... Aux drapeaux sur lesquels je pisse,
Aux "grands messieurs" que je compisse
Et au Poilu, Soldat inconnu...
D'abord triomphante, la force
Dont chacun se croit habité
Ignore la fragilité
De la chair en bombant le torse.
Mais le fer vient lui rappeler
Sans délai la sombre évidence,
Déjà trop tard : l'Enfer commence
Sous sa flamme en train de filer.
Maîtresse de la nouvelle ère,
La Mort s'installe en ses quartiers
De viande : pans de corps entiers ;
Rien n'est plus normal : c'est la Guerre !
La guerre qu'il faudra payer,
Qu'importe la somme en souffrance,
Indifférent à la dépense
Immense emplissant le panier
Des marchands de l'horreur grégaire :
Monstres de cynisme, épiciers
S'en engraissant en carnassiers ;
Rien n'est plus moral : c'est la Guerre !
On va jusqu'à s'approprier,
À fond de culot, Dieu le Père ;
Faux cul-béni mais vraie vipère,
Le serpent rampe pour prier.
Mais chasser la bête féroce,
L'ennemi, fait nécessité
Et l'assassin est invité
Au festin dans un rire atroce
Quand la Terre enivrée du sang
De ses Damnés, leur cimetière,
Tour à tour dégorge et digère
Les dépouilles déchues du rang.
De moins chanceux vivront encore,
Ruines, rebut supplicié,
Spectres soufflant un air vicié,
Une vie que la Mort dévore.
... C'est toujours le même vainqueur,
Le vaincu c'est toujours le même
À ce jeu où le Mal essaime
Quand l'Homme oublie qu'il a un cœur.
Mais peut-on raconter la Guerre
Lorsqu'on l'ignore, mettre à nu
La Vérité de l'Inconnu ?...
Non !... Pardonne à ma plume amère.
MarquizardVen 28 Juil - 5:52