Je Suis la Femme

Semence originelle transportée par les vents, ma mémoire a plus de siècles que l’océan. Je suis la fille et la mère de la fille d’avant, venue des étoiles en un tourbillon d’argent pour enfanter les Nornes et les Moires. En Eve qui mordit la pomme tentatrice, j’ai offert aux hommes l’apex et l’abysse avant de faire saigner le fils dans le calice pour que Milton pleure la perte des délices.

J’ai été Ishtar venue des sables de l’Est pour répandre l’amour, la haine et la peste. Maîtresse d’Akkad à l’apparence juvénile, j’ai fait bâtir de sombres ziggurats d’argile. J’ai régné à Babylone, sous le nom de Sémiramis et au soleil de Thèbes, compagne d’Anubis. Boadicée, Dame du Nord, Quilla, lune inca, reine des sacrifices, de tous les secrets perdus, je suis la détentrice.

Je fus combattante en Lucie Aubrac et Louise Michel, stratège en  Marie de Pologne et Aliénor la belle, artiste comme Camille Claudel et Georgia O’Keeffe sous son ciel de cannelle. On m’a vue miséricordieuse dans les souffles de Florence Nightingale et de Sœur Emmanuelle, j’ai tenu la plume d’Angela Davis et le pinceau brisé de Frida Kahlo avant de fermer les yeux de Marylin Monroe.

Je suis Albertine au pied cassé, Nzinga face aux négriers, Simone sous les barbelés, Olympe des égalités, Rosa de la révolution, Valentina dans l’espace, Agnès derrière sa caméra, Wu Zetian devant l’empereur.

Je suis moi

Je suis toi

Je suis elle

Je suis la femme.