Je suis entré dans l’instant silencieux avant de le savoir. J’étais assis sur le lit, je me suis levé. Passa le temps. Le mur, à gauche, côté tête de lit, m’a attiré. Je m’en suis approché et je lui ai fait face. Des secondes. Et puis l’ordre est tombé : m’asseoir par terre. Je me suis assis par terre, en tailleur, face au mur, à quelques centimètres de lui. Des gouttes d’heure. Le silence a fait place à un autre silence, plus intense, plus aigu, plus idiot. Avoir peur d’avoir peur, c’était être conscient de l’épaisseur du coton. C’était être heureux parce qu’enfin il ne se passait rien. Le mur et moi étions égaux et ça pouvait durer, sans douleur, sans douleur. Des minutes, par milliers. Mon lit à gauche, le bureau à droite, mais j’étais loin, au fin fond de l’immédiat, prêt à bouger un doigt. Alors purent valser les vagues et les torrents de liberté sur moi, engourdi. L’après-midi avait avancé quelques pions, le ciel avait perdu un ou deux degrés de gris, et je pouvait se dire.
Alors normalement, tout est dans ce mot, mais puisqu'il a déjà, dans l'histoire de l'humanité, été utilisé à mauvais escient, je le développe un peu.
Chambre 12, c'est du Lazert, du pur, sobre, classe, avec de la profondeur, tellement profonde qu'elle donne le vertige. Dubreuil aurait aimé ce Lazert. Oui.
Donc celui-là, si vous vouliez le prendre comme le premier fil d'une grande pièce de toile, ben, je vous suivrais et vous accompagnerais volontiers.
Juste par curiosité, vous pensez quoi de la scène finale, plus précisément la phrase finale de Voyage au bout de la nuit ?
Thierry Lazert aime ce message
Salima SalamSam 16 Déc - 23:11