J'ai quand même une petite envie de vous répondre quelque chose, Lydie : je m'en voudrais de laisser votre message lettre morte.
Le hasard veut que les mots que vous citez en exemple ne sont pas du tout ce (sic) qui me dérange (re-sic). Je veux dire qu'il y a plus d'une façon pour le français d'être contaminé par l'anglais, et ce n'est pas un avis de linguiste qui corrige qui que ce soit, juste un sentiment de francophone (qui s'étonne par ailleurs que vous puissiez décréter faux archi-faux - ça me fait drôle d'écrire ça sans virgule ni "et" entre "faux" et "archi-faux"... - le fait que je m'estime parfois aussi malmené que la langue française : où puisez-vous ce droit à nier mon sentiment ?)
La contamination qui me dérange est moins d'ordre lexical que structurel. Que notre lexique porte les traces d'allers-retours entre français et anglais vieux d'une demi-douzaine de siècles ne m'ennuie pas plus que ça et c'est même plutôt normal, il me semble. Là, vous avez bon, tout bon (vous voyez ?)
Je vous donne à mon tour des exemples - de ce qui me fait saigner les oreilles :
"Je reviens vers vous". Le problème, ici, c'est que la mutation ne remonte pas à 1300 ni même à 1950, mais à pas plus tard que ya pas longtemps* : l'invention de l'internet. Avec l'internet et ses logiciels de traduction, chacun est devenu traducteur et comme par ailleurs, il se trouve que notre culture "s'inspire" (je suis gentil) un peu plus de celle des États-Unis que de celle de l'ex-Mandchourie septentrionale, notre paysage linguistique se retrouve truffé d'approximatives traductions desquelles suintent le littéral et, parfois, le génie-même d'une autre langue, l'anglais (que j'adore par ailleurs). C'est devenu trop difficile de dire "Je vous recontacte" ?!
A propos de génie de la langue, un autre exemple : il y a quelques temps est apparue sur l'internet une vidéo qui a connu, paraît-il, un succès fou, intitulée en anglais "Charlie bit my finger" (une histoire de tout-petits). Croyez-le ou pas, toutes les traductions françaises que j'ai pu lire donnaient : Charlie a mordu mon doigt. Pas un seul "traducteur" pour se donner la peine de corriger les logiciels et faire une phrase - pourtant simple - en français : Charlie m'a mordu le doigt. Voyez, Lydie, à quel nombre d'années-lumière on est, là, de toute considération lexicale, historico-linguistique, dans cette contamination qui me fait pleurer. En moins de 25 ans (l'âge de l'internet, en gros), la façon de penser la langue a commencé à changer, au moins un peu, et je ne m'y retrouve pas, tout simplement.
Encore un exemple ? N'êtes-vous jamais désespérée qu'on vous demande "si vous avez apprécié votre expérience d'achat" ? Qu'on me demande si je suis content ou pas de ce que j'ai acheté, je m'en fous, mais qu'on me le demande comme à un Américain, ça me met hors de moi, je n'y peux rien.
Au plaisir de vous lire.
*Coluche (pour citer mes sources)