Double pesant
par @P'titLaid
Sans cesse, je cherche la force d’écarteler mon être. J’aime à imaginer deux parties distinctes, s’arracher l’une de l’autre sous l’image écœurante de filaments caoutchouteux. Je tire ces deux moitiés de moi-même, encore et encore, jusqu’à la rupture libératrice. Je veux ressentir la satisfaction d’être autre, la division de mon âme corrompue par la force destructrice de ma psyché. Si je le pouvais, je planterais mes doigts profondément dans mon crâne, j’extirperais sans hésiter cette mélasse d’émotions suintantes qui s’y développe. Adieu la peur d’un avenir incertain, les regrets d’un passé lointain. Adieu la colère qui brûle mes pensées dans un brasier chaotique, la tristesse qui noie ma conscience dans les abysses du deuil. Adieu la folie tempétueuse qui ne cesse de vouloir briser les portes de ma lucidité. Je jetterai avec force cette moitié qui me dégoûte, qu’elle brûle le sol et s’enfonce dans les profondeurs de la terre. Je pourrai alors pleurer toutes les larmes de mon corps, rire à gorge déployée, crier ma joie, laisser exploser mon inconscience. Enfin, je pourrai sentir le vent apaisant souffler sa mélodie funèbre à l’intérieur d’une coquille vide. Douce musique, qui désormais accompagne mon âme fracturée.