C'est un exercice collectif de versification auquel nous convie Une Passante (qu'elle en soit au passage remerciée).
Son objet étant dans le titre (encore qu'on puisse suggérer d'autres améliorations), je vous en présente sans plus tarder le sujet :
il s'agit de la première version publiée ici du sonnet de Madame Salima Salam : DOULEURS.
Madame La Passante, à vous l'honneur !...
Je laisse l'eau salée dévaler de mes yeux
Sur la farine d'orge et la levure fraîche,
Pétris le pain du jour dans un plat qui s'ébrèche,
Et vois par la croisée le ciel en camaïeux.
L'eau du baquet froidit. Force du poignet seul,
Le savon s'amincit, mes mains deviennent rêches.
À présent linge et joues dans le vent tiède sèchent,
Tandis qu'en ces draps blancs, je crois voir un linceul.
Tu viens du cimetière et je baise ta face,
Que le malheur récent de profonds traits crevasse,
Comme la terre aride arrosée de nos pleurs.
L'appétit fait défaut pour le plat qui rissole,
Mais pas loin dans la rue, un pauvre se désole,
Porte-lui, mon ami, soulage ses douleurs.
Après une lecture attentive je pense qu'il faudrait élider les "e" muets aux hémistiches des vers 1 - 4 - 7 (salée- - croisée - joues) ainsi qu'à l'intérieur du vers 11 (arrosée) afin d'obtenir des alexandrins de bon aloi.
D'autre part, qui dit sonnet selon les règles du classique dit un agencement des rimes bien précis :
Les rimes du premier quatrains sont ABBA, (mffm) donc le deuxième quatrain doit faire écho également ABBA mais il se lit CBBC : les rimes CC sont à remplacer par des rimes équivalentes aux rimes BB du premier quatrain, d'autre part, les rimes BB de ce deuxième quatrain comprennent un adjectif au pluriel (rêches) et un verbe conjugué à la 3ème personne du pluriel (sèchent) qui ne s'accordent donc pas avec les rimes BB initiale (fraîche - s'ébrèche).
Détail technique déjà relévé je crois sur le troisième vers, c'est la pâte que l'on pétrit et non le pain.
Les 4ème et 8ème vers présentent une répétition : "je vois" "je crois voir", vraiment déconseillée dans un sonnet sauf pour un effet de style.
Au vers 13 "Mais pas loin dans la rue" pourrait donner "Mais tout près, dans la rue,"
Je chipoterais volontiers sur l'accord phonétique des accents des rimes en êche - èche mais je ne voudrais pas abuser d'autant plus que je n'ai pas d'idée de remplacement.
La construction des tercets (en tenant compte de la forme rectifiée du deuxième quatrain) me semble tout à fait correcte DDE - CCE pour obtenir un sonnet marotique.
Si quelqu'un avait des suggestions pour reformuler les vers présentant quelques défauts pour figurer en classique, ce serait un bon début d'échanges, sans prise de tête, et bien sûr en respectant le thème précis de l'auteure.
Une passanteJeu 6 Avr - 8:50