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UN PRINTEMPS UKRAINIEN (Catégorie 1 - n°1)

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20032023
UN PRINTEMPS UKRAINIEN (Catégorie 1 - n°1)

Par  @Garcia Alexis


Le calendrier dit
Demain lundi
Demain équinoxe de printemps
Demain à la place de maintenant


L'heure lente pleure
Que ne sonnent que vingt et trois heures
Il faut attendre
Il faut entendre
Que les minutes longues toutes meurent
On ne compte pas les secondes
Quand les canons grondent
Mais les battements de son cœur
Ou les souffles des enfants
Qui un peu apaisent la peur
Ou les pas dans la rue s'alarmant
Ou les abois d'hommes-chiens
Qui ne gardent presque plus rien
Qui à intervalle mordent le silence
Cet infini triste sans espérance


Dehors vacillent les lueurs
Dehors rôde Hiver encor
Qui aima d'Automne la mort
Il cherche âpre en la nuit
Ce qui sera le fruit
La première senteur
La première fleur
Où abattre son froid son néant


Le calendrier s'obstine pourtant
Demain on sortira
Demain on dansera
Demain demain demain
Se tenant par les mains
Par-dessus les joyeuses tombes
Et jouera gaiement un big band
Des airs d'anciennes liesses
Quand au ciel un formidable big bang
Aux multiples grosses caisses
Finira d'enchanter le monde


Alors on les aimera
En blanche ronde
Nos âmes drôles
Alors on les boira
Les larmes folles
De la Clepsydre de guerre
Alors on les comptera
De la première à la dernière
Qui soudain à toute trombe
Fleuriront
Faneront
Passeront
Ces choses
Ces roses
Ces lèvres noires
Ces embryons d'histoires
Qu'on désirera
Qu'on embrassera
Qu'on distendra
Tout ce qu'on pourra


On les comptera
Comme quelques sombres étoiles
Ajoutées à la hâte sur une toile
Comme on respire aux petits matins
Des vents brusques strangulatoires
On ne sait quoi presque atteint
Que peut-être gardera
On ne sait quelle mémoire
On les comptera
Et on en jouira
Tant que l'on pourra
Jusqu'en sa tombe
De seconde
En seconde
Les baisers des bombes


Dernière édition par DédéModé le Jeu 23 Mar - 19:10, édité 1 fois

Salima Salam aime ce message

Commentaires

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Une catastrophe au niveau du rythme et des rimes faciles. Quant au fond, bah, c'est (hélas) l'actualité...
DédéModé
Développez, je vous prie, Anna ; votre "commentaire" est irrecevable en l'état, pour défaut d'argumentation.
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Oops, excusez-moi, mon bon maître... :-)


Alors, vite fait, nous avons une première strophe qui s'articule en 1 vers de 6 syllabes, suivi d'un de 4, puis d'un de 9 et un de 10, je ne parle que du premier quatrain mais tout le reste est à l'avenant. Le rythme s'en trouve chaotique et rend le texte aussi musical qu'un concert de cor de chasse joué par des tibétains sociopathes pris de diarrhée frénétique. Voilà pour la forme poétique, inutile de s'y attarder davantage. Sur le fond, le français n'est guère mieux loti, nous avons un calendrier qui "dit" (depuis quand ce genre d'objet est-il doté de parole ?) des tentatives foireuses de s'affranchir de la grammaire (Il cherche âpre en la nuit) du remplissage pour les bègues (demain demain demain), je ne vous donne que quelques exemples pris au hasard tant le texte est truffé de maladresses. Bref vous l'aurez compris, un texte qui ravira sans doute les amateurs de mime (ne cherchez pas à comprendre^^) mais qui pour moi relève du ni fait ni fait à faire. Evidemment, le tout se dispense de ponctuation (autant parachever un tel chef-d'œuvre)



PS ! j'ai la dent dure ce matin (une fois n'est pas coutume), mais c'est lundi matin et le temps est dégueu...
DédéModé
Soit mais concernant le rythme, vous noterez que l'Auteur a choisi de s'en affranchir, en optant pour la Catégorie 1 : VERS LIBÉRÉS !
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Je suis d'accord, Dédé, mais cependant, libre n'est pas forcément synonyme de foutoir. (j'espère que l'auteur(e) ne va pas me lire^^).
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Pas d'accord avec toi, Anna. C'est pas le foutoir, ce texte. Ou alors Prévert, c'est le foutoir. Il écrivait souvent comme ça.
Et "le calendrier dit", pourquoi pas ? "Regardons ce que dit la météo ", "Que dit mon horoscope ?" sont des expressions courantes, non ?
"Demain demain demain" , moi j'aime bien, je vois pas où est le problème...
Je trouve que tu cognes un peu fort, mam'zelle. Tu t'es pas assez dépensée à la salle de boxe ?😊
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Bon, "l'heure lente pleure", ça fait un peu "le téléphone pleure" de Cloclo...
"Qui aima d'Automne la mort", vaudrait mieux "Qui d'Automne aima la mort"...
"étoiles" et "toile", la rime a beaucoup servi, mais c'est comme " arbre" et "marbre", ou " ténèbres " et "funèbres", on y revient toujours...

Dernière édition par Jihelka le Lun 20 Mar - 10:37, édité 1 fois
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Je l'avais dit que j'avais un peu chargée la mule à cause de la météo^^

Bon à la relecture, je me dis qu'au mieux, on pourrait peut-être rouler ce poème (en est-ce un ?) pour en faire un cornet à frites... 

Plus sérieusement, l'intérêt c'est que justement, toi tu y aies trouvé ton plaisir (et sûrement d'autres lecteurs) parce que tu connais l'adage, les goûts et les couleurs...

Quand ça ne me plaît pas (et c'est assez rare, je suis plutôt bon public) j'ai tendance à grossir un peu le trait.
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Moi qui aime écrire en rythme, paradoxalement, j'aime bien le vers libéré mais pas entièrement, avec quand même des assonances,
des rimes à certains endroits, cette irrégularité de la forme ne me gêne pas.
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Pour une fois que je reste manger à la cantine... Eh bin, c'était pas bon ! En revanche, j'aime aussi beaucoup les assonances !
Salima Salam
Printemps ukrainien est un long poème de 73 vers repartis inégalement sur 6 strophes (4, 15, 8, 11, 20, 15).
Chaque strophe représente une unité de sens, 
*la première est une sorte d'introduction qui pose deux axes de cette pièce : l'espace et le temps, 
*la deuxième décrit une veillée à l'intérieur d'une habitation pendant la guerre, 
*la troisième ce même laps de temps mais de l'extérieur et l'hiver y est synonyme de guerre, 
*la quatrième est très particulière et décrit l'espoir de ce que pourrait être un après-guerre euphorique, 
*la cinquième développe la précédente jusqu'à la pousser dans des images étranges et inquiétantes, 
*la dernière parle de faire le deuil de tous ceux perdus au cours de cette guerre. 

Les champs lexicaux qui s'entrecroisent tout au long des vers sont ceux du temps, de l'espace et de la guerre. 

La perspective est celle du peuple ukrainien resté dans son pays, subissant et attendant la fin. Ce traitement dénote une grande capacité d'empathie de l'auteur d'après moi. Le "on" ici a valeur très générale de "nous" ou "ils", mais sans l'aspect restrictif du "nous" et sans la connotation étrangère du "ils". Strophe deux pointe par de petits détails ce qui contribue à la peur (les bruits et leur absence), ce qui rassure (la respiration des enfants), etc., comme si l'auteur y avait été présent physiquement. 

Cette pièce est irrégulière dans la longueur des vers, elle présente de nombreuses rimes suivies, et des assonances et allitérations. Je remarque le :
"De seconde
En seconde"
... où un mot rime avec lui-même, chose interdite depuis Boileau, et ici appliquée avec grand art : on entend l'harmonie imitative du tic tac du temps, on imagine la régularité des bombes qui tombent. Beaucoup de parallélismes servant des énumérations. 
Une remarque sur le vocabulaire : dans l'ensemble simple, avec quelques mots rares : clepsydre, strangulatoire, le curieux big band. Idem pour la construction grammaticale : ex v9.

Plusieurs images que je ne comprends pas : "distendra", image bizarre, qui évoque pour moi repousser les limites ou bien une grossesse, les lèvres noires sont pour moi celles des morts, mais je ne suis pas très douée pour interpréter ce genre de choses. C'est une situation où je me dis que le style de l'Auteur est trop différent de ce que je connais pour que je puisse dire "ici c'est pas assez", "ici on devrait changer un détail"... et il ne me reste qu'à prendre le tout comme il vient. 

Je trouve que la deuxième moitié du poème est pleine d'oxymores, pas au niveau du vocabulaire directement, mais plutôt dans les idées : tombes joyeuses, jouir des baisers des bombes, sombres étoiles, enchanter le monde... Et ça produit un effet très très triste, où le lecteur sent bien que même une fois la guerre finie, il restera des blessures trop profondes pour permettre une vie normale à nouveau, et où la folie semble prendre le contrôle sur les esprits et la perception de la réalité.

La pièce dans son ensemble exhale les sentiments contradictoires ressentis dans la situation d'occupation. Le manque d'espoir et son contraire, l'envie d'en finir et l'impuissance de l'individu, la quête du bonheur et la destruction par la guerre qui empêchera de le trouver. 

J'ai beaucoup aimé.

DédéModé et Mila aiment ce message

Fantine
Cette poésie sans ponctuation est comme un souffle, comme des pensées qui commencent dans la description matérielle, se poursuivent en fantasmagorie et s'achèvent dans la mort.

DédéModé aime ce message

DédéModé
Le printemps est ici davantage la métaphore de la paix retrouvée.

1.
« Le calendrier dit », mais il ne dit – hélas ! – que le cycle des astres, pas celui de la folie des hommes.
Et bien qu'on sache que son invocation reste sans effet sur elle, on ne peut s'empêcher d'espérer en « Demain » le retour d'hier.

2.
« L'heure » présente, elle, est à la terreur, et on l'égrène, terré, sans avoir rien d'autre à faire qu'« attendre ».
Tous les bruits qu'on perçoit du dehors, où la destruction est partout, sont inquiétants. Et le silence qu'ils entrecoupent, « Cet infini triste sans espérance », est pire encore. Alors on se concentre sur ceux du dedans : « battements (du) cœur », « souffles des enfants ». 

3.
« Dehors », c'est la guerre, « Hiver » sans lumière, qui succède au temps d'avant, « Automne », où grondait sa menace. « Hiver » qui voue à la destruction le moindre signe de vie renaissant, et qui dure...

4.
Il finira bien, « pourtant », car toute chose a une fin, et « Demain », à force d'incantation – du moins persiste-t-on à le croire –, sera le jour qui succèdera à sa nuit. Alors, même les morts seront conviés à la fête, tandis qu'« au ciel » clair remplaçant les plafonds des caves, des feux d'artifice éclateront partout à la place des bombes.

5. & 6.
« Alors » on aura versé la dernière larme et on pourra dresser le bilan de la guerre, pour que la vie reprenne, avec d'autant plus d'enthousiasme et d'empressement qu'on aura connu le pire des malheurs.

Voilà résumée une lecture de ce texte qui dit la guerre mieux que bien des documents factuels, puisqu'il nous la fait ressentir intimement, ainsi que l'insubmersible espérance de ceux qui la subissent, et en sortiront plus forts, et grandis.
DédéModé
Il me semblait avoir lu « Il faut attendre », encore, au vers 8...

Pourriez-vous nous parler de ce texte, Alexis – de sa forme, surtout ?
Son interprétation par Salima est-elle la bonne – notamment concernant les strophes 5 et 6 ?

Garcia Alexis aime ce message

Garcia Alexis
Bonjour à tous,

Parler de sa propre oeuvre est entreprise délicate. Personnellement, j'aime assez le biais de la genèse.
Je suis fortement occupé et préoccupé de ce qui se passe en Ukraine. Evoquer le printemps par le prisme de la guerre a été une évidence. Les premiers vers de la première strophe sont venus aisément, tels quels. C'est là le cadeau de la "muse". Paul Valery (dans une de ses "Variétés") a merveilleusement défini cette particularité du poète qui se voit offert l'entame du poème. Le rythme était dès lors donné : des unités métriques relativement courtes. Pour signifier quoi ? La fuite du temps bien sûr. Mais aussi sa brutalité. A fortiori en période de guerre. Plus le vers est court, plus la fin est ressentie comme potentiellement imminente. Plus aussi l'homme émotionnel tente de distendre le temps, c'est-à-dire d'élargir la perception de l'instant, seule manière humaine d'atteindre une "éternité". C'est ce qu'évoque les dernières strophes, non pas la fin de la guerre, mais une parenthèse, celle d'un baiser, qui a la fugacité de la fleur et la permanence du souvenir intime, mais où quelques secondes fusionnent. C'est là enfin qu'est le pouvoir incantatoire du Verbe du poète, à la fois écho et semence d'"Eternel". 

Merci à vos commentaires ambitieux et pertinents qui sont des fragments lumineux de cette "Eternité" !

Salima Salam et DédéModé aiment ce message

Salima Salam
En cette période, votre pièce me revient en mémoire. 
Ici, là-bas, tant de massacres. Ceux dont on parle et ceux qu'on tait.
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