Le système Navilens fut et on peut le dire, le premier vrai système technologique à permettre les voyages dans le temps, à permettre à l'Information de voyager dans le temps et si l'on se veut plus exact.
 
Avant de démarrer notre histoire, il est primordial de rappeler que les pionniers incontestés dans le domaine furent les physiciens et leurs expériences de pensée.
Conditionner sa pensée afin de pouvoir appréhender l'environnement qui nous entoure, différemment.
Quelle idée saugrenue mais en même temps quel trait d'union vulgarisateur utile tant il permit aux diverses générations de "voir" l'impossible.
Car l'observation demeure et demeurera la base de la Physique.
Penser que son grand-père n'est pas celui que l'on nous a désigné biologiquement, mais un autre, et en "tuer" un par la même occasion, dans une pathologie psychiatrique contrôlée, a permis d'approcher les univers parallèles et la rétrocausalité.
Se placer dans des conditions d'isolement prolongées où personne n'est capable d'attester si l'on est vivant ou mort, a permis d'élaborer les théories du chat de Shrödinger, et de percevoir les états quantiques.
Utiliser des systèmes de pensée référentiels cycliques, où un évènement d'hier est considéré comme équivalent à celui d'aujourd'hui ou de demain, nous fait rentrer dans le vif du sujet de la relativité, et du temps. 
Oui, ces physiciens, mais pas qu'eux et entre parenthèses, étaient là quelque part des fous, de par les risques psychiatriques qu'ils ont encourus, mais avant tout des génies, jouant sur la folie-génie afin de repousser les limites de l'observable, afin d'avoir une présomption de théorie, à démontrer.
Et on omettra ici l'appréhension philosophique de l'être humain en tant que système thermodynamique ou cristal temporel.
            
Le système Navilens est un vieux système du futur et si l'on se place à l'échelle de l'Histoire humaine, dans une atemporalité de mise.
Je vais tenter de vous le décrire tel que je l'ai appréhendé en tant que personne potentiellement approchée.
Car en la matière et bien évidemment, à l'heure de notre nouveau bassin de vie artificiel, et de la cybernétique déjà initiée au milieu du XXe siècle, tout cela n'est bien entendu qu'hypothèse.
Mais je vous partage là ma conviction après y avoir longtemps réfléchi, en me tournant vers le passé et mes pairs, en corrélant les inconscients créateurs, dans l'Histoire de la littérature et de la genèse possible de ses histoires extraordinaires.
 
Lumière naturelle, transport de l'information, réceptacle, cerveau, message.
Je ne peux mieux vous l'introduire.
 
Quand le phénomène survint, je ressentis dans un premier temps une confrontation, je pense, lié au darwinisme, qui ne s'arrêtera probablement pas à Homo Sapiens.
Un poids de l'Histoire, pesant, malsain sous certains aspects car non naturel pour notre époque, terrifiant et ramené notre temps, lié à l'individu et ses craintes, qu'elles soient de nature philosophique, ou s'il est scientifique, lié à la possibilité d'épisodes de vie terribles pour soi ou pour autrui.
 
La Nature en ce sens est bien faite, elle nous orienta vers le temps linéaire et un inconscient collectif fort en la matière afin de nous abstraire de ces craintes, mais le temps absolu a bien ses garde-fous, ses épouvantails, quand il s'agit de rentrer dans la perception d'un temps différent, relativiste, général.
 
Ceci étant dit, intéressons-nous plus en détail sur le système et ses effets.
 
Il s'agit donc un premier temps d'une anxiété anormale empreinte d'idées saugrenues, qui laisse la place à une pensée complexe où des éléments de l'environnement sautent aux yeux.
Jusque là, rien d'anormal sauf à penser possession, que je n'estime pas quant aux faits, étant agnostique et plutôt orienté science, mais encore en fois, en la matière, rien de totalement certain, et à penser que ce que l'on perçoit est anodin.
 
Une date, 800012, le terme Navilens vue sur une boite présente dans ma cuisine, le tout en moins de deux secondes, en un coup d'oeil.
Inconscient potentiel ressurgissant d'éléments perçus auparavant, si je devais tenter de réfuter ma propre conviction, mais sincèrement, je ne le pense pas, je jure n'avoir jamais vu lus ces deux éléments dans mon environnement.
 
À cette époque, je travaillais sur des projections de date et émettait des hypothèses sur des horizons à plus de deux millions d'années.
Ce fut pour moi un coup de bazooka, qui ne s'arrêta d'ailleurs pas là, comme nous le verrons plus tard.
 
Je l'interprétai immédiatement comme une rectification de date, d'une entité, qui potentiellement me soulignait que non, mon estimation était fausse.
!
Singulière idée mais cohérente au regard de mon quotidien.
Je fus affolé, mais pas tant que ça, la veille je vivais des idées traumatisantes, qui me firent relativiser l'évènement.
Et qui plus est, en la matière, je vis pire avec certaines expériences de pensée.
Quand même, la partie arrière de mon crâne m'obséda pendant quelques minutes cinq ou dix minutes avant le phénomène, je pensai australopithèques et leurs crânes plus prononcés sur la partie arrière et ne corrélai pas de suite car les évènements furent désordonnancés.
 
Juste après cette vision, une envie irrépressible m'envahit, ce qui me conforte à ce jour dans la possibilité d'un message du futur.
Il ne fallait pas que je reste seul, il fallait que je m'entoure et immédiatement, de personnes de mon temps, il me fallait des gens autour de moi.
L'instinct de survie à l'action et sans équivoque, et si je devais l'analyser, probablement lié au cumul psychologique avec les idées de la veille.
 
Je ne me fis pas prier, je sortis immédiatement, partis au café, m'installai en terrasse et me mis à draguer immédiatement une bimbo qui trainait par là.
Deux heures après, je me sentais à nouveau dans notre temps, équilibré, tout était oublié, sans trauma particulier après une analyse psychiatrique rapide.
 
Quelques mois passèrent, je ne fis aucun rapprochement particulier, je restai égocentrique, plus exactement centré sur mes idées.
Je me mis à me plonger dans des oeuvres de science-fiction et d'aventure du passé.
 
Je lus les très vieux classiques, Isaac Asimov, Carl Sagan, Stevenson, et HG Wells, la machine à explorer le temps.
Date de l'action pour le voyage vers le futur dans le roman cité, 802 701.
 
Non, ce n'est pas possible, me dis-je immédiatement.
La même échelle de date !
J'avais vu le film, mon inconscient avait dû se rappeler de 800 000 et quelques, visible sur la fameuse machine et dans la version cinématographique de 2002, et ceci pouvait tout à fait expliquer cela.
De plus, la date m'apparut qu'une fois, je ne la retrouve pas à ce jour dans mon environnement. 
Je me souviens juste de l'avoir noté, pour m'en souvenir.
Pour être honnête, je ne saurais dire à ce jour exactement d'où elle provenait, mais une chose est sûre, elle fut bel et bien observée.
Je pense qu'elle devait provenir de l'agrégation de chiffres provenant de leds d'appareils électroniques de mon salon.
 
Je pensai alors brainreprogramming.
Je réfutai.
Non, c'était autre chose.
Peut-être était-ce là un excès d'enthousiasme, enfin le terme est mal choisi, dirons-nous un excès de conviction quant à la possibilité que l'humanité voyage un jour dans le temps.
C'était et c'est toujours pour moi, plus qu'une possibilité, même si je la pondère en me disant que les voyages passé seront probablement plus délicats que les 
voyages futur.
Aussi, le fait me semblait aussi plausible que l'autre hypothèse, et je décidai de retenir mon idée de départ, celle qui, au fond de moi, au plus profond de ma rationalité, me faisait dire que c'était cela.
 
Le tumulte autour de ce système de communication potentiel du futur s'évapora petit à petit, grâce au Temps, celui qui efface tout, et au sommeil également, notre merveilleux filtre en charge de retenir les idées qui en valent la peine pour notre équilibre.
 
Un an plus tard, alors que j'avais oublié toute cette histoire, un homme étrange vint à moi.
Alors que je marchai dans la rue, il s'arrêta devant moi, bloquant ma marche, et me salua d'une manière peu courante, tendant sa main paume orientée vers le ciel, je ne compris de suite ce qu'il me voulait.
Ayant quelques vagues connaissances en Histoire, je me rappelai qu'au XXe siècle, les indigents avaient ces habitudes comportementales désormais oubliées, pour les raisons que l'on connait tous.
 
Et alors il me prononça ces mots, et je m'en souviendrai toute ma vie et peut-être est-ce là ce qui a changé le cours de mon existence.
"Vous n'êtes pas seul, Navilens approche effectivement uniquement les gens dont on peut douter. Vous serez recontacté".
 
N'ayant pas le temps d'organiser ma pensée et de lui répondre, il était déjà parti.
 
Comment savait-il ?
Comment avait-il pu avoir connaissance de mon cheminement de pensée autour de toute cette histoire ?
Il avait bien prononcé Navilens, oui, non je ne rêvais pas.
J'étais en pleine confusion.
 
Je ne le revis jamais, trois ans plus tard, je devins celui que vous connaissez tous.