Le Bastringue LittéraireConnexion

L'Adresse où parler Littérature et para-litté-raturer prose et poésie.

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Sur la route de Ouargla

—    Ah, saloperie de putain de vent, et ce sable, ce sable ! Putain, ce sable dans la gueule, ça fait mal ! J’y vois que dalle ! La bagnole ! Je vois pas la bagnole ! Ah, là ! La portière ! Putain de vent, j’arrive pas à ouvrir la portière ! Rémi !
 
[size=16]Elle parvient finalement à ouvrir la portière et monte dans la Land Rover.[/size]
 
—    

Le coin

Ici il faut se battre pour obtenir un coin. Selon comment est calée la tête, certains coins sont plus accessibles que d’autres. Celui que j’ai le mieux me demande juste à tourner la tête à gauche et la baisser un peu : il entre dans mon champ de vision sans trop d’efforts. Mais il ne présente pas beaucoup d’intérêt. Ça va vous faire sourire, mais mon coin est tellement triste que des fois je le fixe longtemps, très longtemps, en me disant que peut-être en fermant les yeux d’un seul coup après avoir regardé très longtemps...

Quand le diable s’en mêle

Victor est grand et large d’épaules, sa quarantaine musclée porte un visage imposant, une mâchoire large, un front haut et des yeux clairs qui cherchent l’horizon. Victor en a fait fuir plus d’un sans lever un petit doigt. Lui qui ne ferait pas de mal à une mouche.
 
Ce matin-là, il est à une terrasse du centre ville en train de boire un café, quand lui vient une idée étrangère, une idée emprunte du mal qu’il n’a jamais fait, ni à une mouche, ni à...

Invasion

Depuis que j’ai rencontré Pépette, quelque chose a changé. Je ne saurais dire quoi, mais c’est une certitude : je ne suis plus pareil. J’aimerais pouvoir être plus précis mais je ne peux pas. Elle et moi avons parlé de peu de choses, après tout, et pourtant en partant je ne pouvais plus parler à proprement parler, ou presque plus. Palpant mon pouls en priant pour que mon palpitant pompe au pas, je n’ai pas pu prier plus, happé par un pipi pressant. Et puis parti, appelé par maman : pu d’papa.

Ab-sens

[size=13]Tu ne lis rien, ces mots sont illusion.[/size]
[size=13]Je n’écris rien, ces mots sont illusion.[/size]
 
[size=13]Je forme des formes censées porter du  sens mais au plus profond de moi, je sais l’absence de sens. Le réel de façade, cette encre sur le papier, ces pixels sur l’écran, ne sont que ressemblance avec ce que je veux te dire. Il importe que nous ne soyons pas dupes. De loin, nous...

Le poète et la glace

Un poète se regardait dans la glace. « Je veux écrire un poème qui soit aussi beau que je suis laid. » Il écrivit un poème en peu de temps et le soir-même le déclama quand vint son tour au Théâtre du Quartier. Le poème fut très applaudi. Sortant de la scène, le poète tomba nez à nez sur sa Muse qui le remercia. Il rougit.

Sonia

1,69 m de beauté et dans les yeux de Sonia un acier bleu gris, nuance claire. Elle tient de ses origines à moitié ukrainiennes ses pommettes hautes et saillantes. Autre détail à la russe, ses yeux sont un peu en amande. Ses cheveux sont d’un blond qui fait d’elle une presque rousse, selon la foi qu’on y mettra. Ces cheveux tombent droit, lisses, tout simplement. Sa peau est aussi blanche que la robe du pape et des taches de rousseur la font plus pâle encore. Sa bouche est petite, ses lèvres sont fines.
 

Le lien

J’ai tissé du lien avec ma propre image et j’ai trouvé en moi des choses qui faisaient écho à ma résilience. Ainsi j’ai pu rebondir et me retrouver. L’absence de Philippe, parce qu’elle ne m’a pas tuée, m’a rendue plus forte. Sur le modèle d’une nouvelle Frida Kahlo, j’allais dire, je me suis retrouvée en capacité de faire bouger les lignes, mes lignes. En n’hésitant pas à remettre en question ce qui passe d’ordinaire pour immuable, je me suis forgé une identité non parcellaire mais...

Quelque part à l'Est...

Morts du vieux cimetière depuis longtemps à l'abandon, 
ne se penchent plus sur vous que les herbes folles et les 
fleurs sauvages. Entre vos sépultures verdies de mousse,
des animaux gambadent, furètent ou se pourchassent, 
troublant à peine le silence. Le si long silence. Et le temps 
suit son cours, indifférent aux histoires des hommes.
Parfois, pourtant, se profilent sur vos stèles les ombres 
d'une autre espèce d'herbe folle, d'une autre sorte de fleur 
sauvage. Herbe empoisonnée. Fleur vénéneuse. Mauvaise 
graine germée parmi les humains. C'est...

Chaleur

[Après un départ qui avait tout de définitif et une absence de plusieurs mois, je me permets de revenir poster ce petit texte. J’espère que personne n’y verra d’objection]

Le jeune homme descendit du train vide et posa sa petite valise sur le quai, le temps de secouer autant que possible sa chemisette et l’aérer pour se donner de la fraicheur. Le train ne tarda pas à se remettre en branle et le laissa là. Le jeune homme entreprit de chercher un employé de la gare pour le mettre sur le chemin de l’adresse...

La vague

[size=16]La vague, surmontée de son chaos d’écume et accompagnée de son tonnerre incessant, s’avançait vers moi et je l’attendais dans une joie paroxystique, mes pieds s’enfonçant dans le sable détrempé, ce sable dont les grains sont plus gros et plus ronds, ici, sur le rivage, que sur la plage. Je savais mieux que tout le monde que la vie n’était que lumière et douceur et chaleur, et chaque plongeon dans la vague assourdissante me le confirmait. Le bonheur n’avait pas de limite et j’étais bien placé pour...

Par un après-midi ensoleillé (drabble)

Tu voulais pas de cérémonie religieuse. Alors, les gars 
des Pompes Funèbres ont installé une sono près du trou. 
Question décibels, ils y sont pas allés de main morte, si
je puis dire. C'est Sylvie qui a choisi Gabin et Nolwenn Leroy.
Le boucan sur le coteau ! Tout le populo des alentours y a eu 
droit, au programme musical. Dans le cimetière voisin, on
enterrait aussi. Je suis pas sûr que le cortège ait apprécié
"Maintenant je sais" et "Tri martolod". Cinq ans déjà.
Papa, t'es parti brusquement, j'ai pas eu le temps de te dire...

En rêve

[ltr]Quelques nuits en arrière j’étais en rêve Irène, majestueuse, magistrale à couper le souffle, magnifiquement théâtrale avec son regard et sourcils sombres dans Zorba le grec.


La suivante j’étais la jolie Angela à deux doigts de renoncer à ses vœux pour un vaillant marine sur une île du Pacifique.


Puis je devins la douce Marlène dans un jeu troublant avec l’imposant Charles Bronson.

Cette affaire (drabble)

Cette affaire me regarde.
Elle me regarde même drôlement, cette affaire.
Elle me regarde d'un air ! Un air qui veut dire :
ne te mêle pas de moi. Tu ignores à qui tu as affaire.
Je suis un vrai sac de noeuds.
Okay. Alors, qu'un autre s'occupe de mon affaire.
Quant à moi, puisque je n'ai rien à faire, 
je vais m'occuper de cette affaire-là, 
qui ne me regarde pas, mais qui a l'air 
d'une affaire sympa...
Vous permettez ? J'en fais mon affaire...
Hein ?... Non ?... Comment ?...
Ah, j'aurai affaire à vous...

Festival de têtes

Une tête d'enterrement sous la pluie, un jour gris de novembre,
et par un froid de canard.
*
Une tête d'inquisiteur à crécher dans une maison sur piloris.
*
Une tête à mourir non pour ses idées mais pour celles des autres.
*
Une tête à se prendre les pieds dans le tapis même quand il n'y a
que de la moquette.
*
Une tête à prendre les trains en marche et à vous prendre pour
un marchepied.
*
Une tête à ne pas passer l'hiver et à être encore là au printemps,
rien que pour emmerder ses héritiers.
*
Une tête à n'être pas...

Un après-midi sans Pauline Lambert

Chère Pauline Lambert, qui animez de votre douce voix
les après-midis de Radio Classique, la radio des mélomanes
à cheveux blancs et à rhumatismes ; vous le rayon de soleil
dans la grisaille de nos jours, le brin d'herbe tendre parmi
l'asphalte de nos idées noires, l'oasis de fraîcheur dans le
désert de notre ennui, cinq jours sur sept - puisque vous
nous abandonnez le week-end - nous vous attendons.
Nous vous attendons comme l'auditeur de "Tosca" attend
le "Vissi d'arte", celui du "Messie" l'"Hallelujah", et celui de
la Neuvième l'"Ode à la joie". Nous...

Le trèfle à quatre feuilles

Aux deux tiers du livre se trouvait un trèfle à quatre feuilles et à dentelle, grignoté par la pluie, le vent puis les années. Une main l’effleura de ses yeux pétillants. Des souvenirs le déplacèrent, le cœur parsemé d’émoi. Fragrance de jasmin, effluves de douceur émanèrent de quelques mots écrits à l’encre magique ‌"Tu es mon unique amour". D’un visage d’hier parvinrent des instants de bonheur puis des pensées douloureuses, son cœur chavira. Se relevant dignement le vieil homme se dit ‌"hier...

Ainsi parlait Casimir (drabble)

Casimir Liton, auguste membre du Cercle des Poètes Disparates, parlait ainsi :
"André Breton avait-il un chapeau rond? Aimé Césaire faisait-il des vers blancs ?
Est-ce qu'il a fallu beaucoup de temps pour que Saint-John perce ? Combien pesait
Guillaume Apollinaire, au calligramme près ? Je n'en sais rien. Je sais seulement que,
si René Char avait été d'assaut, je ne lui fus pas arrivé à la chenille. Quant à me comparer 
au cher Francis Ponge, je suis flatté, mais ne mélangeons pas les torchons et les serviettes.
Je suis le torchon, et la serviette est Ponge."

Un matin parmi d’autres

Enclavés dans un tas de chair, incommodés par les caresses pressantes, le désir et le regard amoureux de leur maître, ils soupirent, expirent des râles tièdes et humides en provenance des profondeurs. La désespérance transparaît dans leur cicatrice, celle-là même qui les enfanta. L’un d’eux un jour se rebella. Son possesseur perdit toute splendeur mais très vite se ressaisit. L’infortuné se terra, soumis à nouveau à tous les caprices du seigneur.
 
J’admire mon nombril dans le miroir, embrasse mon reflet et pars m’habiller. C’est vraiment le...

Pour faire le portrait d'un oisif (drabble)

Pour faire le portrait d'un oisif, peindre d'abord un canapé, ou un transat s'il fait beau dehors,
et attendre que j'y sois confortablement installé, prêt à garder longtemps la pose, en rêvassant
ou en bouquinant. Je peux poser nu, mais je garde mes chaussettes.
Peintre, j'aurais aimé peindre comme Renoir. Ou plutôt : comme Renoir, s'il avait peint dans le
style de Watteau. Mais un Watteau qui eût subi l'influence de Rembrandt. Le Rembrandt des
jeunes années, celui qui regarde encore vers Le Caravage.
De toute façon, j'aurais laissé tomber pour la poterie.

Jumelles

Jumelles

       Il m’a dit que c’était pas possible, et quand j’ai commencé à insister, j’ai cru qu’il allait se mettre en colère.
       Je ne comprends pas bien. Qu’est-ce qui n’était pas possible ?
       Que je l’essaye !
       La brosse à dents ? C’est...

Sans flash

Sur un clic-clac défoncé qui empestait le mauvais alcool, elle s’évadait, s’épuisait les yeux sur un écran aux irisations bleues, s’écorchait les doigts sur un clavier ébréché, lançait des appels, attendait qu’on lui tende la main, en vain. Après l’amour et le désamour elle s’enfonçait dans la haine, se perdait en rêves inutiles, priait pour oublier sa triste réalité.
 
À force de clics clics clics, de clacs clacs clacs, elle en eut sa claque,...

La forteresse

Je traverse de hautes herbes, emprunte un chemin. Celui-ci s'enfonce dans la pénombre de la forêt. J'ouvre grand mes yeux, oreilles et narines. La végétation, sur ce sol humide, est abondante. Des plantes aux éclats rouges et blancs, aux formes et parfums variés suivent mes pas. Les feuillus m'observent dans le bruissement de leurs branches. Les oiseaux m'offrent un concert étonnant, entrecoupé de silences dont ils gardent le secret.
Le sous-bois fleure l'humus et les champignons....

Sur le toit du monde (drabble)

Bravant la neige qui tombe dru, il grimpe. Qu'importent les flocons pourvu qu'on ait l'Everest.
Il grimpe, en se remémorant la parole du prophète : "Tu iras voir là-haut si j'y suis, et ne m'y
trouveras pas, car celui qui prêche dans le désert n'est pas sensé aller se répéter en altitude
pour choper la crève."
Il l'a fait : il a vaincu l'Everest. Debout sur le toit du monde, il contemple ce paysage grandiose,
ce panorama mythique. Et soudain, il sent monter en lui un irrépressible, un irrésistible désir :
voir la mer.

Des auteurs attendent nos commentaires pour le concours n°3 (rondels & cie)

Bonsoir à tous,


Il me semble que la date limite pour les commentaires des textes du dernier concours (le n°3), avant de passer aux votes, est pour bientôt.


Ce sera sympa de prendre un peu de temps pour venir commenter quelques textes ces jours-ci.


Je pense que tous les auteurs, qui ont donné le meilleur de leur plume, attendent nos appréciations et je pense...

Agathe

Un carreau blanc, un carreau rouge.
 
Agathe troque le blanc pour le rouge, plus élégant.
 
Assise sur les toilettes, la fraîcheur de la faïence parcourt ses pieds nus, mollets et cuisses.
 
Elle frissonne.
 
Le carrelage si disgracieux devient esthétique.
Les lignes s'animent, se courbent et se cambrent.
 
Le regard d'Agathe s'envole, son imagination s'affole.
Sa main s'ouvre.
 
La lame tombe au sol.
 
La tiédeur vermeille de sa sève recouvre les carreaux blancs.
 
Elle sourit, elle a tué sa vie de chiotte.

Pépé (drabble)

Sur son lit d'hôpital, Pépé attend sa dernière heure. Il attend résigné.
Il y a deux ans, la faux est passée tout près mais Pépé, qui pratiquait
la boxe dans son jeune âge, esquiva en souplesse. Manque de bol,
le coup de faux, c'est Mémé qui l'a pris. Sans elle, la vie lui pèse. 
Aussi, la camarde peut revenir, cette fois, Pépé, il esquivera pas.
En attendant, il clame aux toubibs et aux infirmières : "Je crois en
Dieu et à la résurrection. Si jamais on m'a menti, je vous garantis
que le ciel va m'entendre !"

Célestine

Des pétales de roses flottent à la surface du lac. Cristallisées, irisées, des lèvres ébréchées restées trop longtemps dans le froid, tournées vers un soleil sombre.
L’onde se plisse et accueille de longues rides fines teintées de nuit sans âge.
Le silence s’efface, les loups rodent sur la berge, flairent un corps inanimé.
Il y a plus de cinquante...

Leb (drabble)

Il y a, bien loin d'ici, un village nommé Lékiosk. Ses habitants sont très pauvres,
mais pour eux, chaque année, à Noël, un miracle se produit. Ce jour-là, en effet,
paraît sur la place, venu d'on ne sait où, un dromadaire chargé de victuailles et
de cadeaux. Les villageois l'appellent Leb, ce qui, dans la langue du pays, signifie :

Ciné (drabble)

On n'avait pas encore la télé. Le meilleur moment de la semaine, c'était le ciné du samedi soir.
Au balcon, de préférence. Les films en cinémascope. L'esquimau à l'entracte. Mon meilleur souvenir :
"Alamo" ! John Wayne... Les jours suivants, j'étais Davy Crockett, et sur l'escalier de l'oncle Henri, 
devenu rempart de la mission Texane, je vendais chèrement ma peau.
Elles sont loin, les années dorées. Il est loin, mon Far-West. Je ne passe plus souvent Cour Beaulieu.
Le royaume de mon enfance a perdu son charme et son escalier. Le cinéma est fermé.

Point à la ligne

La voilà, ce matin encore, grimée d’un rictus amer. J’examine son visage, ne le reconnais pas. Des sons rauques affluent de sa gorge, explosent à l’air en cris saccadés. Les ongles nourris de sa hargne crissent sur le bouclier, lacèrent mon échine, transpercent mon cuir en autant de pics vengeurs.
Que veut-elle, affirmer son territoire, m’envahir et se terrer comme une bête ?

Entre brume et brouillard

[size=12]Entre brume et brouillard, un renard croque un loup. La bête en sang s’agrippe à mes mollets, s’élève lentement, embrasse mes pommettes. Je ris, je pleure et l’aquilon m’emporte vers le sommet d’un piton rocheux. Au bord du précipice un requin m’interpelle. Une hydre étêtée...

Il rêvait (drabble)

Il rêvait qu'il était le vilain petit canard qu'une fée changeait en crapaud.
Il rêvait qu'il avait des ailes, mais ne faisait que du rase-mottes.
Il rêvait qu'une poupée gonflable lui disait non.
Il rêvait qu'il trouvait sa place au soleil, en plein milieu du désert d'Atacama.
Il rêvait qu'une grosse moche lui courait après, et qu'elle le rattrapait.
Il rêvait qu'il lançait une bouteille à la mer. Une bouteille remplie de sable.
Il rêvait qu'on voulait bien de lui au Paradis, et qu'il se perdait en chemin.

Un virtuose (drabble)

Oh ! le beau concerto pour marteau-piqueur que l'on joue sous mes fenêtres, en ce matin de printemps !
Je suis véritablement charmé. Que dis-je, je suis émerveillé ! Le virtuose mérite les plus fervents éloges.
Ce Mamadou, ainsi que l'appelle le chef d'orchestre, ou de chantier, si l'on préfère, est d'une virtuosité
incomparable. Quel dommage que je ne puisse pleinement apprécier son jeu exceptionnel, et savourer
cette œuvre si exaltante, à cause du crétin d'en-face qui nous envoie la Neuvième Symphonie de Beethoven 
en poussant le volume de sa chaîne hifi au maximum !

L'imbécile heureux (drabble)

Il n'aurait jamais cru ça, l'imbécile heureux. Il n'a rien vu venir.
Par contre, il a vu sa femme partir. Avec un imbécile, mais un
plus jeune et plus dynamique. Du coup, il est resté tout seul,
l'imbécile désormais malheureux. Ils n'auraient jamais cru,
les autres, qu'il pouvait écrire des vers, lui qui s'est pendu à
son arbre préféré, avec ce quatrain épinglé sur sa veste :

                     Bien sûr, il n'y a rien derrière.
                  Pas de bonheur dans la lumière.
              Mais sous sa branche il s'en balance,
             ...

Le pierrier (drabble)

Là j’irai me blottir contre un tapis de feuilles

au bas de la colline où mon sang coule encore
sur la roche écorchée aussi vive que morte.


Mon vieux cœur transpercé par les hommes cupides

Le loser (drabble)

C'était un perdant. Il allait d'échec en échec comme l'abeille de fleur en fleur, le marin de port en port, 
l'ivrogne de bar en bar. Il n'avait rien du perdant magnifique : c'était le loser sans éclat transpirant la
défaite. On le surnomma "Échec et moite". Tour à tour employé médiocre, gérant exécrable et patron
catastrophique, il fut aussi le mari falot qu'une épouse quitte sans regret. Et devenu fou, il rata même
sa folie, se prenant pour Napoléon III "le Petit", comme l'appelait Victor Hugo, quand d'autres étaient
vainqueurs à Austerlitz.

Un retour

Tu sais ce que tu pourrais faire ? Non ? Si tu veux bien, écoute-moi, c’est la première chose que je te suggère. Il y a tant de chemins, il est normal que tu hésites. Suis-moi, prenons celui-ci.

Avance, vas-y, avance un peu. Tu vois, là, ce miroir, posé au sol, contre la souche ? Baisse-toi et regarde dedans. Oui, c’est moi que tu vois. Et attends, c’est loin d’être fini. Relève-toi, oublie le miroir et continuons sur ce chemin. Dis-moi, veux-tu me rappeler...

Tête à tête

Je
Je
Je
Je
Je me
Je me
Je me vois
Je me vois 
Je me vois
Je me vois
Je me vois, moi
Je me vois, moi
Je me vois, moi, moi-même 
Je me vois, moi, moi-même 
Je me vois, moi, moi-même, mon nombril
Je me vois, moi, moi-même, mon nombril et rien ne se passe, je me vois, moi, moi-même, mon nombril et rien ne se passe, rien ne se passe sinon que je me vois, moi, moi-même, mon nombril et je ne vois rien d’autre.
Toi ? Tu… ? Tu… tu veux…
Tu veux regarder…
Tu veux regarder…
Tu...

Tire-la-Tronche (drabble)

Le constipé de naissance. Le renfrogné congénital. Du lundi matin au dimanche soir, il tire la tronche.
Du premier de l'an au trente-et-un décembre, il tire la tronche. Môme, à l'école, on le quittait la veille
des grandes vacances tirant la tronche, pour le retrouver le jour de la rentrée tirant toujours la tronche.
Il a une rombière et trois lardons tiretronches. Tiens, quand on parle du loup..."Salut, Tire-la-Tronche !
T'as mauvaise mine. Mal dormi ? T'as fait un cauchemar, rêvé que tu chopais un fou rire ?" 
Et voilà ! Il tire la mégatronche !

Drabble "Sucre vanillé"

Je signale à la communauté qu'ayant découvert trop tard le concours drabble du Bastringue (il y en avait bien eu un, je ne me trompe pas ?), je m'étais promis d'essayer. Et bien m'en a pris : ces 100 mots (ou 101 ?) ont été couronnés micro du mois par le site nouvelles d'Harfang. 
Je vous mets le lien et vous reproduis mon texte. Avis critiques bienvenus !
http://nouvellesdharfang.blogspot.com/p/micro-du-mois_3.html

Sucre vanillé

Sororité

Sororité
 
Semence originelle transportée par les vents, ma mémoire a plus de siècles que l’océan. Je suis la fille et la mère de la fille d’avant, venue des étoiles en un tourbillon d’argent pour enfanter les Nornes et les Moires. En Eve qui mordit la pomme tentatrice, j’ai offert aux hommes l’apex et l’abysse avant de faire saigner le fils dans le calice pour que Milton pleure la perte...

Immortelle frustration (drabble)

Coincé entre quatre planches, le cadavre moche de Maurice Dugenou se décompose doucement. Mais son âme chagrine qui traîne dans le cimetière vient se pencher sur la tombe de François Lecador, son ancien voisin, et maugrée : "Vivant, il avait une plus belle femme que la mienne. Une plus belle situation que la mienne. Une plus belle maison que la mienne. Une plus belle auto que la mienne. Une plus belle garde-robe que la mienne. Mort, il a une plus belle sépulture que la mienne. Même ses asticots, je parierais qu'ils sont plus beaux que les miens. Salaud. Parvenu !"

Il y avait (Héloïse)

@"Thierry Lazer" ( le taguage ne marche pas, grrrr !) Au vu de tes talents de musicien, j'ai pensé à un truc. Une vieille prose que j'avais écrite suite au suicide d'une camarade de fac. Si elle te plaît et qu'il y a moyen d'un faire une chanson, tu as carte blanche pour la bricoler à ta guise :-)






Il y avait (Héloïse)
 
Il y avait dans tes yeux, une grandeur qu’on ne dit pas, dans tes paumes lisses, le silence des églises, sur ton nez, un peu de traces d’embarras, et sur tes lèvres...

Terminus

Je fais remonter ce post ici, en sachant bien que ce n'est pas sa place, mais en espérant qu'il sera encore visible (?) une fois que j'aurai fermé mon compte Bastringue Littéraire. C'est surtout pour les deux chansons sur lesquelles chante Patrick Dubreuil que ça m'importe.
Pour ce qui est des raisons de mon départ, ben...c'est que j'en ai plus que marre de perdre mon temps à lire les exigences de Dédé.
Je remercie de tout mon cœur Salima de m'avoir souvent, très souvent aidé et bien voulu héberger sur son site magnifique mes textes de débutant. On vient de se fritter bien comme il faut...

L’Evanescente

Comme le froid est toujours de rigueur et pour faire un clin d'œil à {@=66}Jihelka{/@}, j'ai retrouvé une vieille petite prose poétique sur la neige.
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En attendant la fin du concours de rondels, on ne réfléchit pas, on se souvient

Titre : ingénieur en résistance des matériaux
 
Le type sort de boîte, il est 2h du matin. Il rentre chez lui à pied, il connait bien ses rues, par cœur, même sans lumière. Arrivé rue Machin, il lui semble entendre comme un gémissement. Il s’arrête et tend l’oreille. C’est bien un gémissement qui provient de là-bas, à droite. Il y va, forcément, quelqu’un paraît bien mal en point. Trente mètres plus loin, vision d’horreur, inattendue : un homme au sol, un couteau planté dans le dos. Le gars se précipite, s’agenouille, se souvient qu’il ne faut...

La libraire, intérieur

Elle me fait chier avec ses Waterman, elle me fait chier… Qu’est-ce que j’en sais de sa commande Waterman, moi ? C’est son problème, qui c’est qui a voulu faire de la papeterie, hein ? Une idée à la con, ça, faire de la papeterie dans une librairie. Comme si c’était pas déjà assez merdique comme ça. Quelle conne. Ah et puis lui, il a l’air bien, tiens. Ah putain, non, j’y ai droit… Ah, non, il va… qu’est-ce qu’y fout ? Là, mon lapin, c’est la Pléïade, et je sais pas pourquoi,...

La libraire

J’ai demandé à la libraire si elle avait le nouveau testament. Elle l’avait, oui, et elle m’a montré le rayon où le trouver. Elle m’a même aidé à mettre la main dessus. Je l’ai pris et j’ai commencé à le feuilleter un peu. En même temps, du coin de l’œil, je regardais ce qu’il y avait d’autre dans le rayon, et j’ai repéré un autre testament, mais ancien. Et beaucoup plus gros que le nouveau. J’ai voulu comprendre, je l’ai ouvert au hasard et j’ai vu que la police n’était...

Le chef-d'œuvre

Grégoire, féru d'art mérovingien, s'affaire. L'atelier exigu suffit à contenir son matériel de damasquinure, son dos courbé par-dessus l'établi, ses mains fébriles à l'ouvrage. Sa production, elle, emplit son meublé mais rien ne peut contenir sa passion. Son cœur, son âme et son corps lui sont voués. Encore quelques coups de marteau et le bracelet sera prêt. Son chef-d'œuvre. Il comprend qu'il ne pourra rien créer de plus beau, cet objet est l'aboutissement de sa vie. Grégoire le tient dans une main, le caresse de l'autre dans une prière muette,...
 
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