Mots pour maux

J'ai d'abord cru que ça démarrait en prosopopée mais non puisque l'allocutaire est de l'autre genre, alors qui dit quoi, je n'en sais toujours rien après 10, peut-être 20 lectures, je reste complètement hermétique à ce texte grandiloquent auquel je ne trouve ni sens ni intérêt.

Un drabble très compliqué avec plusieurs couches pas parallèles du tout. 
Ma critique négative, et la seule, ce serait le titre, qui me rappelle ces jeux sur les mots de nombreux sociologues, mais comme c'est un goût personnel, ma remarque ne vaut pas grand chose.


Chaque paragraphe débute par trois mots en italique, tirés du dictionnaire à la lettre C par le narrateur. Ces mots mis ensemble, tirés entre autre des domaines culinaire, affectif, haineux, sexuel, et souvent polysémiques et très évocateurs, construisent l'image d'un couple déchiré par les passions positives (cygne, cieux) et négatives.
Narrateur... Je crois, à cause de "tel un chien", "tu m'as rompu", "jouet". Et son interlocuteur ? Le dictionnaire, et à travers lui une "gamine cynique", la partenaire et son "désamour" pour le narrateur. 
Le dernier paragraphe est libérateur, pour narrateur et lecteur, qui émergent d'un trop plein d'émotions. Le dictionnaire, après avoir été le médium, devient le gardien du secret. Mais cette libération est factice, le problème n'est pas résolu, le jouet pas réparé, l'amour pas intact, la conscience pas apaisée.
La syntaxe est remarquable. Seule constante : les trois noms du dictionnaire en parallèlismes, tout le reste est un constant renouvellement des formes. Un drabble à lire et relire, et s'interroger sur les grands mystères de la conscience humaine. 
Et au risque de faire un hors sujet, je note un lien entre ce drabble et celui publié un peu plus tôt "Le Choix", où deux narrateurs confrontés à des problèmes existenciels réagissent de façon diamétralement opposée.

Ça doit être moi qui suis pas à la hauteur, alors.

J’aime ce texte par car il a, je trouve, un coté comico-dramatique.  Le dictionnaire donne un visuel au lecteur et sert de défouloir au personnage qui fait le point sur sa vie amoureuse. On dirait une scène de théâtre.

Voilà ce que j’en comprends : un homme d'un certain âge, mi dépité-en colère mi bouleversé, feuillette machinalement un dico en pensant à sa vie amoureuse. Il tombe sur la lettre C, va et vient sur les pages. Des mots commençant par cette lettre lui sautent aux yeux et déclenchent souvenirs et pensées:

1- Il tombe d’abord sur « cannelle, cannelloni, cunnilingus » qui peuvent résumer une soirée (le premier rendez-vous?) : cannelle, le parfum de la fille rencontrée ; cannelloni, le plat au resto italien ; cunnilingus, il y a eu affinités !

2- Ensuite "courgette, canaille, connasse". Le mot "courgette" me fait penser à l'émoji aubergine qui sert, dans les message, d'allusion coquine; canaille, notre personnage s'encaille-t-il avec sa jeunette?; connasse, on dirait qu'il y a de l'eau dans le gaz.

3- Après on a « carotte, cartouche, carcasse » qui peuvent donner le ton de l’évolution de la relation : Carotte, on lui a fait miroiter un truc mais il s’est fait avoir ; cartouche, il s’en est rendu compte trop tard, il a pris un coup et est blessé ; carcasse, ce qu'il reste de notre pauvre personnage.

4- Viennent "castagne, carreau, cygne" qui peuvent montrer qu'il y a de la tension dans le couple: Castagne, on se dispute; carreau, quelqu'un est laissé dessus; cygne, comme "le chant du cygne" ou la dernière oeuvre avant la mort?

5- et pour finir« cisaille, cigüe, cieux » qui peuvent marquer la fin de la relation : Cisaille, il y a rupture du lien amoureux ; cigüe, des mots empoisonnés sont lâchés ; cieux, ça y est, la relation est morte et enterrée.

Ce raisonnement tient par le « je ne joue plus » qui marque un stop définitif. Et par « Tu m’as rompu, gamine cynique estropiant son jouet dont elle est lasse » qui résume tout ce qui a été dit plus haut.

Á la dernière phrase « Quel casse-couilles ce dictionnaire, qu’il garde ses lettres”, notre personnage passe sa rage contre le dico qui symbolise la nana.
Et “Je le referme, enferme mes maux” a pour moi un coté théâtral car en refermant physiquement le dico il tourne aussi une page de sa vie.

Et bien tout ça en 100 petits mots, moi je dis BRAVO!!!
(après, c’est juste mon interprétation)

ps: je ne sais pas pourquoi les mots changent de taille et de police, j'ai aussi des problèmes avec les smiley... pardon je n'arrive pas à corriger.

Dernière édition par Salima Salam le Jeu 26 Jan - 0:52, édité 8 fois (Raison : Mise en page régularisée)

Ah ! voilà ! tout s'éclaire : il n'y a qu'un locuteur, et que je n'avais même pas imaginé ! Alors ça prend une autre dimension, évidemment ! et tout son sens !
C'est marrant de voir comme ma connerie me réserve encore et toujours des surprises ! Je suis jamais au bout de la découverte : c'est formidable !

Vous me faites bien rire Dédé!!!

Merci, Elvira, pour cette explication de texte – osons le mot ! – Magistrale !

Mais non, rien de magistral, juste une interprétation parmi d'autres. Bonne journée Dédé, pour moi c'est l'heure de roupiller.

Je pense pas qu'il y ait une autre interprétation possible, mais il faudra s'en assurer auprès de l'Auteur.
En l'état de nos connaissances, c'est déjà de la haute volée : un bijou d'élaboration, aussi savante que je suis con !... Heureusement que je suis bien entouré ; il aurait été propre, le concours, avec un Dédé tout seul aux manettes !

Mais non Dédé, ça arrive de se tromper. En tout cas, l'Auteur sera, je pense, content de votre retour et c'est le plus important.

Arrêtez de vous auto flageller, Monsieur de la Démode, votre Duchesse n'aime pas ça, et si on peut pas se tromper à l'occasion, je vais plus jamais poster un commentaire. 
Elvira, votre commentaire est magnifique, je me suis bien demandée ce que c'était que ces mots, pourquoi ceux-là exactement, pi j'ai glissé sur la question, me suis dit que c'était hermétique, point.

Dernière édition par Salima Salam le Jeu 26 Jan - 0:51, édité 1 fois

Salima, j'adore ce genre de textes à "énigmes", ils sont comme une invitation à jouer à les décoder.

Elvira :
Pour votre problème de mise en page sur votre commentaire du 11/02/23, ça arrive régulièrement avec les copier-coller, même si vous copiez à partir d'un format identique, ne me demandez pas pourquoi. 
Pour éviter, vous devez prendre l'option "paste as plain text" ou "copier le texte uniquement". Si vous n'y avez pas pensé au moment de rédiger le commentaire, vous pouvez rattraper à la fin en sélectionnant et coupant l'ensemble du commentaire pour ensuite le recoller "as plain text".

J'allais dire, je vais le dire... Un poème brillant, décalé , qui respecte les contraintes du drabble. Nous ne sommes pas loin de l'Oulipo !

Hé, je t'avais reconnu... Ta plume est indélébile...