut estancher
Couvre l'air de vapeurs et la terre de pluye.

Parmy ces tristes lieux trainant mes longs regrets,
Je me promene seul dans l'horreur des forests
Où le funeste orfraye et le hibou se perchent.

Là, le seul reconfort qui peut m'entretenir,
C'est de ne craindre point que les vivans me cherchent
Où le flambeau du jour n'osa jamais venir.

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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C'est à vous, Madame La Taulière, et demain, vous présenterez vostre Poëte baroco.

Sur ce qui précède :
Il semble que Monsieur de Malherbe ait quelque peu embrouillé ce pauvre Theophile...
Mais où donc cela, Mesdames ?

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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Je tente ma chance :
Couvre l'air de vapeurs et la terre de pluye.
à « vapeurs » avec un S est incorrect en classique car n’est pas élidé avec le « et » qui suit ?
Où le funeste orfraye et le hibou se perchent.
à « orfraye et » devons-nous en classique compter 2 ou 3 syllabes ?

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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Le e d'« orfraye » est élidé et celui de « vapeurs »... bin y en a pas, donc... 
Non, ce n'est pas une faute de prosodie qui entache le second quatrain...

Madame La Taulière ! RÉVEEEEEEIIILLL §

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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Ninn'A, excellent choix, Viau ! Je suis très impressionnée par sa poétique, c'est fascinant. Quel art, quelle maîtrise. 

Monsieur le Démodé, pardon, pardon, je n'avais pas la tête à la chose poétique. Mais je n'ai pas la réponse même après avoir lu 10 fois la pièce. Je ne vois aucune embrouille, tout me semble clair, limpide, admirablement tourné, un grand poète assurément. Fa-sci-nant.

Alors pas orfraye ? Je crois aussi que c'est orfraye, c'est interdit en classique dans le corps du vers. On l'a vu dans notre dernière leçon. 

Éventuellement épancher étancher, qui sont deux verbes ayant le même radical, donc finalement Viau ferait rimer presque un mot avec lui-même. Mais c'est si bien fait.

Rime interne de pleur et vapeur, et aussi de decouvert désert, mais c'est pas trop grave je crois. 

Mais que lui reprochez-vous donc ?? Ce sonnet est très bien foutu. Chaque strophe traite un sujet, excellente progression, belle chute, hémistiches en règle qui ne segmentent pas les syntagmes, uneconstruction grammaticale très élaborée et en même temps fluide.

Bon, il fait rimer ensemble des mots de même catégorie grammaticale (sauf s'ennuye et pluye), mais vraiment on ne peut pas lui reprocher, il le fait avec grand art. 

Vous êtes sûr qu'il est pauvre et embrouillé ?

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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Viau 3/3

VIAU

Les Nautoniers


Les Amours plus mignards à nos rames se lient.
Les Tritons à l'envi nous viennent caresser,
Les vents sont modérés, les vagues s'humilient
Par tous les lieux de l'onde où nous voulons passer.


Avec notre dessein va le cours des étoiles,
L'orage ne fait point blêmir nos matelots,
Et jamais alcyon sans regarder nos voiles
Ne commit sa nichée à la merci des flots.


Notre Océan est doux comme les eaux d'Euphrate,
Le Pactole, le Tage est moins riche que lui.
Ici jamais nocher ne craignit le pirate,
Ni d'un calme trop long ne ressentit l'ennui.


Sous un climat heureux, loin du bruit du tonnerre,
Nous passons à loisir nos jours délicieux,
Et là jamais notre oeil ne désira la terre,
Ni sans quelque dédain ne regarda les cieux.


Agréables beautés pour qui l'Amour soupire,
Éprouvez avec nous un si joyeux destin,
Et nous dirons partout qu'un si rare navire.
Ne fut jamais chargé d'un si rare butin.

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Marc-Antoine Girard de Saint-Amant (1594-1661)



Assis sur un fagot, une pipe à la main,
Tristement accoudé contre une cheminée,
Les yeux fixés vers terre, et l’âme mutinée,
Je songe aux cruautés de mon sort inhumain.


L’espoir, qui me remet du jour au lendemain,
Essaie à gagner du temps sur ma peine obstinée,
Et me venant promettre une autre destinée
Me fait monter plus haut qu’un empereur romain.


Mais à peine cette herbe est-elle mise en cendre,
Qu’en mon premier état il me convient descendre,
Et passer mes ennuis à redire souvent:


Non, je ne trouve point beaucoup de différence
De prendre du tabac à vivre d’espérance,
Car l’un n’est que fumée, et l’autre n’est que vent.

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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Mais il est élidé, ce putain de e ! Vous allez finir de me faire tourner bourrique, Cancresses en short ?
Vous devez avoir raison sur le reste : j'ai dû mal interpréter ; à ma décharge, admettez qu'on conçoit mal un soleil dispensateur de déluge, mais il faut croire que c'est cependant bien lui le subject...

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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Je viens dans un desert mes larmes espancher,
Où la terre languit, où le soleil s'ennuye,
Et d'un torrent de pleurs qu'on ne peut estancher
Couvre l'air de vapeurs et la terre de pluye.


Je est le sujet. Je viens épancher et je couvre. Les larmes coulent comme la pluie sur une terre chaude et une part s'évapore et fait cette brume, mais vous Monsieur le Démodé ne connaissez pas les terres chaudes, dans vos marécages humides où la terre ne sèche jamais. 

Ici Viau montre une dualité étonnante : opposition lyrisme de l'être et classissisme de la nature morne qu'on trouvera plus tard dans le Parnasse. Le soleil est loin des passions humaines et le petit Viau se vide de ses excès émotionnels et se met à l'unisson avec la nature, comme une momie, stable, égal, morne, immobile.  Vous devriez faire yn tour dans le désert vous aussi, Monsieur. 

Ninn'A, tu peux trouver un billet aller simle à Monsieur, vers le centre d'un désert, qu'on lui apprenne à nous traiter de cancresses. 

Si vous voulez les petits pépins, on ne couvre pasun volume mais on l'emplit, et c'est la surface qu'on couvre. Alors Viau aurait dû remplacer l'air par une surface. Et le je viens, hmm, je vais serait mieux pour la logique du déplacement.

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Je viens épancher mes larmes et couvre la terre de pluie... mmh... oui.

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2/3
Marc-Antoine Girard de Saint-Amant (1594-1661)

Le paresseux

Accablé de paresse et de mélancolie,
Je rêve dans un lit où je suis fagoté,
Comme un lièvre sans os qui dort dans un pâté,
Ou comme un Don Quichotte en sa morne folie.
Là, sans me soucier des guerres d’Italie,
Du comte Palatin, ni de sa royauté,
Je consacre un bel hymne à cette oisiveté
Où mon âme en langueur est comme ensevelie.
Je trouve ce plaisir si doux et si charmant,
Que je crois que les biens me viendront en dormant,
Puisque je vois déjà s’en enfler ma bedaine,
Et hais tant le travail, que, les yeux entrouverts,
Une main hors des draps, cher Baudoin, à peine
Ai-je pu me résoudre à t’écrire ces vers.

descriptionPOËSIE DU JOUR - Page 2 EmptyRe: POËSIE DU JOUR

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Il semblerait qu'il faille prononcer Baudoin à la manièrre de Monsieur DUBOIS-DULUC, oune fouè!... 
N'auriez-vous point perdu un u en cours de route, Dame Jehanne ?
Ah ! ce cher Marc-Antoine de Quevilly !... tellement moderne !... qu'il a même les faveurs du Grand Georges!

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non, Mr Dédé, pas de U perdu en route. Jean Baudoin (1590-1650), poète et ami de Saint-Amant

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Baudo-in, donc... Nous tâcherons de revoir ce que dit Monsieur Littré de la prononci-ati-on de cette diphtongue... Merci Dame Jehanne.

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29. Lundi 29/08 - Saint-Amant (3/3)

LE MELON (extraits)


Quelle odeur sens-je en cette chambre ?
Quel doux parfum de musc et d'ambre
Me vient le cerveau réjouir
Et tout le coeur épanouir ?
Ha ! bon Dieu ! j'en tombe en extase :
Ces belles fleurs qui, dans ce vase,
Parent le haut de ce buffet,
Feraient-elles bien cet effet ?
A-t-on brûlé de la pastille ?
N'est-ce point ce vin qui pétille
Dans le cristal, que l'art humain
A fait pour couronner la main
Et d'où sort, quand on en veut boire,
Un air de framboise à la gloire
Du bon terroir qui l'a porté
Pour notre éternelle santé ?

Non, ce n'est rien d'entre ces choses,
Mon penser, que tu me proposes.
Qu'est-ce donc ? je l'ai découvert
Dans ce panier rempli de vert :
C'est un MELON, où la nature,
Par une admirable structure,
A voulu graver à l'entour
Mille plaisants chiffres d'amour,
Pour claire marque à tout le monde
Que, d'une amitié sans seconde,
Elle chérit ce doux manger
Et que, d'un souci ménager,
Travaillant aux biens de la terre,
Dans ce beau fruit seul elle enserre
Toutes les aimables vertus
Dont les autres sont revêtus.

... Ha ! Soutenez-moi, je me pâme,
Ce morceau me chatouille l'âme ;
Il rend une douce liqueur
Qui me va confire le coeur ;
Mon appétit se rassasie
De pure et nouvelle ambroisie,
Et mes sens, par le goût séduits,
Au nombre d'un sont tous réduits.

Non, le cocos, fruit délectable
Qui lui tout seul fournit la table
De tous les mets que le désir
Puisse imaginer et choisir,
Ni les baisers d'une maîtresse
Quand elle-même nous caresse,
Ni ce qu'on tire des roseaux
Que Crète nourrit dans ses eaux,
Ni le cher abricot que j'aime,
Ni la fraise avecque la crème,
Ni la manne qui vient du ciel,
Ni le pur aliment du miel,
Ni la poire de Tours sacrée,
Ni la verte figue sucrée,
Ni la prune au jus délicat,
Ni même le raisin muscat
(Parole pour moi bien étrange),
Ne sont qu'amertume et que fange
Au prix de ce MELON divin,
Honneur du climat angevin.

... Ô manger précieux ! Délices de la bouche !
Ô doux reptile herbu, rampant sur une couche !
Ô beaucoup mieux que l'or, chef-d'oeuvre d'Apollon !
Ô fleur de tous les fruits ! Ô ravissant MELON !
Les hommes de la Cour seront gens de parole,
Les bordels de Rouen seront francs de vérole,
Sans vermine et sans gale on verra les pédants,
Les preneurs de pétun auront de belles dents,
Les femmes des badauds ne seront plus coquettes,
Les corps pleins de santé se plairont aux cliquettes,
Les amoureux transis ne seront plus jaloux,
Les paisibles bourgeois hanteront les filous,
Les meilleurs cabarets deviendront solitaires,
Les chantres du Pont-neuf diront de hauts mystères,
Les pauvres quinze-vingt vaudront trois cents Argus,
Les esprits doux du temps paraîtront fort aigus,
Maillet fera des vers aussi bien que Malherbe,
Je haïrai Faret, qui se rendra superbe,
Pour amasser des biens, avare je serai,
Pour devenir plus grand, mon coeur j'abaisserai.
Bref, Ô MELON succrin, pour t'accabler de gloire,
Des faveurs de Margot je perdrai la mémoire.
Avant que je t'oublie et que ton goût charmant
Soit biffé des cahiers du bon gros SAINT-AMANT.

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Extraits ??? Mais qu'avait-il encore à dire à propos de melon ?!?? C'est si drôle, que je me demande si son melon n'est qu'un melon ou bien une métaphore pour quelque chose de plus consistant. C'était écrit à l'occasion d'une fête du terroir ou koua ?

Quelle longueur de phrase ! Tout à fait plaisant, ça vous masse l'exigence syntaxique et vous laisse repu•e et heureux•se.

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IV. LA POÉSIE CLASSIQUE

30. Mardi 30/08 - Nicolas BOILEAU (1636-1711)

À MON JARDINIER, ÉPÎTRE

... Antoine, de nous deux, tu crois donc, je le voi,
Que le plus occupé dans ce jardin, c'est toi.
Oh ! que tu changerais d'avis et de langage,
Si, deux jours seulement, libre du jardinage,
Tout à coup devenu poète et bel esprit,
Tu t'allais engager à polir un écrit
Qui dît, sans s'avilir, les plus petites choses,
Fît des plus secs chardons des œillets et des roses,
Et sût même aux discours de la rusticité
Donner de l'élégance et de la dignité...
... Bientôt, de ce travail devenu sec et pâle,
Et le teint plus jauni que de vingt ans de hâle,
Tu dirais, reprenant ta pelle et ton râteau :
« J'aime mieux mettre encor cent arpents au niveau,
Que d'aller follement, égaré dans les nues,
Me lasser à chercher des visions cornues,
Et, pour lier des mots si mal s'entr'accordants,
Prendre dans ce jardin la lune avec les dents. »
Approche donc, et viens ; qu'un paresseux t'apprenne,
Antoine, ce que c'est que fatigue et que peine.
L'homme ici-bas, toujours inquiet et gêné,
Est, dans le repos même, au travail condamné.
La fatigue l'y suit. C'est en vain qu'aux poètes
Les neuf trompeuses Sœurs, dans leurs douces retraites,
Promettent du repos sous leurs ombrages frais :
Dans ces tranquilles bois, pour eux plantés exprès,
La cadence aussitôt, la rime, la césure,
La riche expression, la nombreuse mesure,
Sorcières, dont l'amour sait d'abord les charmer,
De fatigues sans fin viennent les consumer.
Sans cesse, poursuivant ces fugitives fées,
On voit sous les lauriers haleter les Orphées.

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31. Mercredi 31/08 - BOILEAU 


Le bûcheron et la mort

Le dos chargé de bois, et le corps tout en eau,
Un pauvre bûcheron, dans l'extrême vieillesse,
Marchait en haletant de peine et de détresse.
Enfin, las de souffrir, jetant là son fardeau,
Plutôt que de s'en voir accablé de nouveau,
II souhaite la Mort, et cent fois il l'appelle.


La Mort vint à la fin : Que veux-tu ? cria-t-elle.
Qui ? moi ! dit-il alors prompt à se corriger :
Que tu m'aides à me charger.

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32. Jeudi 01/09 - Nicolas BOILEAU (1636-1711)
 
Craignez-vous pour vos vers la censure publique ?
 
Craignez-vous pour vos vers la censure publique ?
Soyez-vous à vous-même un sévère critique.
L'ignorance toujours est prête à s'admirer.
Faites-vous des amis prompts à vous censurer ;
Qu'ils soient de vos écrits les confidents sincères,
Et de tous vos défauts les zélés adversaires.
Dépouillez devant eux l'arrogance d'auteur ;
Mais sachez de l'ami discerner le flatteur :
Tel vous semble applaudir, qui vous raille et vous joue.
Aimez qu'on vous conseille et non pas qu'on vous loue.
Un flatteur aussitôt cherche à se récrier :
Chaque vers qu'il entend le fait extasier.
Tout est charmant, divin : aucun mot ne le blesse ;
Il trépigne de joie, il pleure de tendresse ;
Il vous comble partout d'éloges fastueux :
La vérité n'a point cet air impétueux.
Un sage ami, toujours rigoureux, inflexible,
Sur vos fautes jamais ne vous laisse paisible :
Il ne pardonne point les endroits négligés,
Il renvoie en leur lieu les vers mal arrangés,
Il réprime des mots l'ambitieuse emphase ;
Ici le sens le choque, et plus loin c'est la phrase.
Votre construction semble un peu s'obscurcir ;
Ce terme est équivoque, il le faut éclaircir.
C'est ainsi que vous parle un ami véritable.
Mais souvent sur ses vers un auteur intraitable
À les protéger tous se croit intéressé,
Et d'abord prend en main le droit de l'offensé.
De ce vers, direz-vous, l'expression est basse, -
Ah ! monsieur, pour ce vers je vous demande grâce,
Répondra-t-il d'abord. - Ce mot me semble froid ;
Je le retrancherais. - C'est le plus bel endroit ! -
Ce tour ne me plaît pas. - Tout le monde l'admire.
Ainsi toujours constant à ne se point dédire,
Qu'un mot dans son ouvrage ait paru vous blesser,
C'est un titre chez lui pour ne point l'effacer.
Cependant, à l'entendre, il chérit la critique ;
Vous avez sur ses vers un pouvoir despotique,
Mais tout ce beau discours dont il vient vous flatter
N'est rien qu'un piège adroit pour vous les réciter.
Aussitôt il vous quitte ; et, content de sa muse,
S'en va chercher ailleurs quelque fat qu'il abuse :
Car souvent il en trouve : ainsi qu'en sots auteurs,
Notre siècle est fertile en sots admirateurs
Et, sans ceux que fournit la ville et la province,
Il en est chez le duc, il en est chez le prince.
L'ouvrage le plus plat a, chez les courtisans,
De tout temps rencontré de zélés partisans ;
Et, pour finir enfin par un trait de satire,
Un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire.

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J'aime beaucoup ! Et très particulièrement !
Et en lectrice sincère, Monsieur Boileau, je vous informe d'un mot qui est faux, absolument faux.

« notre siècle », notre ? Monsieur Boileau, votre siècle ne peut pas être pire que le nôtre, je ne sais pas si certains siècles ont été meilleurs que d'autres, mais je suis certaine que vous dénoncez un trait de la nature humaine, il serait plus juste de nommer le mal correctement. 

Ah oui, ces auteurs qui passent leur temps à justifier un mot, à vous faire douter de votre capacité à lire.

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À vostre tour de présenter vostre Poëte classique, Dame Jehanne.

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33. Vendredi 02/09 - Jean-Baptiste ROUSSEAU (1671 – 1741)
 
Stances
 
Que l'homme est bien, durant sa vie,
Un parfait miroir de douleurs,
Dès qu'il respire, il pleure, il crie
Et semble prévoir ses malheurs.


Dans l'enfance toujours des pleurs,
Un pédant porteur de tristesse,
Des livres de toutes couleurs,
Des châtiments de toute espèce.


L'ardente et fougueuse jeunesse
Le met encore en pire état.
Des créanciers, une maîtresse
Le tourmentent comme un forçat.


Dans l'âge mûr, autre combat,
L'ambition le sollicite.
Richesses, dignités, éclat,
Soins de famille, tout l'agite.


Vieux, on le méprise, on l'évite.
Mauvaise humeur, infirmité.
Toux, gravelle, goutte, pituite,
Assiègent sa caducité.


Pour comble de calamité,
Un directeur s'en rend le maître.
Il meurt enfin, peu regretté.
C'était bien la peine de naître !

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34. Samedi 03/09 - Rousseau (2/3)

ODE TIRÉE DU CANTIQUE D'ÉZÉCHIAS POUR UNE PERSONNE CONVALESCENTE

J'ai vu mes tristes journées
Décliner vers leur penchant ;
Au midi de mes années
Je touchais à mon couchant.
La mort, déployant ses ailes,
Couvrait d'ombres éternelles
La clarté dont je jouis ;
Et dans cette nuit funeste,
Je cherchais en vain le reste
De mes jours évanouis.

Grand Dieu, votre main réclame
Les dons que j'en ai reçus ;
Elle vient couper la trame
Des jours qu'elle m'a tissus.
Mon dernier soleil se lève,
Et votre souffle m'enlève
De la terre des vivants,
Comme la feuille séchée
Qui, de sa tige arrachée,
Devient le jouet des vents...

Ainsi de cris et d'alarmes
Mon mal semblait se nourrir ;
Et mes yeux noyés de larmes
Étaient lassés de s'ouvrir.
Je disais à la nuit sombre :
Ô nuit, tu vas dans ton ombre
M'ensevelir pour toujours !
Je redisais à l'aurore :
Le jour que tu fais éclore
Est le dernier de mes jours !

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35. 4/09 - Voltaire (1694 -1772)

Poème au sujet de Rousseau


Rousseau, sujet au camouflet,

Fut autrefois chassé, dit-on,

Du théâtre à coups de sifflet,

De
Paris à coups de bâton ;

Chez les
Germains chacun sait comme

Il s'est garanti du fagot ;

Il a fait enfin le dévot,

Ne pouvant faire l'honnête homme.


Désolée de ne pas respecter le trois pièces par auteur, mais Rousseau ne m'inspire pas, il est insipide je trouve.

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Le père de la Révolution Française. Tout est dit.

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Je comprends que vous soyez d'accord avec vous-même et que vous aimiez ce que vous écrivez, neanmoins Voltaire semble avoir pensé comme moi au sujet de Rousseau, ou moi comme lui, et d'ailleurs c'est son style qui m'ennuie, m'ennuie à en mourir, je le trouve pathétique à se vautrer dans ses petits états d'âme du centre de son nombrilisme prononcé. 
Donc pour revenir à votre aphorisme, je pense qu'il ne dit que ce qu'il dit, et non "tout".

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Pas trop le temps de développer. Je n'ai pas écrit que j'étais d'accord avec ce que j'écris mais je suis certaine que Rousseau est un génie. J'aime beaucoup Voltaire mais il est plus pratique et plus sec on va dire. Rousseau est le maître incontesté de la prose poétique. Tout ce qu'il écrit est en prose poétique = protase apodose acmé cadence majeure cadence mineure. Cela veut dire une chose. Sa prose est musicienne. D'ailleurs il est le seul au monde dans les siècles et les siècles à avoir tenté l'impossible = simplifier le solfège et la théorie de la musique. Oui car étudiant pauvre il recopiait des partitions musicales pour survivre. Et là l'idée lui est venue. Mais il a échoué. La plus puissante citation du monde révolutionnaire et républicain nous vient de Jean-Jacques = " L'homme nait libre et partout il est dans les fers. "  AMEN

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" Nombriliste " ne veut rien dire. Rousseau est narcissique au premier degré oui mais d'un égocentrisme positif et fertile. Sa conception de la narratologie est totalement moderne avec une intrigue réduite à peu de choses = " La Nouvelle Héloïse ". De Voltaire ne nous restent que les contes philosophiques avec sa fameuse prose sèche nerveuse ironique et efficace. L'ensemble de l'œuvre monumentale de Voltaire nous est inconnue ou est totalement oubliée car trop archaïque. Par contre de Jean-Jacques tout nous est parvenu. C'est édifiant.

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Ah, merci beaucoup ! Voilà un excellent développement ! Désolée de vous avoir pris de votre temps, mais ravie du résultat. Je vais réfléchir à tout ça. Bonne nuit.

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36. 05/09 - André CHÉNIER (1762-1794)

Fouquier-Tinville à Chénier, l'envoyant à la guillotine : « La République n'a pas besoin de poète ».




Byzance, mon berceau
ODE III.


BYZANCE, mon berceau, jamais tes janissaires
Du Musulman paisible ont-ils forcé le seuil ?
Vont-ils jusqu’en son lit, nocturnes émissaires,
Porter l’épouvante et le deuil ?


Son harem ne connaît, invisible retraite,
Le choix, ni les projets, ni le nom des visirs.
Là, sûr du lendemain, il repose sa tête,
Sans craindre au sein de ses plaisirs,


Que cent nouvelles lois qu’une nuit a fait naître,
De juges assassins un tribunal pervers,
Lancent sur son réveil, avec le nom de traître,
La mort, la ruine, ou les fers.


Tes mœurs et ton Coran sur ton sultan farouche
Veillent, le glaive nu, s’il croyait tout pouvoir ;
S’il osait tout braver ; et dérober sa bouche
Au frein de l’antique devoir.


Voilà donc une digue où la toute-puissance
Voit briser le torrent de ses vastes progrès !
Liberté qui nous fuis, tu ne fuis point Byzance ;
Tu planes sur ses minarets !

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