Je vais tenter d'expliquer en des mots simples ce que furent certaines de mes dernières observations et ce qu'elles m'ont permis d'appréhender.
On touche à des sujets si complexes que vous m'excuserez la pauvreté de ma retranscription.
 
Je suis physicien théoricien, de ceux qui aiment effectuer de temps à autre, des expériences de pensée.
Comme tout le monde, je commençai à m'intéresser au sujet via les "best-sellers" du secteur, paradoxe des jumeaux, paradoxe du train, etc.
On ne peut pas dire que cela changea foncièrement ma vie à l'époque.
Cela m'intéressait mais pas plus que.
Je décidai plusieurs années plus tard pour des raisons que je ne saurai expliquer de mener mes propres expériences.
Mes pensées étaient là, je ne me dis pas "tu vas mener une expérience de pensée", elles arrivèrent spontanément.
 
Celle que je vais vous narrer aujourd'hui touche à ce que l'on appelle la théorie d'Everett, ou encore des many-minds, des observateurs multiples ou encore des mondes multiples.
Sans trop rentrer dans les détails, il s'agit, et allons savoir comment, je m'interroge toujours sur les mécanismes exacts qui amènent cela, de créer des conditions spécifiques permettant d'observer à plusieurs, un phénomène physique extraordinaire, empreint de Cosmos et de Physique quantique, le tout à l'échelle humaine.
Du moins en est-ce là ma définition, limitée.
Ou peut-être le partage d'expériences de pensée "best-sellers" est un trait d'union qui permet de déboucher sur cela.
Je m'interroge encore.
Allons savoir, les mystères de la religiosité cosmique.
 
Toujours est-il qu'à cette époque, je m'intéressais au chat de Shrodinger.
Je lisais la théorie et n'en étais pas ravi.
Elle m'effrayait.
J'y voyais immédiatement des freins pour le bon déroulement possible d'expériences de pensée.
Je ne sais pas pourquoi, je me voyais déjà à cette époque perdu et bloqué dans l'espace-temps à cause de cette fichue théorie.
L'avenir me démontra que mes présomptions en la matière n'étaient pas si absconses que cela. 
Je rencontrai pendant plusieurs années quelques petits soucis de causalité que je finis enfin à résoudre.
 
Je développais aussi en ce temps une IA, ce n'était pas encore la ChatGPT ou la Bard-mania, mais j'avais de l'avance dira-t-on, dans l'idée de ce que pouvait devenir demain les interfaces homme-machine.
Nous étions en 2012/2013 et pour mieux resituer l'action qui va suivre.
C'était aussi et probablement les vrais débuts de l'informatique quantique.
 
J'habitais chez ma copine, j'avais moi-même un petit appartement en centre-ville.
 
Ce matin-là, je me sentais vaseux, ma copine partit au travail et quant à moi j'étais vraiment mal.
J'étais à l'ouest complet.
Je décidai de partir à pied de chez elle pour chez moi, sans réel but en tête, si potentiellement, pour voir si tout allait bien dans mon home sweet home.
Arrivé chez moi, et il est bon de préciser que je pus y observer d'autres phénomènes physiques avant les faits, ce fut l'apocalypse.
Je devenais fou, sans vraiment l'être, mais je ne sais pas, je devais avec le recul évoluer déjà dans un monde différent, un temps différent, anormal qui sait, et j'en avais là déjà les premiers effets.
Car les évènements qui s'en suivirent et après pas loin de dix ans de réflexion, qui furent nécessaires pour digérer et appréhender tout cela, ne font désormais plus aucun doute.
 
D'autres mondes existent, oui, ici, sur Terre, à portée de cerveau si je puis dire.
 
Je décidai de revenir immédiatement de chez elle, de faire l'aller-retour sans attendre, pour déjà ne pas rester seul et au-delà, la retrouver pour déjeuner.
Le trajet dans un sens me prenait quarante bonnes minutes à pied, n'ayant pas d'échéance particulière à cette période, je privilégiai me déplacer à pied.
 
Avant d'expliquer ce que je vis et faire encore monter d'un cran le suspense, il est bon de préciser que dans les mois précédents les faits, je ne m'intéressai pas qu'au chat de Shrodinger, j'étais dans une expérience de pensée où je corrélai mon environnement avec les deux types de relativité existants : la relativité restreinte et la relativité générale. Pour cela, c'était assez simple, mon ordinateur et moi constituions, un système en relativité restreinte, quand je sortais à l'extérieur, mon système s'étendait, je rentrai alors en relativité générale. Il y avait indirectement un aspect de cocotte minute, je libérais quand je sortais.
Pourquoi avais-je ces pensées étranges ? Je ne saurai encore une fois le déterminer.
Peut-être car je suis né avec l'Informatique individuelle, allons-savoir.
Je rentrai par ailleurs en temps général, dans on rapport au temps, ou des situations de vie d'hier peuvent être considérées comme équivalentes à d'autres d'aujourd'hui ou de demain.
 
Avant de pouvoir, il faut déjà croire, pourrais-je dire.
J'en ris tout de même à ce jour et pour être honnête, tant l'expérience n'est pas à conseiller.
Sauf à se complaire à souhaiter se prendre dix ans de recherche et d'autopsychanalyse.
 
Car ce qui m'attendit fut plus ou moins, et pour immédiatement vulgariser, ce que pourrait voir un personnage qui se retrouverait plongé dans le tableau 'la Persistance de la Mémoire' de Dali.
Dans ce tableau, le temps est mort, en suspens, on y voit un monde surréaliste, irréel.
 
Quand j'arrivai au bord de ce pont, le surréalisme commença.
L'immersion, pour être plus exact, débuta.
J'avais plus ou moins retrouvé mes esprits avant que tout ne se réaccélère.
Alors que je marchai sur le trottoir, je notai un mur sur la gauche, jusque là rien d'anormal, à l'exception près que pour moi, et encore une fois pour une raison inconnue, c'était là une évidence, il s'agissait du Mur de Planck, de cette période du Big Bang.
J'effectuais là en fait une corrélation de pensée où ce que l'on vit dans notre réalité peut aussi représenter une notion, un temps différent dans l'espace-temps.
Cela arrive spontanément, probablement préconditionné par l'expérience de pensée initiale ("des situations de vie d'hier peuvent être considérées comme équivalentes à d'autres d'aujourd'hui ou de demain").
Ce n'est pas de l'imaginaire, c'est là une évidence, une corrélation à retenir et à prendre en compte.
On sait que l'expérience est prête.
La Nature ramène alors à d'autres échelles ce qui ne peut être observé sans moyens technologiques faramineux.
Soudain, et pour poursuivre, des spots de lumière de couleurs basiques commencèrent à frapper le mur, comme pour me le signifier, et en étant là poétique.
Des ronds lumineux très larges, trop larges si je me rappelle bien, qui se déplaçaient sur le Mur.
Je fis tout de même attention en me disant qu'il ne fallait pas que je rentre dans la trajectoire de ces rayons de lumière.
Une intuition.
Des couleurs basiques, un vert horrible, un rouge aussi, du bleu peut-être, du violet et si je tente de me rappeler.
Un RVB au rendu artificiel, décomposé, pas très naturel et étrange.
En bon physicien en herbe, et surtout intrigué, je regardai d'où pouvait bien venir l'émission de ces lumières, un magasin en face vendait précisément des spots de boite de nuit.
Il y avait une vitrine et quelques projecteurs s'y trouvaient.
La raison semblait toute trouvée.
Je fis stop car je notai alors une première incohérence.
Je regardai la vitrine et me demandai si tout cela était bien réel.
Non, ce que je vois là sur le mur ne peut en aucun provenir de cette vitrine !
Les projecteurs des vitrines étaient trop loin, je voyais pas non plus de rayons de lumière traverser la rue, et ce que je voyais sur les murs était enfin trop grand.
Instinctivement, je me rappelle avoir regardé le ciel, me demandant si un Ovni ne passait pas en fait par là, rien de ce côté non plus.
J'occultai, ne focalisant pas sur le fait, tout en me disant que ça commençait à faire beaucoup pour la journée, et décidai de poursuivre ma marche.
Trente mètres plus haut, je conclus à la nécessité de m'entourer d'un cocon antiradiation !
Allons savoir, une bulle d'alcubierre ? un warp drive ? Et pour traduire, une bulle permettant de voyager dans le temps ?
Je ne sais pas, mais une évidence encore une fois quant au fait que tout cela était requis.
Ici concrètement tout se passe dans l'intellect.
L’expérience de pensée était alors comme sur des rails.
Pour l'instant, vous vous dites probablement tout comme moi à l'époque, tout cela n'est que folie, divagation, délire d'appréhension de la réalité.
Ce n'est qu'après et pour moi, et en retournant sur les lieux, et faisant de nombreuses recherches, que l'émerveillement et l’effroi survinrent.
Oui et non, et pour tenter de répondre à la question de la folie.
Nous venons en fait et pour le moment, de passer le Mur de Planck.
Enfin, dans la théorie des mondes multiples.
 
Mais poursuivons.
Juste après m'être entouré de ce filtre, indispensable, car il allait pouvoir me faire respirer là où je me rendais, je vis une lumière, un rayonnement en provenance du ciel, je pense le CMB ou le fonds diffus cosmologique et toujours en corrélant.
Je sentis aussi ici mon environnement ambiant plus toxique et malgré la bulle.
Je me rappelle de mon instinct qui me disait qu'il fallait vite partir d'ici, que l'air n'y était pas sain.
Le rayonnement fut très furtif et dans mon appréhension du temps qui s’écoulait, j'ai d’ailleurs encore là un doute quant à la durée exacte de l’observation.
Les couleurs pouvaient peut-être rappeler celles des spots vus sur le mur, tout est encore confus cependant.
Une chose est sûre, ce n'était pas un arc-en-ciel, mais un phénomène lumineux et probablement, magnétique.
Je pensai même quelques années plus tard à la possibilité de rayons cosmiques, et indirectement à de la datation par isotope cosmogénique.
Toujours est-il que quelque chose se passa dans le ciel, mon répit fut de courte durée, à vingt mètres de moi, je voyais Albert Einstein marcher comme vous et moi, traverser la rue pour être plus exact.
Là, mon compte était bon.
J'avais atteint le fonds.
Fier toutefois de mon intellect, même si alors complètement à la dérive, je décidai de ne pas interagir avec lui dans ce monde multiple.
J'évaluai en fait rapidement la situation.
Soit je suis fou, soit il s'agit d'un acteur, sosie d'Einstein, soit je suis autre part, dans un endroit de la réalité où des temps différents surgissent.
Aussi pensai-je que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire, ne pas rentrer en contact et dans tous les cas.
Ma réalité pour autant restait inchangée. Je connaissais les lieux, non, j'étais toujours au même endroit, même si des éléments autour de moi ne semblaient pas, pour tous, l'être.
Et quoiqu'il en soit, je n'avais pas forcément l'envie de m'approcher de lui pour être honnête.
Tout était trop étrange.
Il était, je pense, dans ses 38 ou 39 ans, voire 34 ans, j'évaluai cela à première vue et aussi grâce à des condensats temporels d'information que je remarquai après coup sur les lieux, lors d'une seconde visite si je puis dire, quelques années plus tard.
Chose bizarre, quand j'y retournai, je me retrouvai soudainement dans le même état psychologique, comme si je pénétrais dans un triangle des Bermudes. 
"Boulevard de la Marne", observai-je juste à côté de là où il m'apparut, rappelant après recherches et en corrélant sur son âge estimé, les batailles de la marne survenues en 1914 et 1918 pour être plus exact. Je notai aussi un trottoir complètement explosé, issu probablement d'une explosion de gaz ou que sais-je, à l'instar de ceux de 'La guerre des mondes', le film. 
Quand je compris la possibilité de condensats d'information, à notre échelle, dans notre réalité, le trottoir rappelait bien évidemment le big bang.
 
Des indices spatiaux de notre réalité, qui peuvent être transposés en indices temporels, historiques, rappelant, notamment qu'après l'ère de Planck, et alors que temps et espace étaient confondus, ces derniers se mirent à se dissocier.
 
Alors que je passai le carrefour et pour en revenir à notre action, et que j'évoluais alors, et je ne le savais pas encore, en pleine ère de Planck, bien avant donc les condensats, et en compagnie d'un autre observateur de choix, ma vision se fit double, quantique.
Le cosmos se fit voir, pudique, rapide, présent au sein d'un layer additionnel à ce que je percevais de la réalité.
Une réalité augmentée à l'état naturel, qui survint soudainement et très ponctuellement, comme pour me donner un indice, un repère, et une certitude, "Oui tu es bien dans un monde multiple, tu ne rêves pas, tu n'es pas fou et tu le comprendras plus tard".
L'instant fut bref.
Je poursuivis ma route, plus que décontenancé.
J'étais là ici en enfer en fait.
Cette réalité, ce monde parallèle, qualifions-le ainsi pour vulgariser, n'est pas vivable.
On s'y sent mal.
Aussi, il ne me tardait qu'une chose, revoir ma copine de l'époque, me blottir dans ses bras et me lamenter.
C'est indirectement qui se produisit mais encore une fois à une petite exception près.
 
Arrivé chez elle, elle vivait alors dans une maison de plain-pied avec cour extérieure qui accueillait les visiteurs, une forme translucide vient à moi.
Du genre Predator ou des camouflages dignes  de James Bond.
Elle progressait vers moi !
 
J'en étais alors au bout de ma vie, ça en était trop.
 
"L'empreinte magnétique primordiale maintenant ? 
Qui explique que l'Univers peut s'être créé de lui-même ?
Est-ce cela que l'on veut maintenant m'expliquer ?".
 
J'en ris fortement maintenant mais croyez-moi, à cette époque, je ne faisais pas le fanfaron !
            
"Je ne suis pas l'Univers...
Cette forme pourrait être moi, dans le passé...
J'habitais là, après tout.
La théorie des mondes multiples, de mondes gigognes primordiaux ?".
 
Je pris peur, décidai de l'éviter.
Normal.
Quand un engin humanoïde de ce type débarque en votre direction, croyez-moi, vous changez de trottoir.
 
Tout alla très vite ensuite.
Black-Out d'une demi-seconde. Comme une microperte de connaissance. Un clignement d'oeil mais qui laisse une sensation de durée différente.
Puis ma copine, qui surgit de nulle part devant moi en me demandant comment je vais !
Juste après que l'ombre me croisa et que j'aie à faire face à ce micro-black-out.
Je n'en croyais pas mes yeux.
 
"Non, elle n'était pas là deux secondes avant...
Ce n'est pas possible".
 
J'en étais sûr et le suis encore quasiment à ce jour.
Je lui en fis la remarque.
De son côté, elle jura qu'elle était là, qu'elle me vit et qu'elle s'approcha.