Gus crie au vent.
— S’il te plaît, ramène un peu de lumière avec la prochaine rafale !
— Aurais-tu peur en forêt ?
— Non, bien sûr que non !
— Bien ! Tu me rassures. Les bois sont parfaits pour s’engaillardir.
— Où sont la lune et les étoiles ? Elles pourraient me guider dans cette profonde obscurité !
— J’ai soufflé ces créatures célestes un peu plus loin, là-bas, par-delà les arbres.
— Ce n’est pas gentil ! Et si tu ne faisais pas un tel vacarme, je pourrais au moins réfléchir !
— Du bruit ? Comment peux-tu entendre ? Les escargots sont sourds ! De plus, aurais-tu la prétention de réfléchir ?
— Evidemment ! Et toi alors ? A-t-on déjà vu le vent parler ?
— Tu me vois donc ?
— Mais non... c’était juste pour dire !
— Hum... Non seulement je tombe sur un escargot qui entend mais aussi qui jacasse. J’aurai tout vu !
— Non justement, on ne voit rien ! Et je ne suis pas une pie ! Tu ne voudrais pas aller souffler ailleurs ? Tu as mauvaise haleine.
Vexé, le vent monte sur ses grandes licornes et tourne les sabots, après avoir envoyé un dernier courant d’air.
Gus, étourdi, s’enfonce dans une souille.
— Alors l’escargot, tu t’es pris un vent ? S’amuse un sanglier délicieusement vautré dans la boue.