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POËSIE CLASSIQUE : LES RÈGLES

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25072022
POËSIE CLASSIQUE : LES RÈGLES

Je me propose ici de répondre à vos questions les concernant.

Commençons si vous le voulez bien par celle qui est sans doute la moins bien comprise : 
l'interdiction du e entre voyelle et consonne d'un mot à l'autre.
Comme vous l'allez voir, il suffit de remonter aux sources pour que tout s'éclaire :
Au Moyen-Âge, on le prononçait : « La cruche vidée de son eau » comptait 9 syllabes.
À la Renaissance, époque où se sont progressivement fixées les règles de la Poësie classique, il n'était plus que "soufflé" ; ne pouvant donc plus compter pour une syllabe, on l'a interdit dans le corps du vers.
Depuis, « La cruche vidée de son eau » est un octosyllabe néoclassique.

Salima Salam, Ninn' A et Mila aiment ce message

Commentaires

Ninn' A
Bonne idée cette rubrique Mr Dédé.
j'ai eu du mal à assimiler cette règle de l'interdiction du E et maintenant vous dites que c'est permis en néoclassique, ça me perturbe :-)
DédéModé
Son objet n'est-il pas d'assouplir les règles du classicisme afin de rendre la versification plus accessible, Dame Jeanne ?
Ninn' A
Sans doute, sans doute, Mr Dédé. Mais j’aime bien les quelques règles classiques que je connais un peu grâce à vous et qui m’obligent à fouiller pour écrire en les respectant, c’est bon pour mon neurone :-)
DédéModé
2. LA CÉSURE LYRIQUE

Il y en a 3 exemples chez Michel, aujourd'hui.
Elle appartient à l'alexandrin médiéval.
Le Poto, à la suite de Rimbaud, son idole, la ressort régulièrement du placard, bien qu'elle soit plus vraiment au goût du jour, depuis un demi-millénaire.
Allez ! je vous laisse me la dégoter...
Salima Salam
En attendant une réponse, dites-moi ce que c'est que cette césure :
Une larme de pluie // sur ta peau desséchée
Te rappelle à la vie // sous un soleil de plomb.

Ce -e est légal ou non ?
Ninn' A
Pour la césure Lyrique chez Black', je dirais :

- Pleure sa jeunesse dans un dernier soupir.
- Une pluie d'orage s'invitant par mégarde
- mit fin au désastre l'écureuil fut sauvé.


du fait du E final de jeunesse, orage et désastre qui n'est pas élidé.

Suis surprise d'apprendre qu'il existe plusieurs césures, ça ne facilite pas les choses. j'aurais cherché à l'élider. Du coup ça laisse plus de marge de manœuvre.

C'est le E muet qu'il faut "absolument" élider, c'est juste Mr Dédé ?
Comme dans les deux exemples donnés par Salima ?
Une larme de pluie // sur ta peau desséchée
Te rappelle à la vie // sous un soleil de plomb.
DédéModé
S'il est élidé dans le premier cas, une syllabe vient à manquer.
Dans le second, la syllabe excédentaire disparaît et l'alexandrin devient classique, effectivement.
Ces césures, respectivement lyrique et épique, appartiennent au vers médiéval, l'esthétique classique les ayant rejetées. Le néoclassique les admet quant à lui.
DédéModé
Et ici, tout est clair pour vous deuex ?
Salima Salam
Monsieur le Sphinx, non, c'est pas clair. Vos déictiques me rendent folle.

À quoi vous vous référez dans le premier et le second cas ??!!!???????????!!!!!!????? etc.

Césure épique :
- Une larme de pluie // sur ta peau desséchée
- Te rappelle à la vie // sous un soleil de plomb.

Césure lyrique :
- Pleure sa jeunesse // dans un dernier soupir.
- Une pluie d'orage // s'invitant par mégarde
- mit fin au désastre // l'écureuil fut sauvé.
DédéModé
Voilà ! Ne vous reste qu'à remettre les césures dans l'ordre et allumer la lumière là-haut ET... 
la Vérité éclatera devant vos yeux éblouis...
DédéModé
Est-ce que tout est clair pour tout le monde, à présent ?
Ninn' A
césures médiévales, interdites en classique, puis acceptées en néoclassique... moui, c'est clair :-)
vive le néoclassique !
DédéModé
Bien. Et combien de syllabes le vers épique compte-t-il, Dame Jehanne ?
Ninn' A
Ça me paraissait trop "simple".
En fouillant un peu j'ai cru comprendre que l’alexandrin s'est imposé dans l'épique français à la suite du déca.
DédéModé
C'est bien ça, oui : bien qu'il existât depuis le XIIème, l'alexandrin ne s'est substitué qu'au XVIème siècle au décasyllabe en tant que "vers héroïque", avec l'avènement des Temps modernes.
Mais pardonnez-moi de m'être mal exprimé ; je parlais de l'alexandrin à césure épique (appelée ainsi parce qu'on la rencontrait surtout dans l'épopée, genre très pratiqué au Moyen Âge, en successions interminables de vers à rimes plates).
Alors, combien de syllabes icelui compte-t-il, Dame Jehanne ?
Ninn' A
13 en classique, 12 en néo ?
DédéModé
Un alexandrin classique de 13 syllabes, donc ?
Ninn' A
non mais oui mais bon, vous m'embrouillez là, Mr Dédé :-)

"Une larme de pluie sur ta peau desséchée"


si je compte en "mode classique", 'pluie' fait pour moi 2 syllabes, donc ce n'est pas un alexandrin.
si je compte en "mode néo", 'pluie' compte pour une syllabe, donc c'est un alexandrin

ou alors je n'ai encore rien compris.
DédéModé
C'est au Moyen Âge qu'on prononçait ce e, Dame Jehanne !
Ce vers à césure épique (avec sa syllabe surnuméraire) est médiéval ; 
il n'existe pas en Poësie classique où ledit e ne saurait y figurer dans le corps (cf. leçon 1).
Salima Salam
Monsieur le Sphinx, quand vous demandez combien de syllabes, c'est un piège ? Il faut répondre que c'est un vers non valide ?

Pour le valider, on peut faire :
Une larme d'aqua sur ta peau désséchée  😕
Une larme du ciel... trop cliché 
Une larme d'éther... ça c'est péter plus haut que son... j'ai oublié la suite.
DédéModé
Soit.
Il faut répondre 13, tout bêtement, et pas que c'est un vers classique, qui en compte 12, comme chacun sait, sauf vous deux, cancresses en short !
Ninn' A
Pour enfoncer un peu plus le clou dans ma tête de cancresse :

Mr Dédé, vous dites que « La cruche vidée de son eau » est un octosyllabe néoclassique. Pourrais-je alors croire que « Te rappelle à la vie sous un soleil de plomb » est un dodécasyllabe néoclassique, voire un alexandrin néoclassique ?

Accepte-t-on un E soufflé à l’intérieur d’un hémistiche d’un alexandrin néoclassique s’il n’est pas élidé ?

Je viens de lire sur un autre site, un texte étiqueté « sonnet » avec des vers contenant un E soufflé non élidé à l’intérieur de certains hémistiches, est-ce acceptable ?
(je ne cite ni ne mets pas de lien, par égard pour l'auteur)

Quoi qu'il en soit, si je retente de la poésie, je continuerai à chercher l'élision de ces E soufflés.
DédéModé
C'est donc un sonnet néoclassique, comme votre alexandrin.
Mais vous aurez remarqué, Dame Jehanne, que ce e n'est plus guère soufflé de nos jours.
Ninn' A
ok :-)
juju
Coucou Ninn'a !!
flower :queen: jocolor :king: :rendeer: 🎅 cheers cheers alien
Ninn' A
Coucou Juju ! you wellcome :-)

juju aime ce message

Ninn' A
Bonjour, une question en passant. 
en classique, dans "je louerai", "louerai" compte pour 2 ou 3 syllabes ?
DédéModé
Lou-er, lou-e-rai. Dame Cristale, vous confirmez ?
Ninn' A
Vous confirmez ce que je pensais, merci !

DédéModé aime ce message

Ninn' A
J’ai trouvé ces lignes dans Sagesse de Verlaine.
  
La « grande ville ». Un tas criard de pierres blanches
Où rage le soleil comme en pays conquis.
Tous les vices ont leur tanière, les exquis
Et les hideux, dans ce désert de pierres blanches.
 
V1 : tétramètre 4/7
V2 : alex’ classique
V3 : tétramètre 4/5/3 ?
V4 : tétramètre 4/4/4
 
Belle diversité pour une seule strophe.
DédéModé
Tetra c'est quatre en grec, Jeanne !
Ici c'est trois accents pour trois membres – d'égale mesure en l'occurrence –, c'est le TRImètre !
(n'hésitez pas à me le dire si je suis pas assez clair)
DédéModé
Tenez ! je reviens de chez Charles, où j'ai trouvé ça dès l'entrée :

Dans un mon/de clinquant,//malheureux,/ fort blasé;
De tous côtés/ aux affairis/tes exposés,

1. Tétramètre classique par excellence : 3/3//3/3 (3 sections, dont la césure, constituant 4 [tétra-] groupes et déterminant 3 accents*, dont celui tonique de fin de premier hémistiche) ;
2. Trimètre type : 4/4/4 (2 coupes constituant 3 [tri-] groupes et déterminant 2 accents*).

*celui de fin de vers – respectivement le 4ème et le 3ème – étant systématique.


Dernière édition par DédéModé le Sam 8 Avr - 9:04, édité 1 fois
Ninn' A
Cette histoire d’accent, je n’arrive pas à l’assimiler. Pour moi, on ne peut pas couper un mot (j'ai en tête qu'une découpe se fait en syllabes et pas en accents, mais ça viendra peut-être :-) J’avais trouvé ça avant de voir votre comm’, je livre tel que.
 
TRIMETRES :
 
Tantôt légers, tantôt boiteux, toujours pieds nus !
(Musset, Sur la Paresse)
 
Tantôt des bois, tantôt des mers, tantôt des nues.
(Hugo, Le Sacre de la Femme)
 
Gardiens des monts, gardiens des lois, gardiens des villes.
(Hugo, Les Trois cents)
 
Vivre casqué, suer l’été, geler l’hiver.
(Hugo, Le petit Roi de Galice)
 
Il vit un œil tout grand ouvert, dans les ténèbres,
(Hugo, La Conscience)

 
Et l’on sent bien qu’on est emporté vers l’azur.
(Hugo, Contemplations)
 
Où je l’ai vue ouvrir son aile et s’envoler.
(Hugo, Contemplations)
 
Et je voudrais saisir le monde et l’embrasser.
(Leconte de Lisle, Glaucé)
 
Puis, à pas lents, | musique en tê|te, sans fureur,
(Hugo, L’Expiation)

--> là je ne comprends pas pourquoi on coupe un mot en deux

Et l’étami|ne lance au loin | le pollen d’or.
(Hérédia)
--> idem je ne comprends pas pourquoi on coupe un mot en deux

è 
On s’adorait | d’un bout à l’au|tre de la vie.
(Hugo, Le Sacre de la Femme)
--> idem je ne comprends pas pourquoi on coupe un mot en deux




TETRAMETRES :
 
Je le vis, je rougis, je palis, à sa vue.
(Jean Racine, Phèdre)
 
J’arrive. Levez-vous, vertu, courage, foi !
(Victor Hugo, Les Châtiments)
--> là je ne comprends pas où il faut couper
 
Cette nuit, des oiseaux ont chanté dans mon cœur
(Renée VIVIEN)

 
Il vous naît un poisson qui se met à tourner.
(Jules SUPERVIELLE)

 
Si j'ai froid si j'ai nuit si j'ai peine à survivre.
(Claude ROY)

 
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.
(Gérard de NERVAL)
 
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue
([Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien][Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
 
Mon cœur,/ comme un oiseau,// voltigeait/ tout joyeux
([Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien][Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
--> Wikipédia le classe en tétra mais ce n'est pas du 4x3
DédéModé
C'est le e muet non élidé qui vous pose problème : la syllabe qui le porte se rattache au groupe suivant puisque l'accent porte sur la précédente...

J'arri/ve. Levez-vous,// vertu, coura/ge, foi !

Déclamez donc ces vers, Dame Jehanne ! et vous finirez par comprendre...

2/4//3/3 pour le dernier : 4(tétra) groupes (n'oubliez pas qu'ils peuvent être d'inégales mesures)

Ninn' A aime ce message

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